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sur 265 notes
°°° Rentrée littéraire 2023 # 50°°°

« J'aime pas vivre, j'ai voulu casser ma tête. C'était là ma première émotion non scolaire. Je m'étais persuadé ; j'étais mauvais et inutile à tous puisqu'en temps de paix, on n'abandonne pas son enfant. On m'avait maudit à la naissance. »

Lorsqu'on fait la connaissance de Skander, il est à l'hôpital, blessé après s'être jeté dans le vide pour fuir un cauchemar. Il a été abandonné très jeune à de l'ASE ( Aide sociale à l'enfance ) par une mère dysfonctionnelle. Il a désormais huit ans et sa vie est à nouveau chamboulée par un changement brutal de famille d'accueil. Ce sera Mme Khadidja et une cité de banlieue parisienne.

Pour raconter ce parcours initiatique ( à fortes résonances autobiographiques ) dont on ne saura qu'à la fin si le destin de Skander basculera définitivement dans la délinquance ou s'il parviendra à s'en extraire, Mokhtar Amoudi aurait pu opter pour un ton cliniquement documentaire ressassant des clichés déjà lus et vus moultes fois, ou tomber dans l'écueil d'un misérabilisme teinté de pathos lacrymogène, ou encore proposer un énième texte autofictionnel se grattant le nombril. Ce n'est jamais le cas et cela rend le roman d'autant plus intéressant et fort.

L'auteur propose certes un récit réaliste mais avant tout extrêmement vivant et romanesque. le lecteur est immédiatement immergé dans le parcours chaotique de Skander que l'on suit de l'enfance à l'adolescence, puis à l'orée de l'âge adulte, immédiatement à sa hauteur, ce qui permet de voir des choses qu'on ne voit jamais quand on parle des enfants placés, de leur ressenti, de leur devenir, avec la tendresse et la crudité nécessaires.

Les personnages sont particulièrement soignés. D'abord Skander, enfant attachant, intelligent, curieux, forcé à s'adapter alors qu'il ne sait pas qui il est. Pensant d'abord s'en sortir par la voie de la réussite scolaire et de l'amour des dictionnaires, en s'ouvrant au monde extérieur, il devient ce qu'il n'était pas au contact des délinquants de son quartier. On comprend toutes ses erreurs, ses failles, sa lucidité désarmante autant que sa naïveté, même lorsqu'il abandonne l'obsession d'être aimé par l'obsession de l'argent. Bref on est avec lui.

Et puis il y a les personnages féminins de la mère, engluée dans les addictions et la prostitution, qu'il voit en pointillé, et de Mme Khadidja qui le garde, deux magnifiques portraits de femmes en marge, fracassées par la vie.

Le récit est porté par une écriture alerte et enlevée qui désamorce toute situation douloureuse grâce à un humour et une fraicheur qui font du bien à lire sur des sujets aussi sensibles qui questionnent le déterminisme social.





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On ne peut pas dire que les fées se sont penchées sur le berceau de Skander. Abandonné très jeune par une mère dysfonctionnelle et placé en familles d'accueil, le voilà qui atterrit dans le 9-3, chez Madame Khadija, bien occupée à joindre les deux bouts avec l'argent que lui rapportent les enfants de l'Aide Sociale à l'Enfance. Lui, le bon élève rêvant d'études supérieures, se retrouve au beau milieu des caïds de banlieue, des bagarres et de la délinquance, à deux doigts des filets tendus, d'un côté par l'idéologie salafiste, de l'autre, par l'argent facile de la drogue. Alors, succombera-t-il, lui aussi, à ces conditions si peu idéales ?


Caméra sur l'épaule de ce personnage en partie inspiré de sa propre histoire, Mokhtar Amoudi pose, avec une lucidité côtoyant avec mélancolie la fraîcheur candide et spontanée de son regard d'enfant, la question du déterminisme social. Habitué à s'accommoder d'un environnement affectif défaillant, Skandar doit maintenant résister à la pente, où, pour avoir la paix, il lui serait facile de suivre les autres jeunes. de petits trafics en actes de délinquance de plus en plus lourds, l'engrenage est insidieux et la dérive de plus en plus franche. Sans pour autant de complaisance ni lui chercher d'excuse, la narration observe les tiraillements de l'adolescent, entretenant la tension née de la certitude de le voir vaciller sur une ligne de crête décisive. Pour lutter contre les forces de gravité qui menacent de l'enfermer lui aussi dans le vase clos de ce milieu, il dépendra de sa propre capacité de résilience, mais aussi – l'hommage transpire du texte – de l'accompagnement de l'ASE et du soutien exigeant et bienveillant de quelques adultes soucieux de son évolution.


L'on pourrait être tenté de ne voir dans ce récit que l'accumulation à satiété des stéréotypes et des clichés habituels sur la banlieue. Ce serait sans compter la voix sincère et désarmante, délaissant pathos et misérabilisme pour une bienveillance teintée d'un humour tendre, qui fait toute la fraîcheur et le charme de ce premier roman pudique et attachant, si singulièrement subtil dans l'expression de sa révolte.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Née d'une prostituée algérienne, Skander est placé par les services sociaux dans une famille d'accueil où « tante Nicole » lui donne une éducation d'autant plus fructueuse qu'il est doué et lit le dictionnaire, entouré de l'affection de Jessica.
Mais un cancer achève « tante Nicole » en quelques semaines et Skander tombe alors de Charybde en Scylla : à la demande de sa mère, une « racaille judiciaire », il subit une circoncision et un tatouage au henné, puis est placé (contre son gré) chez la cupide et délétère Madame Khadija pour favoriser son « acculturation », et non dans la famille Hubert, et il se voit imposé les programmes télévisés arabes et des vacances dans le bled marocain.
Ces « conditions idéales », cautionnées par la justice et l'assistante sociale, le marginalisent et le condamnent à la déchéance. Dès son entrée au collège il devient délinquant et participe à des pillages de boutiques, des escroqueries au chéquier volé, à l'agression d'un diplomate dans le Valais, au trafic de stupéfiants et aux guerres des tribus Séquano-Dionysiennes où il poignarde un adolescent.
La mort d'un dealer le fait réfléchir et l'obtention du baccalauréat lui permet de prendre ses distances, de s'installer dans un foyer parisien du quartier Pereire et d'entrer à l'université.
Ce roman, sans doute partiellement autobiographique, inscrit Mokhtar Amoudi dans la lignée de Charles Dickens avec « Les grandes espérances » et Hector Malot avec « Romain Kalbris ». Son pathos touche au coeur le lecteur.
Elu « Goncourt des détenus » 2023, ce récit est écrit dans une langue qui n'est certes pas celle des deux frères mais respecte leurs convictions affirmées dans « La fille Elisa » et j'espère que Skander devenu adulte, mènera une vie respectable, conforme aux rêves éducatifs des Goncourt.
Mais ce témoignage doit nous alerter sur les dérives de l'ASE (Aide Sociale aux Enfants) et les dérapages de « l'acculturation » qui éteint les lumières de la civilisation et freine, voire interdit toute intégration, en enfermant dans l'obscurantisme.
Quelle aurait été l'adolescence de Skander si « Tante Nicole » avait survécu ou s'il avait été placé chez les Hubert, dans un environnement autoritaire, éducatif et laborieux … c'est-à-dire dans des « conditions idéales » ?
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Itinéraire d'un enfant pas vraiment gâté

La route devant lui.
Une route cahoteuse, chaotique pas franchement féerique.
Un chemin cabossé, rongé par des nids de poules, cerné par des ornières, qui ne met pas Skander dans "les conditions idéales" pour aller très loin dans la vie.
Un père évaporé, une mère constamment à la marge qui a souvent l'occasion de méditer sur ses défaillances dans une cellule à Fleury.
Le pauvre Skander, sous l'égide de L'Aide Sociale à l'Enfance, écume les familles d'accueil dès son plus jeune âge.
La promesse d'un avenir radieux ne semble pas à l'ordre du jour.
Son arrivée chez Madame Khadija à Courseine, une ville terne et agitée de la banlieue parisienne, va se révéler capitale. Soumis aux tentations et à la facilité des chemins de traverse les plus obscurs, le jeune homme passionné par l'histoire et doué pour les études va devoir faire des choix..

Ce roman d'apprentissage mettant en scène les aventures d'un "sans famille " des temps modernes a le mérite d'esquiver élégamment les stéréotypes agaçants qui ont trop souvent tendance à s'imposer dans ce genre d'histoire. En évitant l'écueil du misérabilisme et l'excès de pathos, l'auteur réussit à rendre son personnage imparfait plutôt attachant. Seuls quelques passages un peu monotones ont parfois tendance à trop ralentir, à mon goût, le rythme du récit.
Mais au final, grâce à ce premier roman très prometteur Mokhtar Amoudi peut nourrir de grandes espérances.
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A la lecture du titre , on se sent un peu interrogateur . Que sont des " conditions idéales " pour s'intégrer ? Une ironie lorsque , enfant algérien , on a une mère dépressive , sous tutelle et , plus tard , en prison ? Lorsque le père a courageusement " foutu le camp " ? Bon , comme départ dans la vie , il y a mieux , non ? . Et puis , il y a l'ASE , l'Aide Sociale à l'Enfance . Une administration avec tout ce qu'on peut , ou pas , attendre d'elle . Avec des familles d'accueil , pleines d'amour ou ...d'envie de gagner de l'argent ?
Et voilà , c'est parti pour une éducation dans les quartiers . Certes , le potentiel intellectuel du garçon est là mais résistera - t- il à la force , à la violence , aux trafics de la rue , à l'argent facile ?
Et si l'on suivait Skander dans ce récit initiatique , ce chemin d'épines qui le conduira dans un sens ou dans l'autre ?
La garçon est intelligent , sensé , mais l'argent ...
Encore un roman sur la difficulté de la vie dans les cités , sur la difficulté de l'intégration , sur la difficulté de l'identification dans un monde aux codes pipés par l'absence de socle familial .Oui , cela a été vu et , sans doute revu , mais ce récit offre un aspect de sincérité et de résilience intéressants .
Un roman n'est pas finaliste de certains grands prix littéraires par hasard . J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt malgré , et , je vous l'accorde , quelques longueurs , la vie parsemée d'embûches de Skander et j'avoue avoir porté sur lui un regard empreint d'une certaine indulgence .
C'est un premier roman touchant avec , sans doute , les imperfections " du débutant " qui , à mon avis , ne devrait pas en rester là .
C'est un roman de nature à mieux comprendre le schéma de notre société future , à mieux l'assimiler , l'accepter .Mais ça , c'est une autre histoire , un autre débat dans lequel je ne me lancerai pas ici .
J'ai aimé accompagner Skander qui m'a ému , énervé , irrité , à qui j'aurais pu donner une baffe ( Stop ! C'est interdit et passible de poursuites !!! ) ou que j'aurais pu embrasser ( Stop ! C'est interdit , agression sexuelle !!! ) , bref , j'ai aimé sa compagnie et son cheminement dans une jungle parsemée de dangers .
Allez , chers amis et amies , je vous laisse et à très bientôt .
Amitiés et bon week end , le soleil brille .Profitons .
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« C'est un livre, souvent un roman, qui te marque pour toujours. Tu le lis et tu as l'impression que l'auteur l'a écrit pour toi. » ● Skander a été placé à l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) dès son plus jeune âge. Il a toujours sa mère, mais, enchaînée par ses addictions, celle-ci est incapable de l'élever et est elle-même sous curatelle. Petit, il vit relativement heureux chez Delphine, mais doit changer de famille d'accueil et se retrouve chez Mme Khadija à Courseine (ville imaginaire de l'Essonne). Elle est obnubilée par l'argent. Vient le moment où Skander entre au collège et il va suivre malgré lui la loi des voyous du Grand Quartier, où il habite. Il a pourtant l'esprit curieux, adore lire le dictionnaire, bref, il a du potentiel. Parviendra-t-il, dans ce contexte, à l'exploiter ? ● J'ai beaucoup aimé ce roman d'apprentissage au soubassement autobiographique et au titre ironique, notamment son style mêlé d'oralité, avec un réel souci de faire évoluer la langue à mesure que le narrateur, Skander, grandit. Les dialogues sont percutants. le récit est plein de petites ellipses qui lui donnent du rythme. ● En lisant, j'ai pensé à Mort à crédit de Céline ; je trouve que le petit Ferdinand a des ressemblances avec Skander, sa vive intelligence en butte au monde extérieur qui souvent lui veut du mal. ● Malgré la thématique du livre, on n'est pas du tout dans la déploration ou dans le pathétique ; le récit est souvent drôle, léger. ● Les dernières pages laissent espérer une suite ; pourvu qu'elle vienne !
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*Est-ce que les gens naissent égaux en droits
À l'endroit où ils naissent
Que les gens naissent pareils ou pas*

Les conditions idéales, ce sont les conditions pour grandir de façon optimale en harmonie. C'est ce que Skander n'a pas eu du tout... même si dans son malheur il a eu de la chance d'être plus malheureux que les autres.
Mokhtar Amoudi nous raconte la vie d'un enfant, fils d'une droguée prostituée algérienne, qui ne connait pas son père, et qui est placé dans une famille de l'aide sociale à l'enfance.L'abandon il connait, son père, le premier, puis les familles d'accueil qui ne veulent plus s'occuper des enfants.
Lui, il aime la géographie et le dictionnaire, il n'est pas con Skander. Il travaille bien à l'école.
Au moment de changement de famille, plusieurs veulent l'accueillir. Lui avait vu une famille française. Sa mère n'en a pas voulu car elle voulait une famille d'accueil maghrébine pour que Skander vive dans sa culture.
Entre intégration et désintégration, elle a choisi, et le juge a suivi.
Donc au lieu de se retrouver en province dans une famille de la classe moyenne, il se retrouve chez Madame Khadija dans une cité en banlieue parisienne. Khadija, c'est pas par amour de son prochain qu'elle accueille un gamin, mais pour l'argent. En même temps, il faut du coeur et du courage aussi pour faire grandir des gamins : Skander, mais aussi Dimitri l'étranger qui ne parle pas français, ...
Et c'est là que tout part en vrille pour Skander. Mauvaises fréquentations, mère en prison, clans, drogue,... le gamin n'est pas fondamentalement mauvais, il n'est juste pas dans les conditions idéales.
Heureusement que l'aide à la jeunesse veille et que la justice est clémente, il pourra s'en sortir et s'intégrer grâce à l'éducation.

Soyons clair, c'est un excellent roman et c'est très bien écrit. On suit avec attention et le coeur serré les rebondissements de la vie de Skander.
C'est une jolie fable qui nous laisse penser que le petit dealer de cité pourrait s'en sortir si l'état lui tendait la main. Que tous ceux qui veulent s'en sortir peuvent en avoir la possibilité.
C'est aussi une plongée dans les quartiers ghetto no man's land où l'on se dit que quoi que tu fasses tu ne t'en sors pas, tu ne peux que sombrer.

Comment devenir transfuge de classe dans le 93, ce ne sont pas les conditions idéales.
Ca nous fait aussi réfléchir sur nos conditions idéales...







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Dès les premières phrases, le décor est dessiné. le héros n'en sera pas un, ou alors il aura fort à faire pour sortir de l'image qu'il renvoie à son entourage. Il est au collège, plutôt doué et intéressé par des sujets qu'il ne partagera certainement pas avec sa mère, sous tutelle, ou sa famille d'accueil, la énième depuis des années.

Pas seul dans ce combat, ses intérêts sont-ils vraiment bien pris en compte par les équipes bienveillantes de l'Aide sociale à l'enfance, qui ne souhaitent qu'une chose, faire de lui une exception, le sortir de ce milieu mortifère, où le besoin d'argent conduit inexorablement les jeunes au trafic de drogue. Parce que pour obtenir les chaussures de la bonne marque et les fringues qui affichent ton statut, il n'y a qu'une solution : trouver de la tune.

C'est Skander lui-même qui se raconte. A un rythme effréné, les années défilent, les échecs se mêlent aux petites victoires. Que deviendra t-il? Il faudra attendre les dernières pages pour le découvrir.

Chronique de la banlieue défavorisée, identifiée par une cité fictive, archétype de toutes les cités ghetto qui entourent nos grandes villes, ce roman dépeint le parcours d'un ado doué mais oublié des bonnes fées, qui se bat pour se sortir de ce marasme, avec le risque imminent à toutes étapes de son parcours de tomber dans le piège de la facilité et rejoindre la cohorte des petits délinquants.

277 pages Gallimard août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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[Lu dans le cadre du Prix des lectrices de Elle 2024]

Chez Madame Nicole, ce n'était pas mal. Il y avait Delphine, sa grande fille, et puis Jessica, une autre enfant placée, comme Skander. S'il excelle à l'école, le petit garçon a de sérieux problèmes : un ami imaginaire très présent et des cauchemars épouvantables. Skander va de temps en temps chez sa mère qui l'a abandonné quand il était très jeune. L'enfant de 8 ans qui raconte cette histoire n'en est pas encore pleinement conscient, mais le lecteur a compris qu'elle se prostituait. Tout va vraiment mal tourner quand Skander rentre de colonies de vacances : Madame Nicole est morte d'un cancer, et la mère du petit garçon bénéficie de nouveau de ses droits parentaux. Elle obtiendra que Skander soit placé chez Mme Khadija, qui jongle pour s'en sortir avec l'argent que lui donne l'ASE, et là, une nouvelle vie va s'ouvrir pour lui : on n'ira pas vers le mieux…
***
Ce que nous raconte Mokhtar Amoudi dans ce roman percutant semble en grande partie autobiographique. Skander se démarque des autres enfants placés et de ceux du quartier parce qu'il est curieux de tout, qu'il aime lire le dictionnaire, que ses résultats scolaires sont bons et qu'il paraît posséder déjà l'intuition de ce que ses qualités peuvent lui apporter. Cependant, il va connaître de multiples galères à cause de concours de circonstances malheureux. Il va inexorablement dériver, adopter les pratiques de ses copains et devenir à son tour un de ses gamins de banlieue présentés de manière assez caricaturale par certains médias. Une série de hasards va changer le cours des choses. J'ai beaucoup aimé les trois-quarts du roman malgré certaines maladresses. La voix de l'enfant sonne juste peut-être parce que sa relative naïveté écarte tout misérabilisme. En grandissant, Skander perd (heureusement !) cette naïveté, mais même dans les moments particulièrement difficiles, Mokhtar Amoudi évite les outrances d'un certain pathos et les nombreux lieux communs sur cette jeunesse des « quartiers ». Je suis restée sans voix devant les erreurs et les errances commises par les adultes censés apporter de l'aide à ces enfants. Certains sont très au-dessous de ce qu'on est en droit d'attendre d'eux. D'autres, au contraire, se démènent et ne lâchent pas les enfants dont ils ont eu à s'occuper. Malgré les ratés de quelques-uns, on sent toute la reconnaissance que l'auteur voue aux autres. Je me suis un peu perdue vers la fin du roman et j'ai trouvé le ton moins juste, mais la féroce ironie portée par le titre m'a enchantée et a influencé ma lecture. Un bon premier roman !

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Pas convaincue.

Skander est placé à l'Aide sociale à l'enfance depuis toujours, intelligent et passionné par la lecture, sa vie prend un mauvais tournant lorsqu'il est placé chez Madame Khadija.

C'est l'histoire de Skander un enfant qui pourrait être comme tous les autres. Mais Skander n'est pas comme tous les autres. Placé à l'Aide sociale à l'enfance depuis la petite enfance, sa vie semble déjà avoir pris un mauvais départ. Néanmoins sa grande intelligence le fait se démarquer des autres enfants de l'ASE.

Initialement placé dans une famille aimante, Skander va voir sa vie basculer au décès de sa tutrice. Sur la demande de sa mère qui souhaite le voir souvent, ce dernier va être placé chez Madame Khadija en banlieue parisienne. Celle-ci est assistante maternelle pour l'argent.

Et c'est le début de la chute. de bon élève Skander se transforme en petit délinquant. L'histoire est supposée être racontée avec humour, je l'ai surtout trouvée poussive et répétitive. Si enfant Skander est touchant avec sa naïveté, il devient tête à claque à l'adolescence. le voir abandonner son travail à l'école juste pour suivre la masse, et essayer de vaguement plaire à quelques petits caïds, donne une sensation d'immense gâchis.

Toutefois, les passages concernant la religion sont très drôles et justes. le passage dans la mosquée salafiste est excellent. Sous couvert d'humour, il montre la main mise des extrémistes religieux sur certains quartiers. Enfin, la fin montre une lueur d'espoir pour la suite. Skander parvient à se reprendre in-extremis et va faire des études. Je regrette malgré tout qu'il n'y ait pas un épilogue plusieurs années après pour voir son évolution.

Bref, un premier roman qui ne m'a pas convaincue.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024
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