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Critique de LoupAlunettes


Un chien, deux enfants, trois réfugiés dans un nid.
A l'abri des forces et des regards qui les traquent, Adam et Thomas attendent que leurs mères reviennent les chercher.
Se sustentant au gré des réserves comme des grands, à la bonne générosité du fermier qui ne les a pas vu passer, de la gentillesse de leur camarade Mira qui ne leur a pas parler, les deux enfants attendent que l'armée rouge franchissent les lignes ennemies, ils attendent que la guerre cesse enfin.
Adam retrouvent en attendant ses parents en rêve et leur demande conseil, Thomas livre toutes leurs péripéties, leurs conversations, leurs peurs, dans un journal, pour ne pas oublier, en attendant.
L'attente est longue pour des enfants de neuf ans.
Adam raconte sa famille, l'atelier d'ébénisterie, la sagesse de ses grands-parents, sa foi en son Dieu.
Thomas lui rend des questions par milliers, comme si il découvrait la vie tel l'oisillon sorti enfin de sa coquille de timidité, opposant par méconnaissance à la foi sacrée d'Adam son athéisme éduqué.
Chacun serre ses espoirs l'un contre l'autre pour se tenir chaud, encore plus fort quand arrive l'hiver.
Un chien dans un nid pour tenir chaud, c'est un miracle.
Pour Adam, peut-être que son chien de Miro est un ange de poil blanc envoyé par son Dieu pour veiller sur eux, en attendant.
Thomas n'a jamais eu de chien, il aurait adoré avoir un chien, en attendant, il a un peu peur de Miro. Mais beaucoup moins que les coups de feu qui retentissent entre les arbres de la forêt.
En attendant d'être plus grand, en attendant que le temps passe plus vite, en espérant d'être plus grand un jour, en attendant leur deux mamans, Adam et Thomas joignent leur courage pour prêter main-forte aux quelques traqués qui échouent, tombent, se cachent au pied de l'arbre au nid.


: "Adam et Thomas" d' Aaron Appelfeld est le premier roman jeunesse de l'auteur. Deux garçons que tout oppose mais unis dans la survie. Ils n'ont rien l'un contre l'autre mais non pas chercher auparavant à en savoir d'avantage. Ils vont apprendre à se connaître par la force des choses.
Adam se montre le plus éclairé, le plus mûr des deux, le plus protecteur, forgé de l'éducation et de la sagesse de ses parents et grands-parents. le livre raconte son père, ébéniste, qui donnaient des cours aux exclus du système éducatif sur son temps personnel. Insistant sur le pouvoir de l'instruction pour être libre de choisir. Nous ne pouvons que retrouver ici un écho de ce qui fait le caractère fort d'Adam et la force de sa foi en les autres, concernant les lendemains également.
Thomas, bien que plus intellectuel et cultivé, se montre plus craintif et s'appuie sur la connaissance d'Adam pour se débrouiller seul dans la nature. Très différents, les deux enfants juifs se montrent rapidement complices, partageant plus que la même école, partageant le même destin. Dans ce huis-clos, l'un et l'autre se découvre, à l'abri dans leur petit nid fabriqué, confrontent leurs mondes, apprennent de l'autre. Thomas cherche à en apprendre plus sur la foi d'Adam, ce qui donne quelques scènes amusantes devant l'irritabilité croissante de Adam qui ne saurait être plus précis sur l'omniprésence et l'omnipotence de ce Dieu invisible.
Thomas en apprendra sur l'importance de l'espoir en tant de grandes crises.
Émotion forte qui préserve, rassure, donne le courage, fait aller de l'avant.
Les mères, retournant chercher les grands-parents, se montrent également exceptionnelles.
On ne compte pas le nombre de courage et de solidarité exprimée malgré le danger, des exemples de générosité. En Mina par exemple, leur petite camarade d'école, les nourrissant en cachette malgré ses mauvais traitements, leur professeur de musique qui leur intime de se sauver, le paysan qui leur donne du lait et s'expose...
Je ne gâche rien en divulguant que cette histoire se termine bien. de quoi convaincre les réticents qui se lasseraient des nombreux récits sur la Seconde Guerre Mondiale.
C'est la cerise sur le gâteau pour ce récit initiatique, fort, poétique, émouvant.
Nous ressortons de ces pages l'esprit chargé de bonnes philosophies et gratifié de l'exemple fictif d'une belle histoire d'amitié entre deux êtres si semblables et si différents à la fois.
Un bel hymne à la tolérance à différents niveaux.
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