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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Littérature documentaire. Premier point impératif à comprendre pour cette lecture : ce n'est ni du journalisme, et donc des interviews rapportées mots pour mots, ni de la littérature romancée. C'est une sorte de mélange des deux : l'auteure réécrit les interviews de veuves, de mères en deuil, de soldats partis pour ce qu'on pourrait appeler la "Première Guerre d'Afghanistan". le genre de cette littérature n'est pas évident, mais on constate que le style (et donc le remaniement des interviews) est très bon, les monologues sont écrits avec une finesse d'écriture certaine. Voilà pour l'aspect "artistique". Maintenant, la structure du livre est assez pénible : "l'oeuvre" en elle-même ne fait que tout au plus la moitié de l'ouvrage, le reste est en préfaces, écrits pré et post-travaux ainsi que la narration du procès. C'est clairement trop long bien que tout à fait indispensable sur certains passages notamment pour l'explication de l'Institut quant à la notion de littérature documentaire. Pour résumer, il y a donc de multiples niveaux de lecture : d'abord la "puissance de prose", artistique, est vraiment bonne, les monologues sont bien écrits, poignants, presque lyriques parfois. Ensuite l'aspect "documentaire" : on relate ici une défaite d'un pays surpuissant dans les mentalités des habitants. Et forcément, cette défaite ne sera pas assumée par le pouvoir. D'où l'amertume. Cependant, la notion de "vérité" exposée plusieurs fois dans le livre à des niveaux presque mystique (en citant les Ecritures) est-elle la "vraie" raison de cet exposé littéraire ? Car quoi ? Quelle puissance en cas de défaite militaire va-t-elle rendre compte ? Il est deux fois mentionnée le cas du Viet Nâm dans les soutiens au procès, mais je pense que c'est plutôt court et mal exposé : dire que les américains ont rendu leurs médailles après avoir compris c'est tout de même très faux. Comme si cette première guerre d'Afghanistan (du XXe) était une honte à nulle autre pareille... Je ne puis que penser à la Guerre d'Algérie pour nous autres Français. Franchement, un livre fait dans les mêmes mesures sur les "événements" d'Algérie rendrait probablement le même résultat, peut-être pas jusqu'à un procès mais cela engendrerait beaucoup de remous. Feu mon père, appelé en Algérie, a eu de terribles cauchemards de guerre au moment de rendre son dernier souffle en 2021. On n'en parlait peu, mais je sais que sur bien des aspects ce qui est écrit dans les Cercueils de Zinc s'est passé là-bas aussi. Donc après l'aspect "artistique", l'aspect de "vérité", qu'en est-il de ce conflit en lui-même ? La manière dont on lit dans ce livre que c'était une guerre absurde, une guerre horrible, honteuse, est-ce réellement le cas ? le casus belli n'était-il pas le soutien d'un peuple "aux idéaux démocratiques" à un autre ? le fondamentalisme des moudjahidines ne devait-il pas être combattu ? Vaste problème... Surtout à l'heure de ces lignes début 2022, un peu plus de six mois après un nouvel avènement d'une nouvelle génération de Talibans en Afghanistan. Donc une guerre absurde cette intervention soviétique ? Etait-elle plus absurde que l'intervention américaine au Viet Nâm ? Plus aburde que la Corée ? L'indochine ? L'Algérie ? Et que dire du financement des moudjahidines par Carter quelques mois avant la mobilisation soviétique ? N'est-ce pas un crime contre l'humanité que d'avoir subventionné un groupuscule "anti-démocratique" ? Or l'Histoire est écrite par les vainqueurs. Et l'inverse se nomme Vae Victis. Evidemment les guerres racontées dans le cadre d'interviews (romancées ou non) donnent et donneront toujours cette vision de boyaux à l'air, de cul-de-jattes, de viols, de prostitution, de drogues, de meurtres de civils (ou d'animaux, absurdement). En France, encore, on a sans doute une vision encore très romanesque de Napoléon, du moins de ses campagnes victorieuses. Mais combien de viols, de meurtres "sous couvert de guerre" ? J'ai été officier instructeur en géopolitique. J'ai connu des camarades morts au combat dans des guerres sans doute encore plus absurdes que la guerre soviéto-afghane. Et que dire à leurs enfants ? Ton père est mort pour ... la Patrie ? Alors certes, la différence se pose dans les guerres avec conscription ou non, ceux que j'ai connu qui sont morts en opération n'étaient pas appelés. Mais la France pourra-t-elle mieux justifier la mort en 2006 du père d'une petite fille qui avait un an ? Ce livre est pacifiste, c'est à nouveau bien écrit. la reconnaissance internationale est là. Maintenant il y a tout de même un aspect "auto-flagellation" qui me semble très "âme russe" (ou soviétique, biélorusse). J'ai lu, j'ai découvert un genre littéraire. Maintenant, ce sera sans doute le seul et unique livre de ce genre que je lirais de ma vie.
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