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Critique de michel.carlier15


Ce roman nous plonge d'emblée dans l'atmosphère du XVIIIème , le quartier , pas le siècle des Lumières . Splendide description de ce quartier , Barbès , la Goutte d'Or , on sent l'amour de l'auteure pour l'endroit où (je suppose ) elle a vécu . Abad est un jeune de 13 ans qui vient du Liban , avec un lourd passé du côté de sa mère , il s'adapte comme il peut à cet environnement chamarré et pauvre .
Il me fait penser parfois à Antoine Doinel dans les Quatre cent coups , il est obsédé par les nichons , surtout quand ses voisines sont des Femen , il ne commet pas que de bonnes actions . Quand ses parents limitent son champ d'action , il devient mutique , on l'envoie chez une psychologue , Ethel Futterman , une rescapée de la Shoah et la seule survivante de sa famille .
En définitive , c'est l'influence des femmes qui l'empêche de plonger dans la petite délinquance et lui permet de trouver sa place dans ce monde cruel : Odette , une femme âgée qui lui donne le goût de la lecture et de la musique ; Gervaise , une prostituée noire , dont la fille , Nana , est restée en Afrique (Zola , bien sûr !) ; et puis , surtout , celle qu'il appelle Batman , à cause des vêtements sombres qu'on lui impose , dont il est réellement amoureux , surtout en raison de quelques baisers volés (Truffaut encore) .
Au-delà de l'intrigue , très riche , et des personnages hauts en couleur(s) , la langue de l'autrice est un pur ravissement . C'est la langue des quartiers dit "sensibles" , le langage est cru et inventif , les dialogues dignes de Prévert , les mots ne sont pas tous dans le dictionnaire , bien sûr , mais ils donnent une belle musicalité à cette écriture (il y a d'ailleurs une magnifique playlist à la fin du roman , dont je retiens surtout Ya Rayah , allez savoir pourquoi ) .
Le personnage d'Abad est plus complexe qu'il n'y paraît , il m'a fait penser au Momo de Romain Gary dans la Vie devant soi (référence ultime pour ma pomme ) . A la fin du roman , comme Antoine Doinel , Abad court pour voir la mer , ce livre est truffé d'images cinématographiques qui ne m'ont pas laissé indifférent .
Surtout , l'autrice a un infini respect pour tous ces oubliés , ceux que notre société ignore ou n'a pas envie de voir , son regard est empreint d'humanité et de tendresse . Pour un premier roman , c'est une franche réussite .
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