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Critique de jlvlivres


« La Pierre de Folie » de Fernando Arrabal (2004, Maelstrom, 128 p.) par cet auteur du groupe Panic avec Roland Topor et Alejandro Jodorowsky. Pièce parue dans « La Brèche », la dernière revue surréaliste. La pièce fait allusion à l'opération pratiquée au Moyen Age pour extraire cette pierre, à l'origine supposée de la folie.
C'est, tant qu'on y est en supplément à « La piedra de la locura » du chilien Benjamin Labatut, (2021, Anagrama, 80 p.). L'auteur né à Rotterdam, aux Pays-Bas et a passé son enfance à La Haye, puis Buenos Aires et Lima, avant de s'installer à Santiago de Chile à l'âge de 14 ans. C'est aussi l'auteur de « When We Cease to Understand the World » (Quand on cesse de comprendre le Monde) (2020, New York Review of Books, 194 p.). Traduit en français par Robert Amutio, le traducteur de Roberto Bolaño, sous le titre de « Lumières Aveugles » (2020, Seuil, 228 p.). Il a été récompensé par un « 2021 International Booker Prize » ce qui n'est pas rien. Il faisait partie de la liste de lecture de Barack Obama pour l'été 2021, avec une douzaine d'autres titres.
C'est un court essai (80 pages) en deux parties. « L'extraction de la pierre de la folie » et « le remède à la folie ». Avec une question « Pourquoi les diables volent-ils des manuscrits de livres inédits ? ». La première partie prend comme exemples Howard Philips Lovecraft et Philip K Dick, les deux auteurs de science-fiction. Puis il passe à des mathématiciens, tels David Hilbert ou Kurt Gödel. Cela devient de plus en plus filandreu.

« le curé est venu voir ma mère et il lui a dit que j'étais fou. Alors ma mère m'a attaché à ma chaise. le curé m'a fait un trou dans la nuque avec un bistouri et il m'a extrait la pierre de la folie ». Il faut dire que « J'ai une bulle d'air. Je la sens très bien. Quand je suis triste, elle se fait plus lourde et parfois, quand je pleure, on dirait une goutte de mercure. La bulle d'air se promène de mon cerveau à mon coeur et de mon coeur à mon cerveau ». Cela ne s'arrange pas. « Tous les matins des morceaux de ma tête tombent et même des morceaux de visage. Quelquefois la moitié de ma tête s'éboule. Je dois passer des heures entières dans la salle de bain à remettre les morceaux ».
Et cela ne s'arrange même pas du tout. « Malade, malade, malade, mâle, mâle, mal, mal, ma, mai, mai, mais, maître, maître, maître, maîtres, maîtresse, malade, malade, manger, mandat.
Malade, malheur, mal, malaise, manège, mandibule, mander, mandais, mande, ma, mal, maman, maire, majeur, majesté, mal, malade, malades, malade.
Malade, mars, marie, maroc, marotte, marmotte, marmite, masser, massacre, martyr, mascotte, mâle, mal, ma, mai, mai, maître, maître, maîtresse, malade, malade, maman, maman, mer.
Malade, malheur, malheur, mandat, manger, mal, ma, mander, mandais, ma, mal, maman, mehr, maîtres, maîtres, maîtresse, maman, malade, mandibule, mal, malade, maman, maman, maman, mère ».
J'avais prévenu, c'est de Arrabal et du groupe Panic.
En fait « La Pierre de Folie » part d'un tableau de Hieronymus Bosch (1485) «de keisnijding » (l'extraction de la pierre de la folie) au musée du Prado de Madrid. Au Moyen Age, on croyait que les fous avaient une pierre dans la tête et que le moyen de guérir la folie tait de pratiquer une lobotomie. le tableau représente l'opération subie par un bourgeois, sous le regard d'un moine et d'une nonne. le médecin est représenté avec un entonnoir (le savoir) porté à l'envers sur sa tête en guise de chapeau. Cela le caractérise en tant que médecin des fous. La nonne, par ignorance ou pour imiter le médecin, porte sur sa tête le livre de la connaissance médicale. le chirurgien principal, tout en noir vêtu, enlève la pierre du crâne du malade à l'aide de tenailles.
A vrai dire, du Prado je préfère presque la salle en sous-sol avec les peintures de Goya dont le terrible « Saturne dévorant un de ses enfants » et le « Chien se noyant ». Et puis, il n'y a qu'à traverser l'avenue pour aller voir en face le « Guernica » de Picasso.
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