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Critique de Andarta


Avant toute chose, je tiens à remercier Babelio et la maison d'édition Bélial pour ce livre.
« Barrière mentale et autres intelligences » est une oeuvre de science-fiction qui regroupe quatre nouvelles, dont celle éponyme au livre – et sur laquelle je parlerai essentiellement ici – ainsi qu'une post-face sur les neurosciences centrées sur les questions de l'intelligence. La présentation est soignée, avec une couverture aux couleurs nuancés douces ou un homme armé se dresse seul en compagnie de deux singes face aux mystères du ciel étoilé d'un crépuscule. Par contre, j'ai remarqué deux ou trois petites fautes de frappe ici ou là, dont une sur la quatrième de couverture, ce qui est dommage pour un volume de cette qualité.
Qu'est-ce que l'intelligence ? Et à quoi nous sert-elle ? Est-elle un signe de l'évolution ? Peut-on la mesurer efficacement ? A quoi sert le QI ? Et n'y a-t-il pas un autre type d'intelligence permettant une adaptation évolutive de l'espèce à son environnement ?…
La question posée dans la nouvelle principale – « Barrière mentale » – est simple : que se passerait-il si tous les êtres dotés d'un cerveau devenaient d'un seul coup plus intelligents ?
L'auteur part donc de ce postulat : la terre sort d'un champ de l'univers qui avait ralenti jusqu'alors la rapidité de l'activité neuronale. de ce fait, tous les êtres vivants dotés d'un cerveau deviennent beaucoup plus intelligents en quelques mois. Cela va du renard capable d'ouvrir le poulailler au scientifique, tel Corinth, devenant un véritable génie de logique et de raison, avec toute la palette graduée entre les deux. Ainsi, Archie l'attardé devient alors un homme normal selon les critères d'avant l'évolution, les chimpanzés deviennent capables de parler, le chien Joe comprend tout ce qu'on lui dit et adopte un comportement beaucoup plus réfléchi…
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'auteur ne nous montre pas un monde pacifié par tous ces esprits devenus si brillants, bien au contraire. L'économie mondiale s'effondre, dû au fait que désormais, bien peu veulent remplir les tâches basiques nécessaires à la survie de notre société. L'anarchie règne, chacun restant de son côté en une rivalité destructrice et dans l'exaspération d'un ego surdimensionné. D'autres, plus fragiles, se laissent embarquer par de nouvelles sectes qui s'effondrent aussi vite qu'elles se sont créées. Et il y a ceux qui souffrent, comme Sheila, qui ne supportent pas ce changement, la perte de l'émotivité, de la créativité, de l'hypertrophie de la raison qui renvoie encore plus violemment aux failles humaines et à la conscience de la vacuité de l'existence, ainsi qu'à notre solitude. Car cette nouvelle intelligence, il faut l'exercer, il faut savoir la dompter pour ne pas sombrer dans le vertige de nouveaux concepts abstraits qui rendent la terre bien petite, trop même, poussant alors l'homme à s'évader de cette minuscule planète pour explorer et investir la galaxie (pour commencer), se posant alors en arbitre des autres civilisations, comme des entités bienveillantes. Et pourtant la question est clairement posée : est-ce l'intelligence qui définit l'homme ? Pour l'auteur, il est clair que non. La morale, la notion du bien et du mal, les valeurs, tout ce qui fait aussi l'être humain n'ont rien à voir avec l'intelligence. Un bon samaritain restera un bon samaritain et le malfaisant un malfaisant. Ils seront simplement plus logiques dans leurs actes.
Autre question essentielle également : est-on plus heureux en étant plus intelligent ? Si on suit l'exemple de Sheila, il est clair que non. Au point que cette dernière, plongée dans une détresse insoluble, en viendra à une solution extrême. Corinth, même s'il est conscient des problèmes de son épouse, fuit cependant toujours en avant, vers toujours plus de projets scientifiques, bien plus aisés à comprendre que la psyché de cette dernière. Quant à Archie, il est le seul à vraiment tirer son épingle du jeu, illustration même du vieil adage « aux innocents les mains pleines ». Les personnages sont donc plus développés, plus en nuances qu'on pourrait le croire aux premier abord. Absolument tous évoluent, dans un sens ou dans un autre, mais aucun ne reste stagnant, posant chacun à leur manière leur question face au changement radical prenant place sous leur boite crânienne et y répondant selon leurs moyens.
La question, qui semble si simple au départ, appelle donc des réponses complexes et variées mises en scène de façon redoutablement efficace par l'auteur. Ce dernier, même s'il ne peut échapper à quelques explications scientifiques de haut vol propres à son sujet et au genre, parvient cependant à rendre le tout facilement intelligible, sans se perdre dans trop de détails inutiles, en un équilibre très bien dosé. le style sert aussi l'ensemble : propre, efficace, fluide et sans heurt, s'adaptant au fur et à mesure à l'évolution des personnages.
Au final, cette nouvelle, vertigineuse par les questions posées, est plaisante à lire et d'une très bonne qualité et n'a, au final, pas tellement vieillie. Il en va d'ailleurs de même pour les trois autres, avec une mention spéciale pour « Terrien, prends garde ! » qui m'a particulièrement plue. Quant à « Barrière mentale », je n'ai pas été déçue, le texte répondant à toutes les attentes que j'avais eues sur ce dernier et j'ai donc dégusté ma lecture comme le fait un chat d'un un pot de crème.
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