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Critique de Lamifranz


En littérature comme partout, le mélange des genres est comme la langue d'Esope : la meilleure et la pire des choses. Vous en conviendrez avec moi, c'est une question de dosage : dans un roman policier historique, il vaut mieux qu'il ne soit pas trop historique, ni trop policier. « In medio stat virtus », comme disait l'autre (et il s'y connaissait), c'est-à-dire la vertu se tient au juste milieu. C'est un peu différent avec des genres comme le fantastique et la science-fiction, où l'imaginaire tient une plus grande place et laisse un peu plus de latitude aux auteurs et autrices, notamment parce que les lecteurs et lectrices sont moins exigeants côté plausibilité…
« C'était demain » est un bon exemple de mélange des genres réussi L'auteur, Karl Alexander (1938-2015) est un romancier et scénariste américain, dont « C'était demain » (1979) est le principal succès (adapté au cinéma la même année)
Nous sommes en 1893, à Londres. H.G. Wells n'a pas seulement eu l'idée, pour un roman, de la machine à voyager dans le temps, il l'a vraiment réalisée. Mais avant même de l'utiliser pour la première fois, elle lui est subtilisée par un de ses amis, Stephenson (qui n'est autre que Jack l'éventreur) qui met le cap sur l'année 1979. Après avoir largué son passager dans le XXème siècle, la machine revient à son point de départ et Wells se lance à la poursuite de l'Ennemi public n°1. S'ensuit une course-poursuite dans les rues du Londres de 1979, insolite pour nos deux héros, car ils doivent s'adapter en quelques heures à un nouvel environnement physique, culturel, technique, économique, social, bref un autre monde, que même lui, Wells, inventeur de la science-fiction, n'avait pas imaginé ! A la fin tout s'arrange, et Wells en plus de la gloire, trouve l'amour. It is a fair life, isn't ? (Elle est pas belle, la vie ?)
L'intérêt, et pour tout dire le charme et l'attrait de ce roman, réside précisément dans le mélange des genres : c'est un roman victorien (fin du XIXème siècle), policier (la saga de Jack l'Eventreur), fantastique (la machine à voyager dans le temps), d'anticipation (arrivée au XXème siècle), thriller (la course-poursuite) et même romance (la délicieuse petite Amy) …
La confrontation des cultures devient même jubilatoire quand notre héros doit faire face aux exigences de la vie moderne (moderne pour nous, mais pour lui c'est carrément de la science-fiction). Il doit s'adapter aux nouvelles techniques, bien obligé) mais aussi aux nouveaux modes de vie dont le plus étonnant est la place de la femme dans la société (façon pour l'auteur d'expliquer comment Wells est devenu féministe).
Ce mélange des genres empêche le classement de ce roman dans un genre particulier, il n'est d'aucun des genres indiqués plus haut et il en est de tous. Il faut donc lire ce roman comme un conte de fées moderne, sans y chercher autre chose que ce que l'auteur nous propose, et qui est déjà beaucoup.
Seul petit bémol (très léger) : la mollesse du personnage principal que l'on aurait souhaité un peu plus vif. Mais d'une part, c'est peut-être voulu par l'auteur, et d'autre part c'est une réflexion qu'on se fait généralement après avoir vu le film, qui corrige un peu cet aspect de l'histoire.
Le film « C'était demain » (Time after time) réalisé en 1979 par Nicholas Meyer est une adaptation très fidèle (les différences avec le roman sont tout à fait minimes), en plus musclé, plus spectaculaire (effets spéciaux oblige), les acteurs (Malcolm MacDowell, David Warner, Mary Steenburgen) sont épatants, on passe un très bon moment de cinéma.
Alors n'hésitez pas lisez le livre et payez vous le film. Vous ne regretterez ni l'un ni l'autre et vous serez conquis (et conquises) par les deux.


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