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Critique de blanchenoir


Une belle et importante biographie sur Primo Levi de Myriam Anissimov, née en Suisse dans un camp de réfugiés.
Anissimov suit un ordre chronologique et cherche à appréhender en profondeur ce qu'il en a été de la vie de Primo Levi et de sa mort. Des éclairages sont ici essentiels : témoignages de ses proches, les mots de Levi lui-même, la mise en avant de ce qui le porte (la nécessité de raconter, l'Ecriture...)...
De l'enfance Juive sous le fascisme jusqu'au dernier chapitre intitulé le Désespoir, l'auteur met précisément en lumière le parcours d'un optimiste qui connaît finalement la détresse, jusqu'au suicide. C'est sur ce point que je vais m'attarder.
Car le suicide ne serait donc pas l'apanage des pessimistes ?
La figure emblématique de Primo Levi nous montre en effet, que malgré la connaissance intime du "mal" provoqué par l'homme, il est possible de rester attaché à une idée positive de l'homme. Auschwitz n'est pas la défiguration de l'homme. "Si c'est un homme" nous le montre bien : au coeur du "mal radical", le détenu peut sentir des pépites d'humanité qui le feront tenir debout. L'humanisme de Primo Levi est essentiel, sa sensibilité profonde...
Néanmoins, à côté de cet optimisme, la tragédie s'insinue et le désespoir s'installe... Progresse... Agresse...
Le négationnisme fait son apparition.
Témoigner n'est malheureusement pas suffisant pour évacuer ce que "l'homme fait à l'homme"...

Alors, le 11 AVRIL 1987, Primo Levi se donne violemment la mort.
Myriam Anissimov relève justement, à la fin de sa biographie (avant les annexes 1 et 2), "Les vers que Primo Levi se récitait souvent à lui-même (qui) avaient pour titre L'enterrement des morts. " :

"Avril est le plus cruel des mois, il engendre
Des lilas qui jaillissent de la terre morte, il mêle
Souvenance et désir, il réveille
Par ses pluies de printemps les racines inertes.
...
Quelles racines s'agrippent, quelles branches croissent
Parmi les rocailleux débris ? O fils de l'homme,
Tu ne peux le dire ni le deviner, ne connaissant
Qu'un amas d'images brisées sur lesquelles frappe le soleil :
L'arbre mort n'offre aucun abri, la sauterelle aucun répit,
La roche sèche aucun bruit d'eau, point d'ombre
Si ce n'est là, dessous ce rocher rouge
(Viens t'abriter à l'ombre de ce rocher rouge)
Et je te montrerai quelque chose qui n'est
Ni ton ombre au matin marchant derrière toi,
Ni ton ombre le soir surgie à ta rencontre ;
Je te montrerai ton effroi dans une poignée de poussière."

T.S. Elliot : Poésie.



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