Une lecture aussi passionnante que stimulante : «
Passeport diplomatique » de
Gérard Araud !
A la fois traité de diplomatie, manuel de RI, précis de sciences politiques, galerie de portraits, étude psychologique, essai de sociologie des organisations, mémoires, ce livre illustre avec brio la polyvalence qui doit être celle du diplomate en ce début de XXIe siècle.
Une plume alerte, vive mais toujours maîtrisée qui donne corps à un impressionnant niveau de « métabolisation » des principaux dossiers qui font l'agenda international depuis 40 ans et qui se retrouvent ici traités de façon accessible et originale :
> Une description trop rare des arcanes de l'alliance atlantique avec le retour progressif de la France au sein du commandement intégré de l'OTAN et son « articulation » avec les projets successifs de « défense européenne »
> Une évocation précise et décalée des enjeux du conflit israélo-palestinien mis en contexte et mis en perspective
> Une réflexion détaillée sur les négociations relatives au nucléaire iranien qui résonne avec force avec l'actualité de ce début 2020
> Une analyse poussée des lignes de force à l'AGNU et au CSNU : rôle des grands émergents qui doivent prendre leurs responsabilités, agilité des diplomaties françaises et britanniques, montée en puissance de problématiques transverses : climat, droits de l'Homme, numérique qui nécessitent de nouvelles approches, de nouvelles alliances, de nouveaux regards
> de passionnantes pages sur les USA,
Obama, Trump... avec un Araud qui se glisse dans les habits d'un « Tocqueville diplomate » qui montre et démontre qu'en politique étrangère, Trump n'incarne pas la profonde rupture que beaucoup décrivent (même si son style est unique)
En filigrane, L'auteur éclaire aussi sur la « fabrique » de la politique étrangère française : Rôle du SGAE, regards croisés ANMO / direction politique, l'ambassadeur en poste face à la DGT, la relation MAEE / MINARM, le réseau diplomatique français en 2019...
380 pages très denses qui donnent à réfléchir, à débattre et témoignent d'une carrière au service de la France et de son action sans éluder les échecs et les erreurs et en assumant des choix fondés sur des faits, des intérêts et des valeurs à rebours des trop nombreuses rodomontades « d'assis » qui regardent la complexité du jeu international depuis leurs canapés.