AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Krissie78


J'avais lu « La maison aux esprits » lors de sa parution et en gardais le souvenir d'une lecture agréable. le challenge « Solidaire 2023 » était donc l'occasion idéale pour relire ce roman et se replonger dans cette saga familiale qui se déroule dans un pays d'Amérique Latine qui ressemble fort au Chili natal d'Isabel Allende.

Du début du 20e siècle au début des années 1970 nous voici donc au sein de la famille Trueba que nous allons suivre sur 4 générations. C'est autour du couple Clara / Estaban que s'articule le récit. Tout les oppose. Elle est lunaire, lui est terrien. Elle est sociale, lui est libéral. Elle est aimée de tous, il est craint de tous.

À travers leur histoire c'est l'évolution économique, sociale, politique d'un pays qui défile, vu principalement par la lorgnette d'une classe bourgeoise dominante. Vivants dans la capitale mais ayant hérités d'une grande propriété agricole, Esteban et sa femme sont néanmoins au coeur de tout ce qui fait la vie de ce pays. Une famille où extravagance et conformisme se côtoient tranquillement, portée par l'évolution d'un siècle où tout est chamboulé.

Cette seconde lecture de ce roman a été pour moi une redécouverte totale tant rapidement j'ai réalisé que mon souvenir en était très diffus et tenait principalement en les capacités de médium de Clara et le souffle final. Si le premier tiers m'a à nouveau séduite par la découverte des protagonistes, l'ambiance entre réalisme et fantastique (très légèrement), l'histoire que l'on pressent (notamment parce que l'auteure distille des informations sur le destin de ses personnages, comme un écho aux prémonitions de Clara), le second tiers m'a parfois ennuyée par le manque d'action, l'apparition ou l'accent mis sur de nouveaux caractères auxquels je n'ai pas réussi à m'attacher. Mais c'était avant que le dernier tiers ne me réveille et ne me rappelle pourquoi j'avais ce bon souvenir de lecture de ce roman : un dernier tiers où (enfin) l'histoire rencontre l'Histoire dans un souffle épique, un rythme qui s'accélère pour aboutir à un final poignant.

Le style paraît aujourd'hui un peu daté. le texte est dense, avec peu de dialogue. Une écriture qui s'inscrit dans le réalisme de la littérature d'Amérique du Sud. le récit est majoritairement à la troisième personne, fait par un témoin, laissant parfois le lecteur spectateur et freinant, me semble-t-il, la capacité à être en empathie avec les personnages. de temps en temps surgit la parole directe d'Esteban à la première personne, dans une intention pas toujours claire. le vocabulaire est riche. La plume se laisse parfois aller à des élans poétiques et une note de surnaturel légère et presque...naturelle.

Si je n'ai pas réussi à m'attacher à tous les personnages, j'ai particulièrement aimé Clara pour son mélange étonnant de détachement pour les choses matérielles, son bon sens et sa relation avec les esprits, et sa petite-fille Alba, symbole d'une jeunesse révoltée et sacrifiée. C'est avant tout un roman qui met en avant les femmes de toutes conditions, et dans lequel rares sont les hommes présentés sous un angle positif. Ils sont même parfois proche de la caricature (Esteban, mélange de passion méditerranéenne et sud-américaine, la rivalité entre les frères, le « noble » français opportuniste, le Robin des Bois).

Au final le sentiment global reste positif, les 100 dernières pages justifiant les 400 précédentes, malgré le sentiment de longueur pour certains passages. Et c'est dans ces dernières pages que j'ai retrouvé ce souffle historique dont j'avais le souvenir.
Commenter  J’apprécie          214



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}