AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de sylviedoc


60 critiques déjà publiées sur Babelio, en l'espace de quelques jours ! le roman est paru le 10 février et semble susciter un fort engouement parmi les lectrices (je n'ai lu qu'un seul avis masculin, fort élogieux d'ailleurs !)
Comme de coutume, je remercie vivement Babelio et les éditions Préludes de m'avoir fait profiter de cette Masse Critique privilégiée, une attention que j'ai pleinement appréciée.
J'ai l'impression que tout ou presque a déjà été écrit sur ce roman, je vais néanmoins tenter d'y apporter ma petite touche perso. J'aime ce qu'on a coutume d'appeler le roman choral, où l'on a différents points de vue de personnages, j'ai donc été servie à ce niveau-là puisqu'ils sont 7 à s'exprimer, à plusieurs époques de surcroît. du coup j'ai eu peur de me perdre, mais non en fin de compte, c'est très bien fait : chaque titre de chapitre porte le nom du personnage qui s'exprime à la première personne, ainsi que la date, on s'y retrouve donc parfaitement, même si on effectue de nombreux allers-retours entre 1940, 1946 et 2011.

En mai 1946, une fillette de 10 ans amnésique est retrouvée à Bournelin, près de Bordeaux, dans un triste état. L'enquête est confiée à Justin, la plus jeune recrue de la gendarmerie du coin. D'abord bien embêté de devoir abandonner une affaire sur le point d'aboutir (démasquer de faux résistants ayant profité de la fin de la guerre), il s'attache très vite à la gamine, qu'il surnommera Angèle.

A 60 kilomètres de là, en 1940, la famille Lenoir fait grise mine : on leur impose d'accueillir chez eux un sous-officier de la Wehrmacht, Günter Kohler, dont la mission est de surveiller le passage entre la zone libre et la zone occupée dont la limite passe à proximité. Günter n'est pas un fervent partisan du nazisme, et pour cause : c'est un Mischling, terme que j'ai découvert et qui signifie qu'il est à moitié juif (mais il a omis de le déclarer lors de son recrutement). Cette particularité me l'a rendu plus sympathique, mais c'est plutôt son physique avantageux et son goût pour la littérature qui vont séduire Noémie, Mme Lenoir. Tout ceci est raconté dans les deux ou trois premiers chapitres, je ne révèle pas grand-chose ! Les Lenoir ne sont pas non plus en accord avec le régime pétainiste, même si aux yeux des bourgeois locaux ils préfèrent jouer les bons collabos, histoire de ne pas se faire remarquer, M. Lenoir étant le médecin du village. Ils ont deux enfants, Valentin et la fameuse Solveig qui donne son titre au roman. Leur jardinier Germain intervient lui aussi à plusieurs reprises, et va jouer un rôle dans l'histoire.

Solveig que l'on retrouve en 2011, vieille femme qui a perdu son époux quelques années auparavant, et qui se remémore l'histoire de sa famille en nous donnant quelques clés au passage. Ses 5 interventions s'intercalent dans l'histoire pour nous relater des faits survenus après le dénouement ou donner son point de vue de petite fille sur la vie au manoir au début de l'occupation.

L'histoire en elle-même n'a rien de bien nouveau, si ce n'est le contexte dans laquelle elle se déroule, ces années où la population française vit sous le joug des allemands et le gouvernement Pétain, et cette ligne de démarcation entre France Libre et France occupée. le microcosme de la petite ville de Lignon rassemble tous les courants de pensée de l'époque, entre ceux qui soutiennent sans réserve la politique de coopération avec l'occupant, et ceux qui organisent petit à petit la résistance, selon leurs moyens et leur dose de courage. Plusieurs réseaux se montent de façon pas toujours cohérente et coordonnée, ce qui nous donne une image moins idéalisée que celle présentée habituellement. Même si le roman n'a pas vocation à nous donner une leçon d'histoire, il est correctement documenté et j'ai appris certaines choses.
Les personnages qui m'ont interpellée sont ceux de Justin, ce jeune gendarme qui va chercher par tous les moyens à découvrir ce qui est arrivé à "Angèle", et la protéger pour lui éviter des traumatismes supplémentaires (notamment par rapport à l'orphelinat où elle est placée "en attendant"). Et Günter, ce soldat allemand qui s'interroge si souvent sur le bien-fondé de l'idéologie qu'il est censé défendre, et sur ce qu'il est prêt à accepter ou non dans le cadre de sa mission. On est bien loin de la brute nazie qui obéit aveuglément pour servir le führer ! Armand Lenoir m'a été sympathique également, il n'hésite pas à se remettre en question et à admettre ses erreurs. Pas contre je l'ai trouvé un peu naïf par moments. J'ai moins apprécié Noémie, la mère de Solveig, que j'ai trouvé plate et inconséquente, même lors de son idylle avec Günter. Quant à Solveig elle-même, bien sûr l'histoire tourne autour d'elle mais elle n'est pas le personnage le plus attachant, elle m'a même un peu agacée. de plus j'ai trouvé qu'elle n'évolue pas vraiment entre 6 et 13 ans, sa façon de s'exprimer reste semblable notamment.

Excepté ces petites réserves sur quelques personnages, j'ai apprécié ma lecture fluide et intéressante, une histoire bien construite quoi que l'on devine aisément certains rebondissements. La fin est prévisible, mais plutôt bien amenée.
Je n'ai pas eu de coup de coeur, mais je trouve que pour une auteure débutante, Reine Andrieu s'en est très bien sortie, et si j'en ai l'occasion je lirai son premier roman, "Le chant des Amazones"
P.S. Je viens de constater que "L'hiver de Solveig" avait déjà paru en 2020 sous le titre "La console des disparus", en auto-édition, et avait fait l'objet de quatre critiques sous ce titre. Il faudrait peut-être fusionner les deux fiches, si un administrateur me lit ?


Commenter  J’apprécie          7215



Ont apprécié cette critique (72)voir plus




{* *}