On suit les destins croisés de trois femmes : Ramla, lycéenne brillante, qui rêvait de devenir pharmacienne, mariée de force à un quinquagénaire dont elle devient la deuxième épouse. Hindou, contrainte d'épouser son cousin, qui boit, se drogue, la viole et la bat. Safira, première femme de l'époux de Ramla, qui va tout tenter pour faire répudier sa rivale.
C'est un livre révoltant, qui nous plonge dans la réalité dramatique vécue par les femmes peules dans le nord du Cameroun : mariage forcé (mais on leur assène qu'elles sont consentantes), viols conjugaux, violences extrêmes, humiliations, polygamie… Et le mot “munyal”, patience, qu'on leur répète comme un mantra, comme si à force de patience, à force de subir sans jamais se plaindre, leur condition allait s'améliorer d'elle-même. Ce mot, à la fin du livre, on a appris à le haïr presque autant que celles à qui il est rabâché toute une vie durant.
C'est une chose de savoir que ces pratiques existent, intellectuellement parlant ; c'en est une autre, je trouve, de les lire dans toute la crudité avec laquelle l'autrice les expose. Parce que même l'espoir de l'instruction semble vain. Parce que le système est perpétué avec tant de ferveur aussi bien par les hommes que par les femmes, les victimes, elles-mêmes, qu'il en devient vraiment glaçant. Parce qu'on y apprend le rôle et la place terribles que jouent les familles dans ces drames du quotidien. Parce que l'autrice nous fait franchir les murs des concessions, qui abritent toutes ces horreurs, pour nous les dévoiler telles qu'elles sont, sans fard, sans édulcorant, juste dans la glaçante brutalité des faits.
Je suis sortie de cette lecture très secouée.
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