AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072999598
Gallimard (24/08/2023)
3.44/5   257 notes
Résumé :
"En quelques trimestres j'avais tourné casaque. Les Français m'évitaient, avertis par leurs parents des risques de mauvaise influence qu'ils couraient à me fréquenter. Pire, mes bulletins scolaires, ombre bien obscure, me qualifiaient de décadent et d'insolent. Devenu inapte à représenter ma classe, je laissai les professeurs m'achever lors du dernier conseil de l'année. On comparait mon apogée scolaire à la Renaissance ; un bon souvenir qui ne reviendrait jamais."P... >Voir plus
Que lire après Les conditions idéalesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 257 notes
°°° Rentrée littéraire 2023 # 50°°°

« J'aime pas vivre, j'ai voulu casser ma tête. C'était là ma première émotion non scolaire. Je m'étais persuadé ; j'étais mauvais et inutile à tous puisqu'en temps de paix, on n'abandonne pas son enfant. On m'avait maudit à la naissance. »

Lorsqu'on fait la connaissance de Skander, il est à l'hôpital, blessé après s'être jeté dans le vide pour fuir un cauchemar. Il a été abandonné très jeune à de l'ASE ( Aide sociale à l'enfance ) par une mère dysfonctionnelle. Il a désormais huit ans et sa vie est à nouveau chamboulée par un changement brutal de famille d'accueil. Ce sera Mme Khadidja et une cité de banlieue parisienne.

Pour raconter ce parcours initiatique ( à fortes résonances autobiographiques ) dont on ne saura qu'à la fin si le destin de Skander basculera définitivement dans la délinquance ou s'il parviendra à s'en extraire, Mokhtar Amoudi aurait pu opter pour un ton cliniquement documentaire ressassant des clichés déjà lus et vus moultes fois, ou tomber dans l'écueil d'un misérabilisme teinté de pathos lacrymogène, ou encore proposer un énième texte autofictionnel se grattant le nombril. Ce n'est jamais le cas et cela rend le roman d'autant plus intéressant et fort.

L'auteur propose certes un récit réaliste mais avant tout extrêmement vivant et romanesque. le lecteur est immédiatement immergé dans le parcours chaotique de Skander que l'on suit de l'enfance à l'adolescence, puis à l'orée de l'âge adulte, immédiatement à sa hauteur, ce qui permet de voir des choses qu'on ne voit jamais quand on parle des enfants placés, de leur ressenti, de leur devenir, avec la tendresse et la crudité nécessaires.

Les personnages sont particulièrement soignés. D'abord Skander, enfant attachant, intelligent, curieux, forcé à s'adapter alors qu'il ne sait pas qui il est. Pensant d'abord s'en sortir par la voie de la réussite scolaire et de l'amour des dictionnaires, en s'ouvrant au monde extérieur, il devient ce qu'il n'était pas au contact des délinquants de son quartier. On comprend toutes ses erreurs, ses failles, sa lucidité désarmante autant que sa naïveté, même lorsqu'il abandonne l'obsession d'être aimé par l'obsession de l'argent. Bref on est avec lui.

Et puis il y a les personnages féminins de la mère, engluée dans les addictions et la prostitution, qu'il voit en pointillé, et de Mme Khadidja qui le garde, deux magnifiques portraits de femmes en marge, fracassées par la vie.

Le récit est porté par une écriture alerte et enlevée qui désamorce toute situation douloureuse grâce à un humour et une fraicheur qui font du bien à lire sur des sujets aussi sensibles qui questionnent le déterminisme social.





Commenter  J’apprécie          1238
On ne peut pas dire que les fées se sont penchées sur le berceau de Skander. Abandonné très jeune par une mère dysfonctionnelle et placé en familles d'accueil, le voilà qui atterrit dans le 9-3, chez Madame Khadija, bien occupée à joindre les deux bouts avec l'argent que lui rapportent les enfants de l'Aide Sociale à l'Enfance. Lui, le bon élève rêvant d'études supérieures, se retrouve au beau milieu des caïds de banlieue, des bagarres et de la délinquance, à deux doigts des filets tendus, d'un côté par l'idéologie salafiste, de l'autre, par l'argent facile de la drogue. Alors, succombera-t-il, lui aussi, à ces conditions si peu idéales ?


Caméra sur l'épaule de ce personnage en partie inspiré de sa propre histoire, Mokhtar Amoudi pose, avec une lucidité côtoyant avec mélancolie la fraîcheur candide et spontanée de son regard d'enfant, la question du déterminisme social. Habitué à s'accommoder d'un environnement affectif défaillant, Skandar doit maintenant résister à la pente, où, pour avoir la paix, il lui serait facile de suivre les autres jeunes. de petits trafics en actes de délinquance de plus en plus lourds, l'engrenage est insidieux et la dérive de plus en plus franche. Sans pour autant de complaisance ni lui chercher d'excuse, la narration observe les tiraillements de l'adolescent, entretenant la tension née de la certitude de le voir vaciller sur une ligne de crête décisive. Pour lutter contre les forces de gravité qui menacent de l'enfermer lui aussi dans le vase clos de ce milieu, il dépendra de sa propre capacité de résilience, mais aussi – l'hommage transpire du texte – de l'accompagnement de l'ASE et du soutien exigeant et bienveillant de quelques adultes soucieux de son évolution.


L'on pourrait être tenté de ne voir dans ce récit que l'accumulation à satiété des stéréotypes et des clichés habituels sur la banlieue. Ce serait sans compter la voix sincère et désarmante, délaissant pathos et misérabilisme pour une bienveillance teintée d'un humour tendre, qui fait toute la fraîcheur et le charme de ce premier roman pudique et attachant, si singulièrement subtil dans l'expression de sa révolte.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          1018
Née d'une prostituée algérienne, Skander est placé par les services sociaux dans une famille d'accueil où « tante Nicole » lui donne une éducation d'autant plus fructueuse qu'il est doué et lit le dictionnaire, entouré de l'affection de Jessica.
Mais un cancer achève « tante Nicole » en quelques semaines et Skander tombe alors de Charybde en Scylla : à la demande de sa mère, une « racaille judiciaire », il subit une circoncision et un tatouage au henné, puis est placé (contre son gré) chez la cupide et délétère Madame Khadija pour favoriser son « acculturation », et non dans la famille Hubert, et il se voit imposé les programmes télévisés arabes et des vacances dans le bled marocain.
Ces « conditions idéales », cautionnées par la justice et l'assistante sociale, le marginalisent et le condamnent à la déchéance. Dès son entrée au collège il devient délinquant et participe à des pillages de boutiques, des escroqueries au chéquier volé, à l'agression d'un diplomate dans le Valais, au trafic de stupéfiants et aux guerres des tribus Séquano-Dionysiennes où il poignarde un adolescent.
La mort d'un dealer le fait réfléchir et l'obtention du baccalauréat lui permet de prendre ses distances, de s'installer dans un foyer parisien du quartier Pereire et d'entrer à l'université.
Ce roman, sans doute partiellement autobiographique, inscrit Mokhtar Amoudi dans la lignée de Charles Dickens avec « Les grandes espérances » et Hector Malot avec « Romain Kalbris ». Son pathos touche au coeur le lecteur.
Elu « Goncourt des détenus » 2023, ce récit est écrit dans une langue qui n'est certes pas celle des deux frères mais respecte leurs convictions affirmées dans « La fille Elisa » et j'espère que Skander devenu adulte, mènera une vie respectable, conforme aux rêves éducatifs des Goncourt.
Mais ce témoignage doit nous alerter sur les dérives de l'ASE (Aide Sociale aux Enfants) et les dérapages de « l'acculturation » qui éteint les lumières de la civilisation et freine, voire interdit toute intégration, en enfermant dans l'obscurantisme.
Quelle aurait été l'adolescence de Skander si « Tante Nicole » avait survécu ou s'il avait été placé chez les Hubert, dans un environnement autoritaire, éducatif et laborieux … c'est-à-dire dans des « conditions idéales » ?
Commenter  J’apprécie          810
Itinéraire d'un enfant pas vraiment gâté

La route devant lui.
Une route cahoteuse, chaotique pas franchement féerique.
Un chemin cabossé, rongé par des nids de poules, cerné par des ornières, qui ne met pas Skander dans "les conditions idéales" pour aller très loin dans la vie.
Un père évaporé, une mère constamment à la marge qui a souvent l'occasion de méditer sur ses défaillances dans une cellule à Fleury.
Le pauvre Skander, sous l'égide de L'Aide Sociale à l'Enfance, écume les familles d'accueil dès son plus jeune âge.
La promesse d'un avenir radieux ne semble pas à l'ordre du jour.
Son arrivée chez Madame Khadija à Courseine, une ville terne et agitée de la banlieue parisienne, va se révéler capitale. Soumis aux tentations et à la facilité des chemins de traverse les plus obscurs, le jeune homme passionné par l'histoire et doué pour les études va devoir faire des choix..

Ce roman d'apprentissage mettant en scène les aventures d'un "sans famille " des temps modernes a le mérite d'esquiver élégamment les stéréotypes agaçants qui ont trop souvent tendance à s'imposer dans ce genre d'histoire. En évitant l'écueil du misérabilisme et l'excès de pathos, l'auteur réussit à rendre son personnage imparfait plutôt attachant. Seuls quelques passages un peu monotones ont parfois tendance à trop ralentir, à mon goût, le rythme du récit.
Mais au final, grâce à ce premier roman très prometteur Mokhtar Amoudi peut nourrir de grandes espérances.
Commenter  J’apprécie          792
A la lecture du titre , on se sent un peu interrogateur . Que sont des " conditions idéales " pour s'intégrer ? Une ironie lorsque , enfant algérien , on a une mère dépressive , sous tutelle et , plus tard , en prison ? Lorsque le père a courageusement " foutu le camp " ? Bon , comme départ dans la vie , il y a mieux , non ? . Et puis , il y a l'ASE , l'Aide Sociale à l'Enfance . Une administration avec tout ce qu'on peut , ou pas , attendre d'elle . Avec des familles d'accueil , pleines d'amour ou ...d'envie de gagner de l'argent ?
Et voilà , c'est parti pour une éducation dans les quartiers . Certes , le potentiel intellectuel du garçon est là mais résistera - t- il à la force , à la violence , aux trafics de la rue , à l'argent facile ?
Et si l'on suivait Skander dans ce récit initiatique , ce chemin d'épines qui le conduira dans un sens ou dans l'autre ?
La garçon est intelligent , sensé , mais l'argent ...
Encore un roman sur la difficulté de la vie dans les cités , sur la difficulté de l'intégration , sur la difficulté de l'identification dans un monde aux codes pipés par l'absence de socle familial .Oui , cela a été vu et , sans doute revu , mais ce récit offre un aspect de sincérité et de résilience intéressants .
Un roman n'est pas finaliste de certains grands prix littéraires par hasard . J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt malgré , et , je vous l'accorde , quelques longueurs , la vie parsemée d'embûches de Skander et j'avoue avoir porté sur lui un regard empreint d'une certaine indulgence .
C'est un premier roman touchant avec , sans doute , les imperfections " du débutant " qui , à mon avis , ne devrait pas en rester là .
C'est un roman de nature à mieux comprendre le schéma de notre société future , à mieux l'assimiler , l'accepter .Mais ça , c'est une autre histoire , un autre débat dans lequel je ne me lancerai pas ici .
J'ai aimé accompagner Skander qui m'a ému , énervé , irrité , à qui j'aurais pu donner une baffe ( Stop ! C'est interdit et passible de poursuites !!! ) ou que j'aurais pu embrasser ( Stop ! C'est interdit , agression sexuelle !!! ) , bref , j'ai aimé sa compagnie et son cheminement dans une jungle parsemée de dangers .
Allez , chers amis et amies , je vous laisse et à très bientôt .
Amitiés et bon week end , le soleil brille .Profitons .
Commenter  J’apprécie          694


critiques presse (7)
LeJournaldeQuebec
08 janvier 2024
Un roman d’apprentissage prenant qui ne manque pas de charme.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Elle
26 décembre 2023
Sombre mais drôle, ce roman d’apprentissage traite notamment du rapport à l’autorité et à l’argent dans les banlieues.
Lire la critique sur le site : Elle
Culturebox
12 décembre 2023
"Les conditions idéales", un premier roman aussi puissant qu’attachant. Mokhtar Amoudi, naissance d’une plume subtile.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
15 septembre 2023
Mokhtar Amoudi relate avec autant d’esprit que de tendresse la trajectoire chaotique d’un adolescent placé en famille d’accueil.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
11 septembre 2023
Il y a de tout dans ce premier roman de Mokhtar Amoudi, Les conditions idéales (éditions Gallimard) : une écriture ciselée, un humour fin, une sincérité désarmante, des références subtiles et un espoir à portée de main.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LesEchos
07 septembre 2023
Roman d'apprentissage puissant à l'écriture originale et percutante, « Les Conditions idéales » de Mokhtar Amoudi sonnent aussi comme une brûlante piqûre de rappel.
Lire la critique sur le site : LesEchos
OuestFrance
05 septembre 2023
Au croisement du roman de formation et du récit autobiographique, « Les Conditions idéales » raconte plus qu’un homme.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
En terminale, l'usage veut qu'on obtienne son bac et qu'on s'attaque ensuite aux études. Alors, les élèves changent et redoublent d'efforts, à cause de l'espoir des filières sélectives. Pour rattraper mon retard, j'essayai de me greffer à cette émulation. Mais des professeurs aux élèves, plus personne ne me prenait au sérieux.

Au moins, j'étais vierge en philosophie, matière nouvelle. A la différence de la comptabilité, elle me plaisait. Grâce à elle, on se sent de la section générale, on revient dans le monde du cerveau. Mais elle tourne à vide cette discipline. De bonne réponse, il n'y en a simplement pas. « Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien. »

Tels des novices de la pensée, nous discutions de cette phrase de Socrate lorsque le conseiller d'éducation principal interrompit notre cours. Il voulait que je le suive : « Finie la maïeutique, prends tes affaires. »
Commenter  J’apprécie          460
La mère demanda si quelqu'un voulait lui rendre hommage. Le père, on ne savait pas où il était. J'aurais aimé raconter Julien, tel que je l'avais connu, généreux, apporteur de tout un espoir. Mais je n'avais pas ce courage. Elle commença alors son discours dans un joli français, bien dit, sans larmes. Elle racontait combien elle aimait son fils.

Puis elle a dit : «II m'a toujours aidée... » On attendait la suite. Elle regarda la salle, le fond, là où les personnes du Grand Quartier, moins nombreuses qu'aux émeutes, tenaient le mur du crématorium. Elle devait le savoir, la mère, que son fils l'avait aidée avec son four à cannabis et aussi l'argent de la cocaïne. Je crois bien que c'est pour ça qu'elle n'alla pas plus loin. Rendre hommage à l'argent sale, c'est la limite. On ne fait pas ça. Elle a dit : « Merci », puis on a regardé le cercueil rouler de la plate-forme aux flammes.
Commenter  J’apprécie          340
Heureusement, devant un bâtiment historique, la Sorbonne, elle changea de sujet et me parla de ses chocs littéraires. L'expression était la sienne. « C'est un livre, souvent un roman, qui te marque pour toujours. Tu le lis et tu as l'impression que l'auteur l’a écrit pour toi. Tu connais Dickens, Les Grandes Espérances ? Ma mère me l'a offert. Ça se passe au Royaume-Uni, mon pays préféré. C'est marrant, ça m'a fait penser à toi ! »

Moi, je n'avais même pas le poème de mon bac français à lui citer.
Commenter  J’apprécie          230
En guise de famille sanguine, j’étais donc cerné par des repris de justice, des abrutis, ou des inconnus, éparpillés entre la France et l’Algérie. Sans compter les fausses familles issues de l’assistance, celles qu’on subit ou qui abandonnent. Tout ça pour moi. J’aurais donné beaucoup pour naître ailleurs.
Commenter  J’apprécie          370
"Le cauchemar, il veut me tuer !" C'était mon vingtième cette année. Assis sur le lit avec mon pansement au front, j'ai raconté ces nuits où l'apocalypse arrivait toujours, me courant après, lâchant ses tonnes d'acier tombées du ciel. Avant de mourir écrasé , je hurlais et me réveillais. Puis j'avais des migraines explosives.
Commenter  J’apprécie          340

Videos de Mokhtar Amoudi (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mokhtar Amoudi
#12marsjelis Le Centre national du livre (CNL) en collaboration avec le ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse et l'ensemble de ses partenaires invite, pour la troisième édition, tous les Françaises et Français à un « quart d'heure de lecture » national, le mardi 12 mars 2024.
Le CNL remercie les ambassadeurs de cette 3e édition du Quart d'heure de lecture national : Mokhtar Amoudi, Anne-Laure Bondoux, Pomme, le Professeur Rufo et Arthur Teboul, qui ont accepté de partager leur goût pour le livre et la lecture.
Suivez le CNL sur son site et les réseaux sociaux :
Site officiel : www.centrenationaldulivre.fr Facebook : Centre national du livre Twitter : @LeCNL Instagram : le_cnl Linkedin : Centre national du livre
+ Lire la suite
autres livres classés : intégrationVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (786) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3667 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..