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Critique de Villoteau


En mars 1919, des soldats de la Grande Guerre sont rentrés, par le Madona, à la Réunion et si contrairement aux métropolitains revenant dans leur commune, ils bénéficient d'un accueil officiel, ils vont vite s'apercevoir que dans les colonies (bien plus que dans l'hexagone) on trouve vite ses limites à la phrase de Georges Clémenceau : « Les anciens combattants ont des droits sur nous ». Les personnages, au faciès et physique caricatural, sont porteurs d'un grand souffle d'originalité tout en s'inscrivant dans une véracité historique. La gueule cassée Camille de Villiers s'est suicidé à la fin du premier volume, aussi protagonistes principaux ne sont plus que trois, l'un d'entre eux est le narrateur. Les histoires d'amour fort présentes se terminent dans le drame : l'un perd sa bien-aimée victime de la grippe espagnole et l'autre meurt victime des préjugés qui empêchant un cafre de fréquenter une femme créole (en l'occurrence celle laissée par Camille de Villiers). Entre 10 000 et 15 000 Réunionnais périssent de la grippe espagnole. Dans ce second tome sont rapportées les rumeurs de l'époque accusant en particulier toute la population jaune d'avoir amené cette épidémie ; pour une fois les fantasmes rejoignant la réalité puisque l'origine de la maladie est bien la Chine. Il a été glissé dans le récit (dernière vignette de la page 52) que ce sont les poilus arrivés en mars 1919 sur le Madona qui ont amené d'Europe cette grippe espagnole. Finalement le 11 mai (cette indication de date manque dans le récit) un cyclone en s'abattant sur l'île balaye tous les miasmes de la maladie et il y a gagne le nom de “cyclone la peste“. La Réunion de l'époque est dans ce second tome uniquement approchée par la ville de Saint-Denis, mais de manière si intime (à partir de fonds d'archives) que l'on peut dire que Saint Denis est le sixième personnage de cette série. le cinquième étant bien entendu l'épidémie qui dans des organismes affaiblis par la malnutrition due à la guerre fit au niveau mondial environ trente millions de morts dont le poète français Guillaume Apollinaire, Edmond Rostand et Egon Schiele un peintre autrichien né en 1890 dont une BD sortie chez Casterman début 2012 reconstitue la vie dans les années 1910. Parmi les personnages historiques représentés en le citant le Prince Vinh San empereur d'Annam détrôné par les autorités coloniales françaises d'Indochine en mai 1916 et, sans donner son nom, le gouverneur de l'île Pierre Louis Alfred Duprat personnage très peu apprécié par l'ensemble de la population de l'époque. Toutefois il n'était peut-être pas indispensable, après l'avoir fait en un personnage assez couard et irresponsable pour vouloir fuir l'île dans le premier tome, de le montrer assez ultranationaliste pour accuser les Allemands d'avoir une part de responsabilité dans l'origine de la grippe espagnole.

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