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EAN : 9782246825999
512 pages
Grasset (26/08/2020)
4.13/5   175 notes
Résumé :
Qui est Rachel, enfant qui aimait raconter des histoires, devenue une dramaturge acclamée sur toutes les grandes scènes du monde ?

Avec ses parents, des Juifs de Palestine, elle habite Jaffa au début du XXe siècle. Ils partagent leur maison avec les Khalifa, des Arabes chrétiens. Les deux familles n’en font qu’une, jusqu’à ce que l’Histoire s’en mêle. Conflits religieux, guerres… Dans les tempêtes, Rachel tient bon grâce à l’art, à sa vocation absolue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai rencontré Metin Arditi lors du salon du livre de Morges. Je lui ai fait part de mon départ imminent pour un voyage d'agrément en Israël et en Palestine et je lui ai demandé si pour m'imprégner des lieux il serait judicieux de lire son roman « Rachel et les siens ».
De ses yeux perçants de moyen oriental, il me jauge et me dit : « Monsieur, ce ne serait pas judicieux, ce serait pertinent. ». J'ai beaucoup aimé sa réponse au débotté d'une question un tantinet provocatrice.
Je repars, avec sous le bras un exemplaire dédicacé d'un : « Pour vous, bon voyage ! En amitié. Metin ».
Mes premiers pas se feront à Jaffa, dans les pas de Rachel en 1917 lorsque les familles juives vivaient en harmonie avec les familles arabes. Mounir le frère de lait de Rachel en est un exemple vibrant. Ida, la petite orpheline rescapée d'un pogrom sera élevée par la famille de Rachel et deviendra son amie perpétuelle.
Un peu plus de cent ans plus tard les façades de pierres claires grêlées d'impacts témoignent d'un passé torturé, éclaté.
« On ne peux pas chasser tous les arabes. Chasser ceux qui sont d'ici parce qu'ils ne sont pas juifs, ça ne te parait pas monstrueux ? »
Le roman de Metin Arditi est une merveilleuse machine à remonter le temps, à assimiler et à comprendre les causes profondes de cet imbroglio éternel.
Rachel et les siens par leurs péripéties servent à merveille les grands bouleversements de cette région du monde sans cesse écartelée.
« Les Turcs et les Anglais se disputaient la ville comme deux hommes se disputent une femme qu'aucun n'aime vraiment, mais que chacun est prêt à sacrifier pour en priver l'autre. »
J'ai été séduit par le pays et le roman en même temps. C'est un immense privilège de s'immiscer dans l'intimité d'une famille fracturée en visitant les mêmes lieux, chaque sensation entre en résonance.
Rachel a eu une vie très tourmentée et particulièrement douloureuse. Tous les déchirements et les souffrances qu'elle subit sont traduits dans ses pièces de théâtre qui sont systématiquement critiquées, dénigrées.
« Elle n'était pas faite pour le succès. Son monde était celui des naïfs, de ceux qui s'accrochent à des principes plutôt qu'au goût du jour. A ce qui dérange plutôt qu'à ce qui plait. »
Lorsque mon magnifique voyage se termine, Rachel achève le sien, elle est revenue vivre à Jaffa dans la rue de son enfance, rebaptisée par l'état d'Israël après 1948.
Elle est enfin devenue une dramaturge reconnue et peut se reposer d'avoir existé de toutes ses tripes.

Vous l'avez compris, j'ai vécu ce voyage et cette histoire en parallèle et, bien que les parallèles ne se rencontrent jamais, maintes fois j'ai eu l'impression de croiser des Rachel, des Ida et des Mounir.



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L'histoire débute aux environs de Jaffa en 1917. Nous faisons la connaissance de Rachel alors qu'elle a huit ans. Dans une maison de la rue Naguib-Boustros, ses parents, Rozika et Daoud, cohabitent avec Aïcha, son époux Abdallah et leur fils Mounir. Daoud est marchand de tissus raffinés,Abdallah est aussi commerçant.

Un jour un Ashkénaze, Iakov qui a fui avec sa famille les pogroms dans les pays de l'Est vient demander de l'aide à Daoud, car sa femme est décédée, et lui-même ainsi que ses filles sont à bout de force mais celui-ci refuse par peur des représailles et Iakov se pend tentant d'entraîner dans la mort ses deux filles, Tatiana et Ida. Mais Ida survit et Rozika, sous le poids de la culpabilité décide d'adopter la petite fille. Mais celle-ci n'est pas accueillie à bras ouverts : Mounir et Rachel la rejette car elle risque de s'immiscer dans leur belle amitié et tous les moyens sont bons pour qu'elle s'en aille. Ces deux familles vivaient en harmonie jusque-là, entre Juifs arabes et Palestiniens, tout le monde s'en tendait. Mais, l'arrivée en masse des Juifs de l'Europe de l'Est, plus érudits, ayant mieux réussi dans la vie avant l'exil va tout remettre en question.

Cela va commencer par un exil forcé des Juifs arabes dans un Kibboutz, ils sont obligés de partir avec à peine leurs habits sur le dos et quelques affaires que les soldats turcs se feront un plaisir de confisquer ou détruire. On reverra les mêmes choses quand les nazis arriveront au pouvoir. Là, ils ne vont pas hésiter à défricher, assécher des marais, (les seules terres qu'on veut bien leur céder), dans des conditions tellement difficiles (entre la malaria et l'épuisement beaucoup y laissaient leur vie) pour construire « Do-Beïtenou » mais leur zèle et leur nombre grandissant inquiète. C'est d'ailleurs là que Rachel écrira des petites pièces dont lesquelles Ida jouera pour animer un peu la communauté qui est dirigée par Ossip.

Les relations entre Séfarades et Ashkénazes ne sont pas simples, et étail intéressant au passage : on surnomme ceux qui arrivent de Russie, les Moskubin

« Les Ashkénazes nous méprisent nous aussi. Pour eux nous sommes des sous-Juifs »

Les liens entre ces deux familles, sont très puissants, Mounir, Rachel et Ida se considèrent comme frères et soeurs (de lait pour Mounir et Rachel), mais pourront-ils résister à la tourmente ?
suite sur mon blog

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et retrouver la plume de son auteur.
#Racheletlessiens #NetGalleyFrance

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Quand Metin te parle d'un temps où juifs et arabes vivaient en harmonie à Jaffa et alentours, cela donne Rachel et les siens : une histoire dans l'Histoire, un conte délicat pour un sujet sensible, un destin de femme incroyable quand une jeune juive de Palestine devient au fil du temps, l'une des plus grandes dramaturges du siècle.

Car au début étaient l'harmonie et l'équilibre. Avant que les effets collatéraux de la Grande guerre ne s'en mêlent ; que l'immigration fragilise les équilibres et tendent les relations ; que la Turquie voisine intervienne ; que l'impôt inique accélère les exodes ; que les nations occidentales et leurs représentants assèchent le dialogue par leurs visons partiales et étriquées ; que les frères et soeurs se retrouvent inéluctablement séparés, sans même plus savoir vraiment pourquoi ni comment…

Pour ne pas subir, Rachel a choisi de traverser l'époque et d'avancer, du Proche-Orient jusqu'en Europe, de l'écriture de saynètes pour les soirées de son kibboutz aux représentations acclamées sur les plus grandes scènes parisiennes. Un parcours qui force le respect, jalonné de faiblesses qui sont autant de blessures : le mensonge avec sa soeur Ida, la trahison avec ses maris ou la difficulté d'aimer l'enfant vivante qui ne peut faire oublier celle autrefois décédée.

Metin Arditi est un conteur, un formidable conteur, qui a toute mon admiration depuis le Turquetto et L'enfant qui mesurait le monde. Si on peut reprocher à ce livre de pêcher parfois par excès de bons sentiments, il offre une approche sans parti pris d'un des plus interminables conflits de notre époque, avec pédagogie, humanité et bienveillance. Et c'est délicieux.
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Le mot qui illumine ce livre est pour moi tolérance. C'est une vertu prônée par l'auteur lui-même et par son héroïne Rachel qui va durant toute sa vie défendre l'amour des hommes et le respect des autres dans les pièces de théâtre qu'elle écrit.
Metin Arditi nous raconte sur plus d'un ½ siècle, l'histoire de Rachel, jeune juive de Jaffa, née au temps où la cohabitation entre juifs et arabes du Moyen-Orient semblait aller de soi. Équilibre qui va être rompu par l'arrivée massive des juifs d'Europe Centrale. Et les tensions vont aller sans cesse en grandissant. Rachel va émigrer et vivre en différents pays où elle rencontrera de nombreuses personnes qui vont contribuer à la faire évoluer. Elle commence à écrire adolescente, et n'arrêtera pas. Son talent sera reconnu et elle sera jouée dans de nombreux pays.
Cette petite histoire dans la grande nous permet de mieux comprendre le monde d'aujourd'hui. A travers Rachel, nous avons l'occasion de rencontrer un certain nombre de personnages qui incarnent différents aspects de l'antisémitisme, du rapport des juifs avec les autres peuples, qui vont se montrer détestables ou exemplaires.
J'aurais aimé être séduite par ce livre qui prône des valeurs en lesquelles je crois et qui décrit un beau destin de femme. Je ne sais pas expliquer pourquoi Rachel ne m'a pas touchée. J'ai lu avec intérêt son histoire, je n'ai pas tremblé, ri, aimé avec elle. Elle n'a pas pris chair, et je le regrette.
Merci aux éditions Grasset pour leur confiance. #Racheletlessiens #NetGalleyFrance
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Metin Arditi nous raconte avec brillance et beaucoup d'émotion l'histoire d'une femme, Rachel, née en Palestine Ottomane. le livre s'ouvre sur une date En 1917. Rachel vit avec ses parents qui partagent leur logement avec Mounir et ses parents. Une belle entente règne entre eux, entre ces Palestiniens catholiques et ces Juifs d'Orient. Mounir est le frère de lait de Rachel, elle l'aime comme un frère.

Le soir de ses 12 ans, lorsqu'elle rentre chez elle, la jeune fille découvre ses parents au désespoir, un père anéanti. Iakov et sa fille Tatiana sont morts, seul survit à ce drame la petite Ida, désormais orpheline. Qui sont ces gens ? Pourquoi étaient-ils venus visiter les parents de Rachel, pourquoi ces derniers se sentent-ils coupables de leur mort.

En grand nombre arrivent des Juifs Chassés d'Europe, ils reviennent sur leur Terre sans penser aux conséquences inévitables.

» Ici nous vivons en paix. Tu as vu un Arabe lever la main sur un Juif en Palestine ? Moi jamais. Mais si l'invasion continue, nous deviendrons ennemis. »

Au début la cohabitation avec Ida, pour Rachel et Mounir est terrible jusqu'à ce que des liens très fort les unissent à jamais.

Et puis le 8 avril 1917, c'est le départ forcé : » Cela faisait quatre siècle que Juifs et Arabes vivaient en paix sous domination ottomane. Mais à cause d'immigrés comme tous les Juifs d'Europe …. qui se sentent supérieurs.. » la famille de Rachel avait dû quitter Jaffa et leur maison.

Commence alors des années d'exil pour Rachel qui va vivre de belles joies comme des évènements tragiques qui feront basculer son destin et celui de tous. de Jaffa à Istanbul puis à Paris, Rachel va essayer de vivre, vivre de ce qu'elle est, cette petite fille qui aimait tant raconter des histoires, va devenir la plus grande dramaturge de son temps.

En effet, les tourments de l'Histoire vont propulser cette femme sur les plus grandes scènes du monde, après avoir vécu tant d'échec dans son propre pays, c'est son art qui lui permettra à chaque coup du destin de reprendre vie et force.

Je ne vous en dirais pas davantage, ce livre se découvre avec beaucoup d'allégresse, les personnages sont touchants à souhait, nous dévoilant un amour incommensurable pour une Terre aimé par les Juifs et les Arabes qui après avoir vécu en paix vont se déchirer, s'entretuer.

Comme le dit si bien son auteur Rachel et les siens c'est l'histoire d'une femme forteresse ! Merci Metin Arditi

#Racheletlessiens #NetGalleyFrance
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critiques presse (3)
LePoint
07 décembre 2020
Le tour de force de Metin Arditi ? Incarner, grâce au trio d'adolescents de « Rachel et les siens », un siècle de déchirures sur une terre pétrie d'Histoire.
Lire la critique sur le site : LePoint
LaCroix
12 octobre 2020
Un roman grave et léger qui emboîte les mésaventures de Rachel et les drames de la Palestine post-Première Guerre mondiale.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaTribuneDeGeneve
18 août 2020
Avec «Rachel et les siens», l?écrivain genevois emmène ses lecteurs en Palestine au début du XXe siècle. Le roman contient ce qui est essentiel pour lui, et délivre un message de paix
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le grand public ne la suivrait pas. Ceux de l’Histadrout ou du parti communiste, peut-être. Et encore… Comme si ses pièces étaient conçues pour être rejetées. Non par désaccord, chez les Juifs le goût de la dispute se cultivait dès l’enfance, mais parce qu’elles portaient toujours ce même message : il faut faire confiance à votre pire ennemi. A un pays porté par un élan extraordinaire et qui réalisait un miracle par jour, elle demandait d’être équitable
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Rachel resta silencieuse. Son père non plus n’aimait pas voir tous ces Moskubim venir en Palestine. « Nous étions bien, disait-il. Partout les Juifs sont mal aimés. En Russie, en Pologne, en Roumanie, on les massacre. Ici, nous vivons en paix. Tu as vu un Arabe lever la main sur un Juif en Palestine ? Moi, jamais. Mais si l’invasion continue nous deviendrons ennemis ».
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Le succès du Juif sera l’élément à charge, son piège, la preuve de son désir de se hisser au-dessus des autres. Alors, à l’instant précis où dans le visage de l’autre s’esquissera ce sourire infâme, le Juif sentira le crachat lui souiller le visage et comprendra que la messe est dite. Qu’il sera méprisé à tout jamais.
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es Turcs et les Anglais se disputaient la ville comme deux hommes se disputent une femme qu’aucun n’aime vraiment, mais que chacun est prêt à sacrifier pour en priver l’autre. La fiancée de Palestine était violée sous se yeux par des voyous de passage. Tôt ou tard, les Anglais n’allaient faire qu’une bouchée des Turcs…
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Les Arabes devraient prendre pour exemple ces Juifs qui construisaient des villes et transformaient des marais salants en terres fertiles. Il ne pensait pas qu’aux Moskubim en disant cela, encore moins aux Juifs de Palestine comme les Alkabès. Il pensait aux Juifs qui habitaient Londres, Paris, ou New York. Ceux-là faisaient des Anglais ce qu’ils voulaient. Pourquoi n’admirerait-il pas les Juifs ? C’est parce qu’ils étaient admirables qu’il les craignait. C’était eux qui allaient chasser les Anglais :
- Et après ils voudront nous chasser, nous qui étions ici avant eux. Mais comme nous n’aurons plus rien à perdre, nous allons nous accrocher à ce lopin de terre.
- Et ? demanda Rachel.
- Et ce sera la guerre jusqu’à la fin des temps.
p.172
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Videos de Metin Arditi (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Metin Arditi
L'Homme qui peignait les âmes de Metin Arditi aux éditions Points https://www.lagriffenoire.com/l-homme-qui-peignait-les-ames-1.html • le Turquetto de Metin Arditi aux éditions Babel https://www.lagriffenoire.com/le-turquetto.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionspoints #editionsbabel
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