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Critique de Nadael


Alors que la guerre gronde, monstre terrifiant, que les arrestations s'enchaînent, dures et violentes dans le guetto, une femme arrive à la lisière d'une forêt tenant par la main son petit garçon. Les premières lueurs de l'aube apparaissent. Leur marche vive et silencieuse s'achève là. Cette mère s'apprête à livrer son enfant à la forêt, lieu protecteur  : « Aie confiance, tu connais la forêt et tout ce qu'elle contient » dit-elle à Adam, en lui promettant de revenir le chercher avant la tombée de la nuit. Mais elle ne reviendra pas. Pas ce soir-là...
Adam n'a pas peur de cet endroit, il le connaît bien pour l'avoir parcouru de nombreuses fois avec ses parents et son chien Miro. Il aime la nature, les animaux, les rivières, adore grimper aux arbres. C'est un garçon débrouillard et rusé. Peu de temps après son arrivée, il rencontre un camarade de classe, Thomas. Lui aussi a été laissé par sa mère à l'orée du bois.
Ses enfants, de caractères opposés (Thomas est réservé, impressionnable, introverti, rêveur... et comme son père il croit en l'homme et non en Dieu alors qu'Adam a la foi), vont pourtant se soutenir et se rassurer l'un l'autre. Car les jours et les mois vont se succéder, l'été va laisser sa place à l'automne et le froid de l'hiver va s'installer.
Grâce à aux réflexions de l'un et à la ruse de l'autre, les deux garçons construisent un nid sur un arbre afin de ne pas être vus, cherchent et trouvent à manger et à boire, parlent beaucoup, s'échangent leurs sentiments, leurs idées et autres points de vue sur la vie en générale, sur la religion, sur la guerre, sur son origine, sur l'identité juive, sur les amimaux et sur l'homme et ses motivations...
Quand le moral d'Adam et Thomas commence à décliner à cause du froid et du manque de nourriture, Miro débarque auprès d'eux, tel un ange tombé du ciel. L'animal leur apportera un grand réconfort.
D'autres personnages traversent le roman comme Mina, une petite fille cachée chez des paysans (qui la maltraitent), affaiblie et mutique, elle déposera régulièrement à manger au pied de l'arbre abritant le nid des garçons. Un homme nommé Serguei leur donnera aussi de la nourriture. Adam et Thomas entendrons et/ou verront plusieurs fugitifs courir à travers la forêt ainsi que leur ancien professeur de musique...
Ceci est un conte, l'issue n'est donc pas cruelle. L'armée rouge est en marche. Les mamans finiront par revenir chercher leur enfant.
Aharon Appelfeld a souhaité que la fin soit heureuse. Il a voulu préserver ces enfants. Voilà ce qu'il confie à Valérie Zenatti lors d'un entretien : «  J'avais huit ans lorsque la guerre a éclaté. Ma mère a été assassinée par les Nazis, j'ai été déporté avec mon père dans un camp dont je me suis échappé en me faufilant sous les barbelés. Je me suis retrouvé seul dans la forêt, responsable de ma propre survie. Une situation sortie droit d'un conte, même si c'était ma réalité. Chaque matin, à mon réveil, j'espérais que le contre prendrait fin par magie. Je me disais : Si j'aperçois maintenant un cheval noir, mes parents reviendront. ».
Roman, conte ou semi-autobiographie, ce livre est un petit bijou d'intelligence, de justesse, de poésie et d'émotion. À travers une écriture humble et lumineuse, l'auteur évoque la survie de deux garçons juifs de neuf ans dans une forêt en pleine seconde guerre mondiale, leur courage, leurs peurs, leur audace, leurs questionnements... Quant aux illustrations de Philippe Dumas, avec la légèreté de son trait et ses couleurs claires et translucides, elles déposent au fil des pages une infinie douceur et beaucoup de délicatesse.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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