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Critique de Petitebijou


Lors de ma première visite de rentrée à ma médiathèque préférée, parcourant les rayons en quête d'un clin d'oeil amical d'un des nombreux livres exposés, et commençant comme toujours par la lettre « A » (je suis une femme de rituels), mon regard a été attiré par le nom « Angot ». Angot, Christine, avec un grand nombre de choix. Je n'ai jamais eu envie de lire Christine Angot, ses interventions médiatiques m'ayant toujours irritée, et ayant détesté des extraits d'un de ses livres basé sur sa relation amoureuse avec le « grand » artiste Doc Gynéco que j'avais découverts dans un magazine féminin dans une salle d'attente quelconque, extraits qui m'avaient fait rire par leur platitude et des phrases que j'avais trouvé ridicules pour ne pas dire grotesques.
Or, il y a quelques jours, sur Babelio, j'ai applaudi des deux mains et du clavier à une critique de csapin du dernier opus de la dame. Et voilà que, devant le rayonnage de la bibliothèque, j'ai été prise de scrupules : je me suis sentie un peu malhonnête d'avoir acquiescé avec autant d'enthousiasme à la critique négative de csapin, car je n'avais rien lu de cet auteur si médiatique. Je décidai de réparer cette lacune, et ai emprunté « Les désaxés », sans grand enthousiasme, mais avec la volonté la plus sincère possible de laisser mes a priori au placard et de découvrir ce livre comme n'importe quel autre. J'ai fait ce que j'ai pu, mais Christine Angot n'a eu de cesse de me donner raison.
Pour résumer mon ressenti en une formule un peu facile, je dirais « Posture ou imposture » ? ou, j'en ai bien peur « Posture ET imposture » ?
Je crois qu'il n'est pas faux que l'on sait très vite si un livre va nous plaire ou non. Ici, dès la trentième page, je fus plongée dans un abîme d'interrogation : étais-je en présence d'un jeu littéraire ? Bien qu'aucun des personnages ne soit narrateur, le style semblait présenter la voix d'une personne sous tranquillisants : phrases redondantes, répétitions, ponctuation hasardeuse voire inepte… J'ai pensé que Madame Angot décrivait par ce style les méandres du cerveau malade de l'un de ses personnages… Je poursuivis ma lecture, péniblement, et je dus me rendre compte de l'évidence. Ce style est celui de l'auteur, du début à la fin (oui, je suis allée jusqu'à la fin). Au fil des pages, s'ajoutent des coquilles, les répétitions deviennent du copié-collé (le héros rencontre une femme qui a « les oreilles pointues de Lucifer » vers la page 50, 50 pages plus loin nouvelle rencontre de cette femme qui a « les oreilles pointues de Lucifer ». Deux scènes sexuelles, courtes et sans intérêt, avec juste ce qu'il faut de fausse provocation parce que, hein, je suis Christine Angot, deux scènes d'un homme avec deux femmes différentes, mais deux scènes identiques dans les moindres détails – je laisse à chacun le soin d'interpréter ce manque d'imagination, au mieux, ou ce foutage de gueule, passez-moi l'expression).
Rien à dire de plus sur le style, ou plutôt l'absence de style, sinon que je me suis demandée si quelqu'un avait pris la peine de relire les épreuves du livre, au moins pour corriger les fautes de syntaxe et d'orthographe. Mais, bon, après tout, Christine Angot n'est sans doute pas responsable de tout.
Parlons de l'histoire… euh, l'histoire ? Très facile à résumer, une fois le livre expurgé de ses redondances : un couple ne s'aime plus, l'homme rencontre une autre femme et quitte la sienne. Il met 200 pages à se décider !! le contexte ? Un couple d'artistes, vaguement cinéastes, que l'on nous dépeints comme désargentés mais qui partent en week-end à Rome ou au ski, fréquentent les cafés branchés de Saint-Germain-des-Près, gagnent de l'argent on ne sait trop comment. Ils ont deux enfants jeunes dont ils ont l'air de ne jamais s'occuper. Mais, surtout, ils s'ennuient, pour rester polie, et nous avec. C'est mortel. Aucun relief dans leur joie ou leurs angoisses, une litanie de circonvolutions autour d'un mal-être très sage, aucun humour, aucune autodérision. Des bobos insupportables sans chair et sans esprit, qui ont tout leur temps et le luxe de soliloquer autour de trois thèmes maximum pendant tout le livre. Aucune audace, sinon celle, pathétique, de quelques personnages « à clé » facilement reconnaissables (une metteur en scène de télévision toute puissante grosse et moche appelée Lopez, suivez mon regard José Dayan), quelques références culturelles à intervalles réguliers (on ne sait pourquoi, le personnage a envie de voir « La notte » d'Antonioni), pour nous signifier que Madame Angot est cultivée, aucune progression dramatique dans le récit.

Je pourrais continuer à décrire ma lecture, mais je fatigue à parler de ce livre insipide.
Alors, pour moi, il y a imposture, oui, dans un livre que je soupçonne d'avoir été bâclé, ou alors c'est vraiment grave, et posture de la part de Christine Angot qui continue de jouer son personnage faussement provocateur et racoleur dans tous les médias tout en crachant dans la soupe.
Ce jugement n'engage que moi, bien sûr, mais je l'assume, et je persiste en vous conseillant d'économiser 18 euros ou un emprunt à la bibliothèque. Lisez plutôt un classique, ou même un bon polar, voire même un Harlequin (oui, j'en ai lu un ou deux et j'ai vraiment ri, et au moins c'est sans prétention), ne perdez pas votre temps à lire ce texte qui de près ou de loin ne ressemble en rien de l'idée que je me fais, même plurielle, de la littérature.
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