«Une idée aussi a ses franges d'or». «Je rêve sur le bord du monde et de la nuit».
Le surréalisme, descendant du dadaïsme, puis du cubisme littéraire, est un «automatisme psychique pur par lequel on exprime le fonctionnement réel de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale» ; c'est ainsi que, dans son Manifeste du Surréalisme, en octobre 1924,
André Breton définit celui-ci et prend dès lors le leadership du mouvement, reléguant au second plan le texte de son ami, paru juste avant et qui participe également à sa théorisation.
A l'occasion du centenaire du mouvement surréaliste, les éditions Seghers réimpriment
Une vague de rêves, offrant la possibilité de (re)découvrir ce texte méconnu, dans lequel
Aragon exprime son expérience personnelle du surréalisme dans un essai très poétique.
Aragon écrit que «le réel n'est qu'un rapport comme un autre». Selon lui, le hasard, l'illusion, le fantastique, les visions mystiques, le délire et par-dessus tout les rêves, pour lesquels il éprouve une véritable fascination, sont tout aussi importants. «Ces diverses espèces sont réunies et conciliées dans un genre, qui est la surréalité». On ne peut que penser au «Il faut être voyant, se faire voyant» de Rimbaud.
Il évoque les premières expériences, celles de
Nerval, Rimbaud et
Lautréamont, puis énumère de façon fantaisiste et amicale les surréalistes : Breton,
Soupault, Crevel, Limbour, Morise,
Eluard, Delteil, Artaud, Lubeck, Baron, Vitrac, Carrive, Péret,
Desnos…
La grâce de ce texte laisse pressentir les grands écrits romanesques et poétiques d'
Aragon, qui délaissera de bonne heure le mouvement surréaliste.