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Critique de Marti94


Voilà un portrait de femme, celui d'Inès Suarez, dont la témérité en fait une héroïne qui n'a rien à envier aux conquistadors du 16ème siècle puisqu'elle en fait partie.
"Inès de mon âme" d'Isabel Allende est un roman qui ne commence pas très bien avec une narration à la première personne qui me semblait sonner faux d'autant plus que la langue castillane du 16ème siècle a été modernisée puis traduite en français. Pourtant, on se laisse prendre par ce roman épique où le destin d'Inès Suarez est guidé par l'amour.
L'histoire est celle de cette jeune couturière au tempérament bien trempé partie d'Espagne en 1537 pour le Nouveau Monde afin de retrouver son premier mari, mort au Pérou. C'est avec l'ambitieux Pedro de Valdivia, avec qui elle vit un amour passionnel, qu'Ines participe à la conquête du Chili au sud du continent et à la fondation de sa capitale Santiago de la Nouvelle-Estrémadure. Abandonnée par ce dernier, elle choisira l'amour plutôt que la haine en épousant le capitaine Rodrigo Quiroga avec qui elle trouvera la sérénité.
Dans ce livre, Inès a soixante-dix ans et elle s'adresse à Isabel pour lui raconter la colonisation du Chili qu'elle appelle conquête. Isabel est la fille de Rodrigo qu'elle a adoptée et c'est son seul rôle. C'est une forme narrative qui permet à Inès de parler de sa vie de femme, de sa sexualité, de ses amours et de son rôle indispensable dans la guerre menée par les conquistadors espagnols contre ceux qu'ils considèrent comme des sauvages. Leur mission est de peupler le Chili de Castillans et d'évangéliser les Indiens et dans ce dangereux périple, elle trouve de l'eau dans le désert, soigne les malades, enterre les morts et se bat.
Alors que la violence (tortures et massacres) est la seule expression des guerriers conquérants appelés huincas par les indiens chiliens (ce qui signifie "menteurs, voleurs de terre" en mapudungu), elle est la seule à apprendre cette langue afin de pouvoir communiquer avec les Mapuche bien qu'elle soit consciente qu'ils ne pourront pas cohabiter en paix. Durant des années, ils vont répondre par la violence à la cruauté de l'envahisseur, en un cycle sans fin.
Inès Suarez raconte donc l'histoire réelle mais sordide de la domination et de l'asservissement d'un peuple par un autre qui me font froid dans le dos. C'est une femme qui a eu un destin exceptionnel, ce qui n'excuse pas la soif de pouvoir des espagnols.
Un roman intéressant historiquement mais terrifiant humainement.


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