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Citations sur Histoires diplomatiques : Leçons d'hier pour le monde d.. (7)

Oui,la politique étrangère, c'est parfois accepter le détestable pour éviter l'insupportable.
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le diplomate a souvent la tâche ingrate de rappeler la réalité, d'en analyser les rapports de force et de démontrer que le champ du souhaitable ne correspond pas souvent à celui des possibles. La voix du diplomate est souvent couverte par l'indignation. Quoi qu'il fasse, il n'a aucune chance lorsqu'il invoque la raison pour écarter les sentiments. Il a perdu d'avance. Il doit attendre d'être rappelé pour réparer ce qui peut l'être après le désastre qui en est l'inévitable fruit. En 1871, c'est le vieil Adolphe Thiers, qui a dénoncé l'aveuglement de la diplomatie française en 1866 et qui s'est prononcé pour demander la paix dès octobre 1870, qui doit négocier le traité ignominieux, mater la révolte de la Commune et ensuite obtenir le départ des forces d'occupation. Il n'y gagnera que le mépris de la génération de Français qui oublient qu'un million de Parisiens font cortège chapeau bas à sa dépouille mortel en 1877.

Chapitre IV, La dépêche d'Ems, p105.
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Depuis 1919, les critiques n'ont pas manqué qui ont mis en cause Clemenceau, Lloyd George ou Wilson ou les trois. Chacun a eu son portrait brossé, une ou plusieurs fois, le plus souvent à charge. Ils ne se sont d'ailleurs pas épargné entre eux, chacun égratignant l'autre après une séance de négociation particulièrement difficile. Tout a été dit sur le prêcheur protestant, sûr d'avoir raison, qu'est Wilson, sur le Gallois manipulateur et sans principes qu'est Lloyd George et sur l'implacable germanophobe qu'est Clemenceau. Keynes, qui a souvent des talents d'écrivain, décrit ainsi ce dernier : " Clemenceau trônait, ganté de gris, sur son fauteuil de brocart, l'âme sèche et vide d'espérances, très vieux et très fatigué mais contemplant le spectacle d'un air cynique et presque malicieux."
Qualifier de "sèche" l'âme de Clemenceau, l'ami de Monet, l'amateur d'art, le voyageur infatigable en Asie, le dreyfusard et l'anticolonialiste, dit plus des opinions de l'auteur que de la réelle personnalité du sujet.

Chapitre VII, Le traité de Versailles, p160-161.
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Le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à l'endroit même où a été proclamé l'Empire allemand en 1871, Hermann Müller, ministre des Affaires étrangères, et Johannes Bell, ministre des Transports de la république de Weimar, signent le traité de Versailles. Une foule se presse pour assister à l'évènement ; on monte sur les chaises ; on se bouscule. La France a invité des mutilés de guerre pour rappeler l'horreur du conflit ; le train qui amène les plénipotentiaires allemands a été détourné pour traverser à petite vitesse les zones des combats qui témoignent des dévastations qu'a subies le pays. Le matin même, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont signé le traité par lequel ils accordent leur garantie à la France en cas d'agression allemande, contrepartie de la renonciation par Clemenceau à la revendication d'une séparation de la Rhénanie de l'Allemagne. Cent et un coups de canon concluent la courte cérémonie.
Le maréchal Foch, commandant en chef des forces alliées, est absent. Le 4 mai, lorsque le traité a été rendu public devant les alliés, il a protesté en réclamant de faire du Rhin la frontière entre l'Allemagne et ses voisins. En vain. Il explique au New York Times : "La prochaine fois, les Allemands ne commettront pas d'erreur. Ils envahiront le nord de la France et se saisiront des ports sur la Manche pour lancer des opérations contre l'Angleterre", en concluant : "Quand on est pas sur le Rhin, on a tout perdu."
Que l'Histoire ait prouvé, en mai-juin 1940, que Foch avait raison devrait justifier que personne aujourd'hui n'ose défendre le traité de Versailles parce qu'il n'accordait pas assez de garanties aux voisins de l'Allemagne, mais, paradoxalement, il est critiqué - et il l'a été quasiment depuis sa signature - au contraire pour avoir été trop dur.
La cause semble entendue : les alliés auraient imposé à l'Allemagne une "paix carthaginoise" qui aurait nourri le ressentiment durable de la population, affaibli la république de Weimar et ouvert la voie à Hitler. Dès 1919, Keynes s'insurge contre les clauses économiques du traité et annonce la ruine de l'Allemagne dans son best-seller Les Conséquences économiques de la paix. Que toutes ses prévisions soient démenties par le redressement rapide de l'économie allemande, qui retrouve dès 1925 le PIB de 1914 sur un territoire plus petit, n'a étrangement pas affaibli la portée de son argumentation qu'on répète encore aujourd'hui.

Chapitre VII, Le traité de Versailles, p158-159.
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Pour caricaturer, les membres de l'Union européenne ont transféré des champs de bataille aux corridors de Bruxelles leurs querelles où elles sont résolues sur la base des rapports de force mais par le biais de procédures agréés et dans le respect de principes généraux qui défendent les intérêts majeurs de chacun.
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En théorie des jeux, on dirait qu'il s'agit de minimiser les pertes potentielles plutôt que de maximiser les gains hypothétiques.
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C'est la roulette parfois russe plutôt que les échecs qui offrent la meilleure métaphore des relations internationales. La première conclusion a en tirer est la prudence, la modestie et la retenue que doit manifester toute politique étrangère. Les incertitudes sont trop grandes et les risques trop élevés pour tout jouer sur un coup de dés.
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