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4,2

sur 4695 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Polygamie – mariage forcé – viol conjugal – soumission totale au bon vouloir du mari et des hommes de la famille : tout est lié, c'est horrible et c'est encore d'actualité !
L'auteure provient du nord du Cameroun et témoigne par son roman du sujet brûlant qui hante les jeunes femmes et les jeunes filles, faisant de leur vie un enfer.
Effectivement, par l'intermédiaire de trois narratrices, nous assistons au calvaire – et le mot est bien choisi – de trois jeunes femmes, les deux premières mariées de force, la troisième épouse aimée et mère de 6 enfants, devant partager l'amour de son mari après 20 ans. Ce calvaire n'a pas de fin, ne reçoit pas de consolation même auprès des autres femmes, car les co-épouses deviennent souvent de pires ennemies, se disputant la protection de leur mari tout-puissant. La « honte » d'une femme qui se rebelle rejaillit, en plus, sur celles de sa famille qui lui en veulent pour cela.
Un cycle sans fin d'humiliations, de décrépitude mentale, de blessures physiques, de désespoir.

Ce roman se veut une prise de conscience pour nous, Occidentaux, de ce qui se passe à quelques milliers de kilomètres, à notre époque. Je comprends qu'il ait eu le Goncourt des lycéens, car ceux-ci ont dû prendre en pleine face toutes ces tortures mentales et physiques qui sont monnaie courante là-bas. Moi, je savais que « ça » existait, mais je ne sais toujours pas comment agir pour y mettre un terme.

Donc, au point de vue du contenu, je reconnais que le roman (mais ce n'est pas un roman, finalement) frappe les consciences et nous rappelle que nous sommes gâtées et reconnues, du moins pour la majorité des femmes. Car chez nous aussi il y a des femmes battues et des viols conjugaux, même si la polygamie est interdite.

Au point de vue littéraire, je trouve dommage que le style n'ait pas servi l'histoire. Beaucoup de répétitions, des phrases assez banales, un vocabulaire commun m'ont empêchée d'apprécier le roman à sa juste valeur. Cela m'a fait penser plutôt à un style journalistique.

Que mon avis ne fasse pas obstacle à votre désir de lire ce livre, surtout, car la vertu prônée par les hommes, la patience, est mise à rude épreuve chez ces femmes opprimées, et nous mène droit à la révolte.
Vive l'impatience !
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Trois femmes impuissantes ? le roman donne successivement la parole à trois narratrices qui s'entendent prôner « munyal », soit la patience, ou plus exactement la soumission. Mais les impatientes ne sont pas seulement trois: toutes les femmes du livre méritent ce qualificatif car aucune n'accepte le sort qui lui est dévolu, même si la plupart semblent y consentir.
Car ces récits mettent en évidence un système et non simplement des destins individuels. le mariage et la maternité sont le seul horizon possible pour des femmes qui en souffrent d'autant plus qu'elles appartiennent à la bourgeoisie et sont conscientes que d'autres modèles existent. La polygamie est alors d'autant plus valorisée qu'elle représenterait une tradition immémoriale à défendre face à l'expansion occidentale.
Or, cette tradition est montrée pour ce qu'elle est devenue : un dévoiement que plus rien ne justifie. La nouvelle épouse ne vient résoudre aucun problème de stérilité, elle ne consacre aucune alliance, les enfants qui naissent ne sont pas utiles aux travaux des champs: seule la toute-puissance du mari régnant en maître dans son foyer, sexuellement comblé et envié de tous ses voisins paraît motiver la pratique. Mais le roman met à mal l'outrecuidance masculine. le despote lui-même n'est pas heureux qui subit les tensions entre co-épouses, a trop d'enfants pour pouvoir les aimer et règne finalement sur un royaume autrement plus pourri que celui du Danemark. Les fils boivent pour oublier qu'ils sont infantilisés, frappent leurs femmes qui seules ont moins de droits qu'eux-mêmes, les épouses complotent ou deviennent folles, les familles se rétrécissent au point qu'on n'épouse plus que ses cousines.
Le style oralisé et souvent plat de Djaïli Amadou Amal, loin de desservir son texte, renforce sa cruauté en banalisant les souffrances de ces femmes violentées, humiliées, niées, à qui on refuse la parole et dont on loue l'hypocrisie.
« Aidez votre époux. […]
« Qu'il ne s'affame jamais à cause de votre paresse, de votre mauvaise humeur ou encore à cause de votre mauvaise cuisine.
« Épargnez sa vue, son ouïe, son odorat.
« Que jamais ses yeux ne soient confrontés à ce qui est sale dans votre nourriture ou dans votre maison.
« Que jamais ses oreilles n'entendent d'obscénités ou d'insultes provenant de votre bouche.
« Que jamais son nez ne sente ce qui pue dans votre corps ou dans votre maison, qu'il ne hume que parfum et encens.  »
Et l'époux n'est plus qu'un vieux dieu racorni nourri d'offrandes (et de viagra), ignorant tout du monde sur lequel il croit régner.
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Si je n'ai trouvé aucune qualité stylistique à ce récit, j'ai cependant apprécié de découvrir une culture que je connais peu et de me confronter pendant quelques heures à la condition révoltante de ces femmes opprimées à qui on refuse tout libre arbitre et toute liberté. La littérature après tout, n'est pas qu'une question de style et de forme, mais doit se faire le véhicule de voix qui peinent à se faire entendre autrement. L'auteure raconte le parcours de trois femmes dans la société patriarcale musulmane extrêmement codifiée du Cameroun septentrional, où elles doivent endurer leur sort en gardant constamment à l'esprit le principe suprême du munyal, autrement dit de la patience. Patience face aux destins que les pères et les oncles tissent pour elles, patience face aux ambitions et aux travers des maris qu'on leur impose, patience face aux vexations, aux violences physiques et morales, patience face aux viols conjugaux répétés, aux humiliations, à la claustration dans une vie faite de barreaux et d'interdits, une vie qui doit être entièrement dévouée au bonheur et aux honneurs de l'époux. Ce roman sonne comme un témoignage à trois voix, à chaque fois rédigé à la première personne, trois femmes qui vivent dans la même ville, se connaissent et subissent le même joug, chacune à leur façon. Certes, à la lecture de ces récits, on ne peut éprouver que des sentiments d'injustice, d'écoeurement et de révolte, mais ce roman méritait-il vraiment de figurer parmi les quatre finalistes du prix Goncourt 2020 qui, rappelons-le, doit récompenser « le meilleur ouvrage d'imagination en prose paru dans l'année » ? Nulle imagination dans ce roman, seulement la froide réalité d'une condition féminine bafouée au nom de la religion et du prestige des hommes. Nulle prose dans cette plume plate, factuelle et triplement linéaire, mais dont le style à la simplicité désarmante a eu le mérite de séduire les lycéens qui ont attribué à ce roman leurs honneurs. Alors ne lisez pas ce récit pour l'amour des belles lettres et de la créativité, lisez-le parce qu'il proclame haut et fort une vérité intolérable.
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Est-ce parce que j'avais lu d'autres romans avec des histoires similaires ? Et parce que j'étais déjà sensible à cette question de la condition des femmes, et d'autres minorités, dans certaines sociétés africaines où les traditions et une certaine lecture de l'islam imposent tout leur poids ? Je n'ai en tout cas pas été subjuguée par les Impatientes. Bien sûr, c'est plaisamment écrit, le propos est pertinent, les injustices criantes. Bien sûr, c'est intéressant de voir confrontés les différents points de vue des femmes selon la situation dans laquelle la société les a assignées. Bien sûr la conduite des hommes est parfois inqualifiable et l'autorité ne recouvre bien souvent que la bêtise, l'égoïsme et la peur. Mais je n'ai pas trouvé que le roman aille au delà. Passée l'information nécessaire et la démonstration par des personnages emblématiques, l'intrigue ne cherche ni la subtilité, ni les péripéties. Ce n'était sans doute pas le propos mais ça m'a un peu déçue.
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Au Cameroun, le destin de trois femmes peules auxquelles on répète inlassablement depuis l'enfance « munyall », patience.
Patience pour supporter tout ce que décident les hommes.
Mariages forcés, concubinage, violences.......
Témoignage d'inspiration autobiographique, ce roman dénonce des faits intolérables de nos jours.
Les femmes ne sont que les possessions des hommes qui en font ce que bon leur semble.
Le mérite de ce livre est d'apporter une pierre de plus à l'édifice de la dénonciation de coutumes barbares.
Pourtant, en temps que tel, il ne m'a pas complètement séduite.
Dans les portraits de Ramla et d'Hindou, l'émotion n'est pas passée.
Le style est trop linéaire, répétitif.
On assiste à une énumération de faits plus qu'à un roman.
Je n'ai pas trouvé de qualité littéraire particulière.
D'ordinaire, je suis plutôt emballée par les livres ayant reçu le Goncourt des lycéens, mais il manque une dimension à celui-ci.
A mon avis du moins.
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Trois femmes... impuissantes, face à une société profondément patriarcale : une lecture qui figurait depuis longtemps dans mon pense-bête au vu des avis élogieux, mais que j'ai trouvée décevante.
D'abord, c'est vite lu, à peine plus de deux heures : pas le temps d'approfondir la question.
Ensuite : hébin c'est pas un roman. Ce sont plutôt des tranches de vie à peine romancées, sous lesquelles on sent les témoignages - qui, peut-être, auraient été plus intéressants en direct.
De plus, l'écriture est plate, sans relief, sans inspiration. À la limite c'est ce que j'excuserais le plus, cette hâte à exprimer, à faire savoir ne laissant pas de place aux fioritures littéraires.
C'est donc un livre qui peut éclairer un public qui ne se serait jamais, vraiment jamais penché sur la question des violences faites aux femmes dans le monde.
Pour ma part cette lecture m'amène à deux conclusions, ou plutôt vient confirmer deux convictions.
La première : le but des religions (attention, je ne parle pas ici de spiritualité), c'est l'asservissement, que ce soit "Baves-en ici-bas, tu gagneras ton paradis", ou bien "Ta vie est moisie parce que tu t'es mal conduit dans la précédente", ou encore "Honore la création divine en te laissant traiter comme un déchet".
La seconde : Pas étonnant que le patriarcat crie haro sur le féminisme, avec tout ce qu'il aurait à perdre, mmhh ?
Challenge Globe-Trotter (Cameroun)
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Ce roman, vous en avez sans doute entendu parler et même certainement lu, donc je serai brève.
Situé dans un village du Nord Cameroun, dans un milieu de commerçants musulmans plutôt aisés, il dénonce les mariages forcés, les violences conjugales et la polygamie, au travers de trois portraits de femmes : Ramla doit renoncer à ses études pour devenir la deuxième épouse d'un homme beaucoup plus âgé qu'elle, et sa soeur Hindou est forcée d'épouser son cousin alcoolique et violent. Quant à Safira, elle voit d'un mauvais oeil arriver une toute jeune deuxième épouse dans sa maison.
Les impatientes, dont l'écriture, un peu atone, fait bien ressentir l'étouffement, tient plutôt d'une suite de témoignages, et dénonce avec force ces situations où les seuls conseils donnés aux jeunes filles sont de prendre patience et de ne pas mettre en péril les alliances passées par leurs oncles, pères et maris. le patriarcat forme là un système tellement serré qu'aucune d'entre elles ne peut rien y faire. Un constat bien désespérant !


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Récit glaçant. le regard de trois femmes sur la polygamie. Entre les larmes, l'horreur et les déceptions, chaque page se tourne avec effroi... mais pourquoi le lire, pourquoi en parler? Pour témoigner et dénoncer cette injustice et ces atrocités.
J'ai été surpris par la violence entre les femmes qui rivalisent pour attirer l'attention du mari, c'était sans doute ce que je soupçonnais le moins !
(Plus sur Instagram)
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À regret, je vais aller à contre-courant de la majorité des critiques sur ce roman. le résumé me plaisait et j'avais envie de découvrir cette auteure. Malheureusement, je n'ai pas adhéré au style de l'écriture. Celui-ci m'est apparu assez simple.

Dommage puisque le sujet m'intéresse. Il traite de la condition féminine dans le Sahel, plus particulièrement dans la partie nord du Cameroun. le livre s'organise en trois parties, chacune rapportant le vécu d'une femme à la première personne.

J'ai aimé le début qui raconte l'histoire de Ramla. Elle ne peut épouser celui qu'elle aime, ni continuer à étudier. Son avenir est entre les mains des hommes de sa famille. On la marie de force. Mais peu à peu, mon intérêt s'est essoufflé, je pense que c'est vraiment lié à l'écriture. Je ne suis pas parvenue à rentrer dans les personnages, il m'a manqué un peu de profondeur.

Le deuxième chapitre est consacré à Hindou, soeur de Ramla, mariée de force à son cousin Mourabak extrêmement violent à son égard : "Mon époux entretient des aventures multiples, boit, use de stupéfiants et regagne toujours le foyer à une heure tardive. Il continue de me brutaliser, de m'abreuver d'insultes aussi dégradantes qu'humiliantes. On ne compte plus les hématomes, égratignures et ecchymoses que ses coups laissent sur mon corps - et ce dans la plus grande indifférence des membres de la famille. On sait que Moubarak me frappe, et c'est dans l'ordre des choses. Il est naturel qu'un homme corrige, insulte ou répudie ses épouses. Ni mon père ni mes oncles ne dérogent à cette règle." (p125-126)

Au début de la troisième partie, abordant l'histoire de Safira dont l'époux a pris une nouvelle femme, je me suis résolue à abandonner ma lecture. Je crois que j'aurais préféré lire directement des témoignages ou un roman plus "fourni" au niveau de l'écriture. La formule proposée n'est pas parvenue à me séduire. Cependant le livre reflète l'horrible sort destiné aux femmes dans cette région du monde : mariages forcés, polygamie et violences.
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″La vie est faite de patience. On ne patiente jamais assez. Quoi patiente ne le regrettera jamais et personne n'est plus patient qu'Allah. ″

Elles sont trois ; trois femmes : Ramla, Hindou les deux soeurs et Safira, coépouse de Ramla. Ramla et Hindou sont mariées de force à deux hommes qu'elles n'ont pas choisi, qui les brutaliseront jusqu'à l'extrême. Safira, n'est guère mieux lotie ; première épouse, avec un petit avantage sur les épouses suivantes, n'en subit pas moins la torture morale de voir son époux batifoler avec d'autres plus jeunes et moins défraichies.

″ Il est difficile le chemin de vie des femmes, ma fille. Ils sont brefs, les moments d'insouciance. Nous n'avons pas de jeunesse. Nous ne connaissons que très peu de joies.(…) J'ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs.″

Ce n'est ni le texte rédigé dans un style assez ordinaire, ni la construction à trois voix qui ont le plus d'attrait dans ce roman paru une première fois en Afrique il y a 3 ans.

L'intérêt est en effet ailleurs ; dans l'évocation assez cash de la condition féminine au Sahel. Les femmes ne sont pas plus que les jouets sexuels de leurs maris choisis pour elles par des pères moins soucieux de l'avenir de leurs filles que de leur réputation et/ou aura social. Ne parlons pas des mères, soumises à leur mari, et peu portées sur les sentiments.

Il ne fait pas bon être femme dans cette portion de l'Afrique où la religion cadenasse tous les pans de la société, et enferme la moitié de l'humanité !

Soumises, violées, maltraitées, invisibles, ces femmes ont néanmoins en elles une force vitale inouïe. Patience, tel est le mot dont on les infuse depuis l'enfance. Elles n'ont aucun droit ; elles ont tous les devoirs !

″ Alors un seul mot, munyal, patience ! Car tout relève ici de ta responsabilité. Tu es le pilier de la maison. A toi de faire des efforts, d'être endurante et conciliante. Pour cela tu devras intégrer à jamais la maitrise de soi, le munyal. ″

Loin d'être un coup de coeur, je m'attendais à être davantage émue par ce livre choisi par les lycéens pour leur prix Goncourt. J'aurais été davantage saisie avec plus d'audace dans le style et l'écriture. Sans doute que les lycéens n'ont pas encore été beaucoup confrontés à cette thématique dans leurs lectures. Ce livre aura au moins quelque chose de salutaire dans leurs futurs rapports avec les femmes !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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