AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Allantvers


Une fois encore, après la découverte du bouleversant "La fin de l'homme rouge", je suis subjuguée par le travail de Svetlana Alexievitch et cette façon si singulière et paradoxale de s'effacer tout en imprimant sa présence, tant au plan littéraire à travers une ré-écriture quasi invisible et pourtant évidente des propos collectés dont elle parvient à rehausser la portée émotionnelle tout en maintenant la spontanéité, qu'au plan humain car, toute effacée et muette qu'elle soit dans ses textes, seuls une réelle empathie et un respect véritable peuvent faire émerger autant d'authenticité dans les témoignages.

Bouleversant, "La supplication" l'est tout autant et va même plus loin car au-delà de la tragédie humaine et écologique vécue au plus près de Tchernobyl, dans des proportions épouvantables pour certains et en particulier les enfants et les "liquidateurs" envoyés en toute opacité sans protection sur le site pour circonscrire le sinistre, c'est le caractère universel de la catastrophe nucléaire que l'auteur a su faire ressortir de ces témoignages, celle qui dépasse l'entendement humain et la capacité d'appréhension de la présence au monde face à cette présence invisible et létale dont les conséquences seront ressenties jusqu'à des centaines de milliers d'années.
Militaires, veuves, paysans, ingénieurs, tous témoignent d'une souffrance infinie, qu'elle soit encore à fleur de peau dix ans après les faits ou profondément intériorisée. Prises ensemble, ces voix forment une cohorte de morts vivants psalmodiant ou hurlant une complainte terrifiante, et pourtant si humaine.
Un livre indispensable.
Commenter  J’apprécie          377



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}