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Critique de Perlaa


Isabel Allende renoue avec la tradition du grand roman familial sur quatre générations croisant amours et violence, passions et renoncements, prospérité et sacrifices tissant sa trame entre réalisme et fantastique. Une marche en avant sans que L Histoire ne vienne entraver durablement le cours des choses jusqu'aux années soixante-dix.
Dans un Chili jamais nommé un patriarche orgueilleux, Esteban Trueba fonde à la sueur de son front une hacienda prospère. Son union avec une fille de la bourgeoisie sera l'élément fondateur de la dynastie. le couple partage son temps entre la propriété rurale et la capitale. Il n'est pas mariage plus dissemblable que le sanguin et violent Esteban avec la douce Clara s'adonnant au spiritisme. Un homme où la colère ne se voit opposer que le silence, le mutisme ou l'évasion de ses proches. Un roman aux personnages forts, en décalage avec leur environnement ou a contrario caisse de résonance d'une époque. Sa petite fille Alba, sa préférée, la narratrice, portera témoignage de cette ascension et de sa décadence.
Le roman est aux antipodes d'une reconstitution historique. L'espace et le temps sont flous. Peu de repères géographiques ou chronologiques précis, voire anachronisme comme le séisme et le tsunami par exemple. Les personnalités connues ne sont pas désignées bien qu'elles soient présentes, le Poète, le chanteur aux doigts coupés, le Président. La tentation de représenter le réel n'est pas le projet de l'auteur. Il s'agit plus d'une relecture de l'histoire familiale teintée d'imaginaire, d'idéalisme ou de mysticisme. Un univers où les soeurs et les épouses restent cantonnées sans appétence particulière à la maison ou aux bonnes oeuvres. La jeune Alba sera la première à s'engager pleinement. le sénateur Trueba comme les conservateurs évoquent avec condescendance l' « aspect magique» des choses, l'ADN dirait-on aujourd'hui, de ce peuple. Un peuple qui aurait besoin plus que tout de chants, de rites et de symboles. Quelle part de vérité ? Quel déni pour un peuple qui aspire à changer son quotidien ?
Seule la dernière partie consacrée à la fin du Président, au putsch militaire, et à la répression brutale marquent une rupture et un changement de ton. L'Histoire de ces années-là est un point de non-retour pour la famille. A l'espoir d'un monde meilleur succèdent les morts, la torture ou l'exil.
On est surpris, bousculé ou enchanté, par l'imaginaire saisissant de ce roman. Pour moi plus encore j'ai apprécié le mélange des genres qui capte l'indicible et le beau témoignage sur un pays et des personnages attachants.


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