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Critique de Cigale17


[Lu dans le cadre du Prix des lectrices de Elle 2024]

Chez Madame Nicole, ce n'était pas mal. Il y avait Delphine, sa grande fille, et puis Jessica, une autre enfant placée, comme Skander. S'il excelle à l'école, le petit garçon a de sérieux problèmes : un ami imaginaire très présent et des cauchemars épouvantables. Skander va de temps en temps chez sa mère qui l'a abandonné quand il était très jeune. L'enfant de 8 ans qui raconte cette histoire n'en est pas encore pleinement conscient, mais le lecteur a compris qu'elle se prostituait. Tout va vraiment mal tourner quand Skander rentre de colonies de vacances : Madame Nicole est morte d'un cancer, et la mère du petit garçon bénéficie de nouveau de ses droits parentaux. Elle obtiendra que Skander soit placé chez Mme Khadija, qui jongle pour s'en sortir avec l'argent que lui donne l'ASE, et là, une nouvelle vie va s'ouvrir pour lui : on n'ira pas vers le mieux…
***
Ce que nous raconte Mokhtar Amoudi dans ce roman percutant semble en grande partie autobiographique. Skander se démarque des autres enfants placés et de ceux du quartier parce qu'il est curieux de tout, qu'il aime lire le dictionnaire, que ses résultats scolaires sont bons et qu'il paraît posséder déjà l'intuition de ce que ses qualités peuvent lui apporter. Cependant, il va connaître de multiples galères à cause de concours de circonstances malheureux. Il va inexorablement dériver, adopter les pratiques de ses copains et devenir à son tour un de ses gamins de banlieue présentés de manière assez caricaturale par certains médias. Une série de hasards va changer le cours des choses. J'ai beaucoup aimé les trois-quarts du roman malgré certaines maladresses. La voix de l'enfant sonne juste peut-être parce que sa relative naïveté écarte tout misérabilisme. En grandissant, Skander perd (heureusement !) cette naïveté, mais même dans les moments particulièrement difficiles, Mokhtar Amoudi évite les outrances d'un certain pathos et les nombreux lieux communs sur cette jeunesse des « quartiers ». Je suis restée sans voix devant les erreurs et les errances commises par les adultes censés apporter de l'aide à ces enfants. Certains sont très au-dessous de ce qu'on est en droit d'attendre d'eux. D'autres, au contraire, se démènent et ne lâchent pas les enfants dont ils ont eu à s'occuper. Malgré les ratés de quelques-uns, on sent toute la reconnaissance que l'auteur voue aux autres. Je me suis un peu perdue vers la fin du roman et j'ai trouvé le ton moins juste, mais la féroce ironie portée par le titre m'a enchantée et a influencé ma lecture. Un bon premier roman !

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