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Critique de motspourmots


Pour aborder ce premier roman plutôt original, mieux vaut laisser son esprit cartésien au repos et accepter le postulat de l'auteur qui prend grand soin de ne pas tomber dans la science-fiction. Car la science, la possibilité qu'un jour cette hypothèse de romancier devienne réalité ne sont pas son propos ; il s'agit pour lui de trouver un point de départ à l'exploration de la question du genre et de l'identité. Notamment de la masculinité. Alors va pour cette "première mondiale"...

Rose et Marcus sont amoureux, et unis par une même passion, le tango argentin. Chaque soir, ils dansent sur les quais de la Seine et font l'admiration du public et des autres danseurs. Leur bonheur semble sans nuage jusqu'à ce que Rose désire avoir un enfant. Les mois passent, son ventre reste désespérément creux, elle dépérit, Marcus aussi de la voir si malheureuse, leur tango se désunit. Et puis enfin, les nausées matinales, les vertiges... sauf que ces phénomènes bien connus ne se produisent pas chez Rose mais chez Marcus. Couvade, diagnostique d'abord le médecin avant de se rendre à l'évidence : Marcus est enceint. Colère de Rose qui claque la porte, désarroi de Marcus face à cette situation inédite et improbable qu'il pressent source de pas mal d'ennuis...

"Alors imaginez, après une vie passée à essayer d'être un homme, un vrai, un dur, me retrouver dans cette situation".

Ce postulat permet de questionner de façon malicieuse les places assignées par la société aux hommes et aux femmes en bousculant l'ordre établi. Chamboulement chez les protagonistes, le premier réflexe de Rose étant de penser que Marcus lui pique son rôle tandis que ce dernier s'imagine peut-être subir une transformation irréversible et devenir femme. Gros choc également dans l'opinion, avec des références à tous les débats actuels autour du couple et des enfants, que l'auteur traite par des situations et des réactions assez cocasses. le cheminement de Marcus lui permet de trouver des clés de compréhension, transcendé par l'amour qu'il porte à Rose, et nourri par l'expérimentation de sa nouvelle condition qui lui permet d'appréhender quelques spécificités de la condition féminine.

La plume de Raphaël Alix est légère, le ton équilibré. L'auteur ne cherche pas à démontrer, il reste sur une ligne étroite qui hésite entre fable et fantaisie mais ne tombe jamais dans l'excès. le renversement des rôles est finement mené, les préjugés valsent au gré de tribulations parfois rock'n roll, la fraîcheur de l'ensemble donne autant à sourire qu'à réfléchir. Il suffit d'entrer dans la danse.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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