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Citations sur Cendres : Poèmes (1928-1934) (7)

Tout meurt,
Tout se dissout
Pour que naisse la vie
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Adieu au pays natal

Dresse-toi devant moi, mon fils, pour que je me souvienne de ta taille
Je veux aller trouver ma Famille
Un cercle de mains caressantes,
De douces mains humaines
Où l’oubli soit enclos.
Je veux aller trouver ma vraie famille humaine.
Sous les branches bombées de l’olivier bruni,
Et les pentes à nu de ces collines bleues
Le Désespoir dormait.
Et le ciel inclément sur ces masses perdues à jamais
Dans la Mort impalpable et splendide,
Versait sa fraîcheur bleue.
La vie légère s’envolait des fleurs violettes des pêchers,
Et dans le fond des ravins bleus
Chantait l’Eau de la Miséricorde.
Je veux aller trouver les Anges, mes frères,
Dans le pays muet que renferme mon cœur.
Âmes, ô Âmes des Morts !
Sous le schiste strié
Les olives pleuraient sur vos os oubliés,
Mais l’huile ensoleillée ne pourra plus jamais,
Pourtant, jamais,
Redonner la jeunesse à vos membres séchés.
Coulez-vous dans le ciel,
A l’heure où l’épervier,
Autour des gouffres bleus
Enroule son vol silencieux ?
Est-ce vous, ô voyageuses de l’éternelle angoisse,
Qui traversez la foule des étoiles innombrables,
Dans le ciel noir où mon étoile, un jour, me fera signe ?
Mais, sa place,
Celle de votre enfant, malgré vous, malgré lui
Prisonnier de ces os rendu au schiste sec,
Mais, ma place,
Celle de votre fils aux membres ligotés
Où, où est-elle ?
Je voudrais reposer dans ma famille humaine,
Celle qui fut livrée à une sombre haine
Mais qu’un Dieu délivrera sur un Mont d’Oliviers
Pareil aux troncs noueux des arbres de chez nous.
Aujourd’hui, aujourd’hui, j’abandonne ce lieu
Où j’ai cru si longtemps que mes pieds poseraient
Pour jamais,
Ces sépulcres offerts au Soleil dévorant,
Ces femmes ravinées dont les mains sont tendues
Non vers ce ciel trop pur,
Mais vers les mains fermées des enfants en allés
Vers le pays de l’or et du travail facile.
J’appareille aujourd’hui vers une autre colline,
Un pays jamais vu par des regards humains,
Sous un arbre aux bras longs comme un regard de mère…
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Angoisse de la jeunesse

À Paul Gauthier.

Aurai-je le temps d’écrire et de pleurer,
Aurai-je la vie de l’âme et le temps de créer,
Aurai-je encore la force d’agir et de donner ?

Ma jeunesse ivre de sang et d’eau,
Toute forte et trempée des larmes de mon corps
Saura-t-elle fendre le temps
Pour dormir dans l’Eternité ?

O terre,
Voudrais-tu, avant la mort du corps,
Mon âme glorifiée dans l’Esprit,
Sceller ma joue en fleur à ta lèvre glacée ?
Tes bras se tendront-ils demain,
Tes bras d’amante délaissée,
Dans la nuit dense où la chair meurt dans la chair consolée ?

Non, Terre !
Je ne veux pas me coucher dans ta couche.
Mon âme est la sœur des étoiles qui dansent sur la nuit.
Mon cœur est plein de sang qui brûle et roule une mer de désirs ;
Mon cœur est plein de larmes et de sel
Et toute l’eau du ciel
Ne tuera pas la soif qui me consume.

Viens, Nuit,
Ensevelisseuse aux doigts doux et frais comme une sœur
Nuit qui berces, et promènes des caresses d’amante
Sur mon front brûlé.

Dormir, noyé, sur un lit d’algues couleur de mer,
Fondre dans la nuit simple ma chair qui pleure
Et mon âme démente,
Comme un enfant blessé.

Radès, 5 novembre 1928
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Jean amrouche
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Jean amrouche
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Jean amrouche
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