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Critique de Pancrace


J'ai rencontré Metin Arditi lors du salon du livre de Morges. Je lui ai fait part de mon départ imminent pour un voyage d'agrément en Israël et en Palestine et je lui ai demandé si pour m'imprégner des lieux il serait judicieux de lire son roman « Rachel et les siens ».
De ses yeux perçants de moyen oriental, il me jauge et me dit : « Monsieur, ce ne serait pas judicieux, ce serait pertinent. ». J'ai beaucoup aimé sa réponse au débotté d'une question un tantinet provocatrice.
Je repars, avec sous le bras un exemplaire dédicacé d'un : « Pour vous, bon voyage ! En amitié. Metin ».
Mes premiers pas se feront à Jaffa, dans les pas de Rachel en 1917 lorsque les familles juives vivaient en harmonie avec les familles arabes. Mounir le frère de lait de Rachel en est un exemple vibrant. Ida, la petite orpheline rescapée d'un pogrom sera élevée par la famille de Rachel et deviendra son amie perpétuelle.
Un peu plus de cent ans plus tard les façades de pierres claires grêlées d'impacts témoignent d'un passé torturé, éclaté.
« On ne peux pas chasser tous les arabes. Chasser ceux qui sont d'ici parce qu'ils ne sont pas juifs, ça ne te parait pas monstrueux ? »
Le roman de Metin Arditi est une merveilleuse machine à remonter le temps, à assimiler et à comprendre les causes profondes de cet imbroglio éternel.
Rachel et les siens par leurs péripéties servent à merveille les grands bouleversements de cette région du monde sans cesse écartelée.
« Les Turcs et les Anglais se disputaient la ville comme deux hommes se disputent une femme qu'aucun n'aime vraiment, mais que chacun est prêt à sacrifier pour en priver l'autre. »
J'ai été séduit par le pays et le roman en même temps. C'est un immense privilège de s'immiscer dans l'intimité d'une famille fracturée en visitant les mêmes lieux, chaque sensation entre en résonance.
Rachel a eu une vie très tourmentée et particulièrement douloureuse. Tous les déchirements et les souffrances qu'elle subit sont traduits dans ses pièces de théâtre qui sont systématiquement critiquées, dénigrées.
« Elle n'était pas faite pour le succès. Son monde était celui des naïfs, de ceux qui s'accrochent à des principes plutôt qu'au goût du jour. A ce qui dérange plutôt qu'à ce qui plait. »
Lorsque mon magnifique voyage se termine, Rachel achève le sien, elle est revenue vivre à Jaffa dans la rue de son enfance, rebaptisée par l'état d'Israël après 1948.
Elle est enfin devenue une dramaturge reconnue et peut se reposer d'avoir existé de toutes ses tripes.

Vous l'avez compris, j'ai vécu ce voyage et cette histoire en parallèle et, bien que les parallèles ne se rencontrent jamais, maintes fois j'ai eu l'impression de croiser des Rachel, des Ida et des Mounir.



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