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Il est impossible de répéter ce que l'on n'a pas encore avalé

Un homme sur un banc. Sofia, jeune serveuse de bar brise l'indifférence. Mais être assis sur un banc, ne pas parler est manifestement un trouble à l'ordre public.

Au commissariat, c'est au tour de Frias de rompre le mépris. Décidément la présence de cet homme trouble le paysage, déplace des interrogations, ouvre des portes cadenassées par le temps. En petits chapitres, Eugenia Almeida nous fait ressentir la différence, la froideur, « Un de ces baisers creux que l'on envoie en l'air, le faux jumeau d'un vrai salut ».

Des histoires plus anciennes, une amputation, une femme enfermée et une gamine malmenée…

Elena, nommée dans cet hôpital, s'écarte de l'attente, se confronte au conte, au rejet de la « folie », de la différence. Les pistes se brouillent, les troubles s'exposent, les refus aussi. Peu à peu, les pointillés deviennent des chemins, des sensations, des relations. Une main posée, un sourire, un étonnement, un monde plus ouvert à la chaleur, aux rencontres. Norma, Horacio, Mabel…

Les brides d'histoires se rencontrent, avec en toile de fond, cette pièce, celle du fond, celle des souvenirs, dont la porte s'ouvre, ou ne s'ouvre pas. Insensiblement les phrases de l'auteure ouvrent des communs, des croisées aux personnages, nous infuse le goût du maté.

Un livre offert comme par « Quelqu'un qui, avant de partir, vous habille ».
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Après L'autobus voici un second livre étrange venu d'Argentine : La pièce du fond, d'Eugenia Almeida.
Comme avec l'autobus, la vie tranquille et endormie d'une petite ville de province est perturbée par un événement insolite ... les comportements routiniers vacillent, les langues se délient ...
Cette fois c'est un vieil homme, à demi SDF, qui s'installe sur un banc de la place.
Il ne dit pas un mot, n'ouvre pas le bec. À peine pour manger lorsque la petite serveuse du café lui apporte en douce le menu du jour.
Eugenia Almeida excelle à dépeindre l'immobilisme, l'attentisme, le caractère immuable des gens et des choses lorsque la vie s'est arrêtée : le village et ses habitants sont comme écrasés de chaleur et de soleil.
L'un des flics du village finit par embarquer le vagabond muet et l'envoie vers les psys de la ville ...
Son collègue trouve qu'il en a fait un peu trop et se met à la recherche du vieil homme, tout comme la petite serveuse du bar. Ils rencontreront une étrange psy. Ces trois-là vont se croiser, se rencontrer, s'éloigner, tournant autour de l'absence du vieil homme muet que l'on ne reverra plus : un seul être vous manque et cela suffit pour bousculer vos habitudes, pour remuer le fond de vos pensées.
Chacun part à la recherche de la clé qui permet d'ouvrir la pièce du fond, du fond de sa tête, la pièce aux souvenirs ...
Eugenia Almeida a une belle écriture sobre et sèche, sans effets ni esbroufe. Mais c'est une écriture difficile et exigeante. On avait trouvé un peu plus facile d'embarquer dans L'autobus.
Un livre où l'on découvre l'art et la manière de faire infuser le maté.
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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Petit chef-d'oeuvre !!
Je le relis, il a le goût du retour
Par des personnage si attachant
Donner un sandwich à un sdf, vous découvrirez peut-être un monde!!!!!!!!
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J'ai bien aimé ce récit aigre-doux, fait surtout de dialogues très courts et d'une suite de personnages très quotidiens et parfaitement bien cernés avec leurs malheurs trop lourds et leurs espoirs infinis en un avenir meilleur. Les gens malheureux se méfient des mots qui ravivent leur douleur mais difficile de les quitter quand se ferme la dernière page! Un beau roman qui fait du bien au moral. même si la fin n'est pas aussi heureuse que je l'espérais!
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Une présence, mais en creux... puis une absence, mais en relief... Un joli exercice.
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La pièce du fond, c'est un peu comme la vie, des événements presque anodins ou des visages inconnus qui nous font lever les yeux, qui nous donnent envie de parler, d'agir et d'aller vers l'autre. Mais l'autre n'est déjà plus là ou n'est pas ce que l'on avait cru. Comme parfois, comme souvent dans la vie, les choses ne sont pas ce que nous les rêvions. Pour autant, à chaque fois il se passe quelque chose, et des rencontres ont lieu. Rencontres avec l'autre. Avec soi-même.

Un inconnu sur un banc qui ne dit rien, qui ne mendie pas, qui est simplement là. Cela pousse irrésistiblement Sofia, la serveuse du bar, pour aller à sa rencontre, pour tenter de lui parler tout en lui apportant à manger. Qu'importe si l'autre ne parle toujours pas, une rencontre a eu lieu. Prendre le temps du silence, cela ne se fait pas ainsi, et il y a quelque chose de la résistance et de la rébellion chez Sofia dont le comportement dérange encore plus que cette présence muette sur un banc de la ville. Mais voilà que l'homme disparaît...
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Santa Lucia, une clinique psychiatrique en Argentine, vers laquelle tout converge...

Le livre commence sur la place d'un village argentin, un vagabond est assis sur un banc. Sofia, la serveuse du bar vient régulièrement lui amener à manger en douce, même s'il semble à peine y toucher. Elle lui parle, de plus en plus, mais il ne répond jamais. Il ne semble pourtant pas muet.
Un jour, il disparaît.
Il a été emmené par la police, qui a estimé qu'il troublait l'ordre public.
Au commissariat, Frias, un "gentil" flic, est troublé par cet homme silencieux. Lui aussi lui confie sa vie.
Jusqu'à ce que l'homme soit emmené ailleurs... interné à Santa Lucia, en ville, pour une expertise psychiatrique.

Dès la soixantième page, Santa Lucia et ses personnages entrent en jeu et la majeure partie de la suite de l'histoire va se dérouler en ce lieu.
Son médecin-chef grand manitou, ses réceptionnistes impassibles, murées dans leur aquarium à l'entrée de l'établissement, un infirmier bienveillant et Elena, le nouveau docteur.
Celle-ci débarque et se rend compte que tout le monde la connaît déjà. Elle se trouve être la fille d'une ancienne patiente du médecin-chef, directeur de la clinique, la « folle » dont il parle tout le temps, et qu'il dit être à l'origine de sa vocation.
Elle va troubler plus d'une personne là-dedans, par sa simplicité et son humanité.

Sofia finit par rencontrer Frias, le policier, et tous deux se lancent à la recherche de celui qu'ils appellent "leur ami" et qui leur a fait tant de bien.

Les dialogues sont fluides.
Beaucoup de personnages secondaires, dont l'histoire personnelle est à chaque fois développée mais dont on ne comprend pas forcément le rapport avec l'histoire principale. Et il n'y en a pas toujours un.
Tous sont très attachants, même les moins sympathiques, et bien que certains soient un peu caricaturaux : un flic méchant et un flic gentil, une réceptionniste aimable et une autre acariâtre.
Ma lecture a donc été très agréable et je me suis laissée porter par la quête de Sofia et Frias pour retrouver leur ami vagabond.
Par contre, j'ai senti que je n'arrivais pas à saisir toute la dimension psychologique de l'histoire.
J'ai bien lu, à droite et à gauche sur le net, que l'homme vagabond et la doctoresse débarquée de nulle part étaient deux « chamboule-tout » dans le quotidien tranquille et endormi des autres personnages, qui les amènent à ressentir des élans d'émotion qu'ils n'ont pas, ou plus l'habitude de ressentir.
J'ai lu aussi, et j'ai effectivement vu passer dans le livre des métaphores avec les poissons dans le courant des rivières, et avec la pêche, mais je ne les ai pas vraiment comprises. Trop subtile.
Moi et la psycho...

"La pièce du fond" apparaît à plusieurs reprises tout au long du livre.
C'est dans le commissariat, la petite pièce dans laquelle Frias installe l'homme pour qu'il(s) soi(en)t tranquille(s), c'est le bureau à l'hôpital dans lequel Sofia et Frias vont rencontrer le docteur Elena, etc.
Métaphoriquement, ça doit être cet endroit au fond de soi, dans lequel on refoule des souvenirs douloureux, des sensations, des sentiments, qui font peur, et dont des personnes comme le vagabond et la doctoresse nous amènent à pousser la porte.

C'est un livre que j'ai finalement aimé et qui m'a donné envie de lire L'autobus, le précédent roman de l'auteure également traduit en français. Eugenia Almeida est Argentine, enseigne la littérature et la communication, est aussi journaliste et chanteuse.

Lien : http://linecesurinternet.blo..
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