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sur 4695 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Selon la tradition peule en cette partie sahélienne du Cameroun, leur famille a décidé de leurs mariages : Ramla devient la seconde épouse d'un riche commerçant, tandis que sa soeur Hindou est unie à l'un de ses cousins. Arrachée à son amour pour un jeune homme de son âge, Ramla, qui se rêvait pharmacienne, se retrouve enfermée entre les quatre murs de sa nouvelle demeure, soumise à la volonté d'un homme qu'elle ne connaissait pas jusqu'ici, et exposée à la vindicte d'une coépouse, Safira, prête à tout pour récupérer l'exclusivité conjugale. Hindou, désespérée, tombe sans recours sous le joug d'un homme violent, qui met bientôt sa vie et sa santé mentale en danger.


Reflet de la propre expérience de l'auteur, le texte décrit l'effroyable sort réservé aux femmes dans cette partie de l'Afrique. Tandis que la tradition des mariages forcés et de la polygamie légitime sans recours viols et violences au sein des foyers, la condition féminine y relève du pur esclavage, dans une organisation sociale et familiale sans échappatoire. le moindre comportement « déviant », la plus petite velléité de rébellion féminine, y ont de telles répercussions sur les autres femmes de la famille, que toutes s'unissent pour y contrevenir et s'éviter ainsi les foudres des hommes du clan : tout plutôt que le déshonneur, l'exclusion et la misère. Derrière la façade de l'incontournable « Munyal », cette valeur souveraine de patience et de soumission féminines, se cachent par ailleurs d'impitoyables étripages entre coépouses, chacune manoeuvrant sans vergogne pour assurer son avenir et celui de ses enfants. Au joug masculin s'ajoutent ainsi la pression des femmes alliées et la férocité des rivales, achevant de transformer en enfer l'intimité apparemment harmonieuse des immenses maisonnées de ces familles parmi les plus aisées du pays.


Sans détour, la voix de Djaïli Amadou Amal s'élève calmement au fil d'un récit terrifiant. Au travers des épouvantables destins de Ramla, d'Hindou et de Safira, transparaît l'autobiographie d'une femme impressionnante de courage et de résistance, qui, non seulement est parvenue à s'arracher d'un sort tout tracé, mais qui se fait aujourd'hui le porte-parole de toutes celles qui continuent à vivre un enfer silencieux. Héritage d'une tradition entretenue par une certaine interprétation religieuse, capable de donner bonne conscience à une population masculine sans aucun doute attachée à son pouvoir et à sa bonne fortune, cette situation semble d'autant plus inextricable que les femmes elles-mêmes en sont réduites pour leur survie à contribuer à son maintien et à sa transmission. L'on ne dénoncera jamais assez cet état de fait, si indigne de la condition humaine, et qu'on aimerait classer comme une anomalie anachronique si elle ne concernait encore tant de femmes de par le monde, dans ce pays ou dans d'autres.


Ce livre se dévore avec émotion et compassion, dans une sidération d'autant plus horrifiée et indignée que l'on y comprend la profondeur du mal qui, dans certaines régions du monde, continue à maintenir en esclavage la moitié féminine de la population. Une lecture incontournable et un auteur qui, au-delà du Goncourt des Lycéens 2020, mérite de figurer au panthéon des grandes féministes de l'histoire.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Véritable reportage sur la vie dans un harem africain, le témoignage de Djaïli Amadou Amal est d'autant plus fort qu'elle a personnellement vécu ce qu'elle décrit.

A 51 ans, Alhadji ISSA las de son épouse Safira, 35 ans, 6 enfants, épouse Ramila 17 ans. Celle-ci rêvait épouser Aminou, mais l'avis d'une femme importe peu comme l'illustre son témoignage.

Safira n'accepte pas l'arrivée de Ramila, emploie tous les moyens pour lui nuire en faisant appel à des marabouts et en la laissant accuser de vol. Elle emporte la bataille contre Ramila mais a-t-elle vaincu Alhadji ?

Enfin Hindou, autre victime, est mariée de force à un cousin alcoolique et drogué qui la violente et la trompe publiquement…

Ce roman choral laisse successivement Ramila, Hindou et Safira raconter leurs calvaires respectifs dans un style factuel, sans effet littéraire. Leurs destinées sont celles de nombreuses femmes, et pas seulement au Sahel, soumises aux mariages forcés et à la polygamie.

Djaïli Amadou Amal rappelle que soumission et islam sont synonymes et que les femmes, dans l'univers islamique, doivent être « patientes », c'est-à-dire soumises aux traditions séculaires et à la domination masculine.

Récompensé du prix Goncourt des lycéens, « Les impatientes » est un témoignage fort. Puisse-t-il ouvrir les yeux et l'esprit des lecteurs et des lectrices afin que notre pays n'ait pas à subir ce totalitarisme.

Dans un contexte où l'UNEF, principal syndicat étudiant, est aujourd'hui présidé par une islamiste voilée, la condition féminine apparait incertaine, menacée et dévoyée vers les futiles débilités de l'écriture inclusive.

Ce livre remet les pendules à l'heure et dans la lignée du Bilqiss de Saphia Azzeddine souligne que la patience a ses limites !
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Patience ! Patience !
Un proverbe africain ne dit-il pas qu'« Au bout de la patience il y a le ciel ».
Les coups, le viol ne sont rien puisque ce sont leurs maris qui les maltraitent.
Surtout elles ne doivent pas se révolter, l'opprobre en retomberait sur leurs mères, leurs frères et soeurs sur toute leur famille.
Patience, patience.
Elles sont des Peules du Cameroun, leurs pères ont choisi leurs maris, qu'elles partagent avec d'autres épouses.
Et si celles-la les détestent, patience, elles sont des Africaines, leur destin est de se soumettre à la volonté des hommes. Leurs mères les enjoignent de le faire qui connaissent le prix de la désobéissance.

Trois histoires très tristes, racontées par Djaïli Amadou Amal qui a été elle-même mariée de force à dix-sept ans. Un homme qu'elle quitte comme une décennie plus tard son second mari violent. Malgré tout, malgré la séparation avec ses filles à cause de cette deuxième rupture, Djaïli Amadou Amal n'a jamais renoncé à être une femme libre. Aujourd'hui elle écrit des livres. Sans aucun doute la plus belle façon de défendre la cause des femmes africaines, ses soeurs de souffrance.

Challenge MULTI-DÉFIS 2021
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Inspiré de faits réels, ce roman aborde un sujet que l'on aimerait savoir appartenir au passé. Et pourtant nous sommes bien au début du vingt-et-unième siècle, alors que les jeunes filles auxquelles l'auteur donne la parole vivent un drame révoltant. Elles sont un butin pour, une fois de plus, des raisons économiques, l'alliance entre leur famille et celle des prétendants qu'on va leur imposer, alors qu'elles sont parfois à peine pubère , le but ultime étant de conforter le pouvoir économique de leur famille.

Pour Ramla , c'est d'autant plus un drame qu'elle avait d'autres projets pour son avenir, devenir pharmacienne et épouser son fiancé lui aussi étudiant . Son père en a décidé autrement et l'offre au voyou Moubarak, un fainéant dont la bêtise n'a d'égal que sa violence. L'enfer sur terre pour la jeune fille. Et je ne parle même pas de la violence qu représente pour la jeune lycéenne l'interruption immédiate de ses études.

Hindou, sa soeur, deviendra en celui la concerne la deuxième épouse d'Alhadji Issa, union très mal acceptée par la première épouse, Safira, en place depuis vingt ans et qui n'apprécie pas du tout l'arrivée d'une jeunette dans son foyer . C'est Safira qui prendra la parole dans la troisième partie pour nous confier ses stratagèmes pour évincer sa concurrente.

Le titre est ironique, la patiente, c'est le maitre mot, prononcé des milliers de fois devant toutes ces jeunes épouses potentielles, et qui sert d'alibi à tous les abus et les violences exercées sur leur corps et leur âme, et dont elles sont de toute façon considérées comme responsables. Tout ce qui peut leur arriver, y compris la mort ne peut être lié qu'à leur inconduite.

C'est révoltant, et on ne comprend pas que ces parents puissent se regarder en face dans leur miroir en se faisant complice de ces méthodes abominables.

Ma seule raison de me réjouir l'issu de cette lecture est l'obtention du Prix Orange du livre en Afrique, puis le prix Goncourt des lycéens : puisse cette mise en lumière éveiller les consciences.
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Ramla, 17 ans, aime Aminou. Elle ambitionne de se marier avec lui et de devenir pharmacienne, lui ingénieur, pour vivre heureux, loin de tout, loin d'ici.

Ici, c'est au Nord Cameroun, dans ces villages Peules ou la société musulmane et polygame définit la place accordée à chacun.

Et pour Ramla, comme pour sa soeur Hindou, qui devra se marier avec son cousin, c'est le choix de son oncle qui s'imposera : des mariages arrangés, forcément différents de ce qu'elles attendaient.

Car "le mariage n'est pas qu'une question de sentiment. Au contraire. C'est d'abord, et avant tout, l'alliance de deux familles. C'est aussi une question d'honneur, de responsabilité, de religion - et j'en passe."

"Il est difficile le chemin de vie des femmes, ma fille. Ils sont brefs, les moments d'insouciance. Nous n'avons pas de jeunesse. Nous ne connaissons que très peu de joies. Nous ne trouvons le bonheur que là où nous le cultivons. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. C'est ce que j'ai fait, moi, durant toues ces années. J'ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs."
Commence alors pour chacune d'elle, la vie ordinaire des femmes mariées de cette région du sahel, emprunte de corrections physiques, d'humiliations, d'injures, de rapports non consentis (...de viols donc), de servitude... le tout accepté avec fatalité et par une formule simple scandée sans fin : "Munyal ! Patience, mes filles ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie. Telle est la vraie valeur de notre religion, de nos coutumes, du pulaaku."

Leur attitude et leur capacité à accepter leur destin varie. Pour Hindou ce sera un chemin obscur. Pour Ramla, ce sera aussi un combat supplémentaire avec l'autre femme de son nouveau mari : Safira, qui fera tout pour qu'elle soit répudiée.

A mon avis :
Pour les occidentaux, qui voient sans doute d'un oeil étranger et lointain la situation de certaines de ces femmes musulmanes, rendues à un quasi esclavage parfois, cela paraît sans doute difficilement concevable et acceptable.

Dans ce livre, Djaïli Amadou Amal, féministe convaincue, nous fait comprendre que cette situation n'est pas plus acceptable pour elles. Mais elle est tout simplement imposée, sans choix et sans issues pour celles qui en subissent les conséquences.

Triste sort donc pour des femmes pourtant possiblement destinées à un avenir radieux ou en tout cas éduqué, telle l'auteur de cette "fiction inspirée de faits réels".

Bien écrit, ce roman nous fait entrer dans l'intimité des foyers africains, musulmans et polygames, de trois femmes dont les histoires nous sont contées tour à tour et qui s'entremêlent.

On ne s'y ennuie pas une seconde et on est quelque peu subjugué par leur sort, même s'il émane d'une culture différente, mais pas toujours respectable au regard de nos propres valeurs.
En tout état de cause, c'est une immersion dans un univers forcément caché, auquel on n'est pas habitué, qui fait la particularité de cet ouvrage, court et rapide à lire.

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Une lecture prenante mais fort éprouvante…qui raconte combien le genre masculin dans certaines et trop nombreuses parties du monde maltraite, méprise, exploite, empêche les femmes de vivre, les soumettent de toutes les manières imaginables…encore et toujours !

La veille du deuxième confinement, jeudi 29 octobre, je me trouvais à Paris, dans le Marais, et au fil de ma promenade, je n'ai pas résisté à pénétrer encore « librement » dans une librairie , m'étant inconnue , « Comme un roman » [ Rue de Bretagne ], j'ai flâné, et un des libraires avait mis en avant ce texte dont je ne savais rien… Intéressée par les thèmes et le parcours de l'auteure, ayant semble-t-il, mis beaucoup de son propre vécu…j'ai acheté le dernier exemplaire…de cette auteure camerounaise, dont je lisais le nom pour la toute première fois !!

Ironie mordante que le choix du titre, alors que tout le long du récit de ces trios destins féminins, l'entourage familial, éducatif, social serine, répète à longueur de temps aux petites filles, puis aux jeunes filles que l'on marie de force selon les intérêts des familles et des hommes du clan, aux épouses…que la femme n'a qu'un choix et un devoir : La Patience, envers et contre tout, en permanence !
« Je ne suis pas folle. Si je ne mange pas, c'est à cause de la boule que j'ai au fond de la gorge, de mon estomac si noué qu'aucune goutte d'eau ne peut plus accéder. Je ne suis pas folle. Si j'entends des voix, ce n'est pas celle du djinn. C'est juste la voix de mon père. La voix de mon époux et celle de mon oncle. La voix de tous les hommes de ma famille. (...)Non, je ne suis pas folle. Pourquoi m'empêchez-vous de respirer ? Pourquoi m'empêcher-vous de vivre ? « (p. 152) [Hindou ]

Cet extrait dit l'essentiel du noyau central de ce roman , qui nous raconte le destin de trois femmes reliées par une même famille : des parcours de vie, fracassés par les traditions machistes [ pour ne pas dire plus !!! ] du Sahel…
« Je n'étais pas que la fille de mon père. J'étais celle de toute la famille. Et chacun de mes oncles pouvait disposer de moi comme de son enfant. il était hors de question que je ne sois pas d'accord. J'étais leur fille. j'avais été élevée selon la tradition, initiée au respect strict que je devais à mes aînés. (p. 41)” [Ramla ]

L'ennemi n°1 des petites filles, jeunes filles, et des femmes… sont en premier les Hommes qui ont tout pouvoir sur elles, tout le long de leur existence bafouée… le deuxième ennemi, plus terrifiant encore , sont les victimes devenues bourreaux, c'est-à dire les femmes elles-mêmes : les co-épouses [ dans un régime polygame ], les belles-mères…etc.

Ces trois récits de parcours de femmes insistent sur les mariages forcés, les dégâts induites par la polygamie, la violence des hommes envers leurs femmes, leurs filles ; violence se communiquant ultérieurement sur les femmes elles-mêmes, qui se vengent, à leur tour, sur leurs « soeurs » plus faibles, ou en position de plus grande dépendance, ; un cercle infernal, incessant…


Dans ce monde peule, pour lutter contre la fatalité de naître « Femme » l'ésotérisme a une place de choix: les djinns, , les recours aux esprits , aux marabouts, jeter des sorts…tout est bon pour supporter et braver les malheurs qui tombent, s'accumulent sur la tête des Femmes !


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Après la condition des femmes palestiniennes dans le silence d'Isra (un roman bouleversant), je découvre celle des femmes au Sahel avec les impatientes. Et ce n'est guère réjouissant. 1 mot parcourt tout le livre : patience (Munyal). C'est le leitmotiv de toutes ces épouses. Une exhortation. Ton mari te viole : patience. Ton mari te frappe : patience. Ton mari prend une nouvelle épouse et te délaisse : patience. A travers les témoignages édifiants de Hindou, Safira et Ramla, c'est toute la condition des femmes camerounaises, peules et musulmanes qui est dénoncée : mariages forcés, polygamie, violences conjugales. Rien ne nous est épargné. Rien ne leurs est épargné. Soumises à leur famille, les jeunes filles passent de la tutelle d'un père à celle d'un mari. Sans autre choix possible. Terrible.
Une fiction malheureusement inspirée de faits réels (c'est l'autrice qui le dit). Un roman dans la short list du Goncourt.
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A peine avais je commencé ma lecture, que déjà je sentais l énervement me gagner...

Trois femmes, au destin malmené par les hommes.

Tout d abord, Ramla, une jeune femme obligée de se marier à un homme d une cinquantaine d années, très riche, et qui a déjà une épouse. Pour Ramla qui a chaque fois éconduit ses prétendants, c est un coup de massue. d'autant plus qu elle était fiancée à un homme qu elle aimait, avec qui elle avait des projets. Mais non, au final tout est annulé, parce que son oncle lui impose ce mariage...

Ensuite, Hindou, la soeur de Ramla. Elle a 17 ans, et on la marié de force à son cousin, un voyou qui a visiblement déjà violé une servante. Il boit et fumé, rentre tard la nuit, la bat, la trompe. Lorsqu elle décide de fuir, après une soirée de coups et un viol conjugal et que sa famille la retrouve, son père la bat.

Enfin, Safira, 35 ans et mariée à un homme riche depuis une vingtaine d années. Ce dernier, par caprice, décide de prendre une seconde épouse... Safira, blessée, humiliée par ce changement de direction soudain, fera tout pour faire partir la coepouse. de marabout en marabout, de piège en piège, elle ne lui épargne rien. Pourtant, son mari ne lui porte pas plus d attention et ne l en aimera pas davantage... Elle n est plus sa femme, mais une épouse parmi d autres.

Alors... Que dire ? Si ce n est que j ai été révoltée par ces gens qui disent en permanence aux femmes "patience". Patience de passer à côté de sa vie ? Patience sous les coups, les insultes, les humiliations ? Patience jusqu a quand ?

Écoeurant, car dans ce roman, personne n aide les victimes. On remet tout sur le dos des femmes... de génération en génération comme si c était normal, comme si leur vie ne valait finalement rien...

Un livre facile à lire au niveau de l écriture, au thème difficile et délicat à traiter.
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Le livre de Djaili Amadou Amal est une plongée sans concession dans l'univers de la polygamie et du mariage forcé, dont on ne sort indemne que parce que le voyage est littéraire. Les impatientes, celles qui le subissent et réussissent à y échapper, demeurent marquées leur vie entière dans leurs chairs et leurs âmes. Ce sont des coutumes et des pratiques d'un autre âge, qu'on ne peut plus tolérer et justifier sur la planète. La femme est un homme comme les autres, elle a le droit de choisir son destin, quand et avec qui, elle se marie, partage sa couche, cohabite, élève ses enfants. Elle n'est pas une marchandise que l'on vend, troque, cède, quel qu'en soit le motif, familial, tribal, ancestral.
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Munyal est le premier et le dernier mot de ce livre : munyal est un mot peul intraduisible qui désigne la patience que l'on demande aux femmes d'avoir, pour attendre que la solution s'améliore, espérer, comme si l'espoir pouvait suffire pour vivre. Cette patience imbécile de leur premier jusqu'à leur dernier souffle, elles la boiront jusqu'à la lie …
Ramla, Hindou et Safira, 3 jeunes femmes Camerounaises vont se confier à nous dans ce récit choral. Elles sont, comme tant d'autres au Cameroun soumises à la loi des hommes. Elles sont asservies, esclaves ; aucun droit à disposer de leur vie ni de leur corps ne leur est reconnu.
Ces pères, maris, oncles, frères ont droit de vie ou de mort sur elles, peuvent violer, insulter, battre, répudier, humilier, la liste est sans fin ... C'est le coeur serré qu'on lit cette litanie de souffrances et de douleurs dans ces milieux polygames, et dans lesquels les coépouses sont les pires ennemies, et participent finalement à leur propre aliénation.
Ce livre relève pour moi du témoignage plus que du roman, Djaïli Amadou Amal ayant en bonne partie vécu les horreurs subies par les trois héroïnes. C'est une pierre importante à l'édifice de la cause des droits des femmes en Afrique et un appel à leur émancipation par l'éducation, seule capable de leur permettre d'accéder à un travail et à l'autonomie.
Pas d'effet de style, ni d'envolées lyriques. Les dialogues, les situations, sont volontairement dits simplement, sans fioritures, pour rendre accessible au plus grand nombre possible, ce récit qui a eu un grand retentissement lors de sa publication en Afrique. Durs et efficaces, les mots résonnent en moi encore plusieurs jours après avoir refermé ce livre.
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