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Citations sur Emmanuelle, tome 2 : L'Anti-vierge (27)

Je sais seulement que la vie est faite d’échanges et que c’est un bien. Et je ne souffre pas qu’elle soit faite aussi d’inconstance, d’incertain. Le prix de vivre est l’inconnu ? Eh bien ! soit : je me lance, je vis. Mais si, toi, tu crois que tu connais ton but, que tu as trouvé ta forme et n’as plus d’autre passion que de la préserver, si tes rêves sont calcifiés, alors, tu as droit à la stabilité qui convient à ton âge : une place parmi les crânes et les tibias sûrs de leur avenir, dans l’ossuaire des appréhensions calmées.
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-Je ne t’avais encore jamais vue, dit Emmanuelle. Regarde- moi. Je peux t’aimer, toi qui es plus belle que moi.
-Il est trop tard pour que je me défende.
-Crois- tu toujours que je sois le Mal ?
-Et, moi, crois- tu encore que je sois l’ange ?
-Tu es mon amante. Tu es ma femme.
-J’irai vivre avec toi et Jean. Je serai vous.
-Ce que j’aime, je te le ferai faire.
-N’y mets pas trop de hâte : tu vois, je suis encore effarouchée !
-Un peu de fermeté, chevalière ! Je ne veux pas de toi pour te ménager. Je te dilapiderai comme un fief.
-Tu ne garderas rien ?
-Te prodiguer n’est pas te perdre. Espères- tu que je me pose sur toi comme une chevêche, pour m’engourdir de ton sang sucré ?
-Je ne suffirais pas à te gorger ?
-Non, rien, jamais, ne me suffira. Je chercherai toujours ailleurs. Regarde le ciel…
-Tu as voulu que je l’oublie.
-Regarde ce ciel- là. Tu vois comme notre terre y est heureuse ! Il est sa carrière. Il est à nous : nous y sommes venus de main d’homme.
-Qu’avons- nous d’autre à trouver ?
-Tout, tout ! Songe à ce qui nous reste à connaître. Hélas ! c’est impossible : c’est le monde qui ne sera jamais fait !
-Garde confiance ! presse Anna Maria avec une brusque ferveur. Jean et nous, ceux qui nous ressemblent, ceux que nous aimons, le verrons surgir.
-Pas nous. Jamais personne. Toujours seulement ceux qui suivent.
-Et qui donc nous suivra, toi et moi ?
-Notre fille.
-Qui la fera ? Toi, moi ? Et qui nous l’aura faite ? Jean ?
-Ou toi à moi, moi à toi. Peu importe ! Nous lui apprendrons à naître. À changer.
-C’est tout ?
-Le reste, ce sera à elle de nous l’apprendre. Ou à ses filles et aux petites- filles de ses filles.
-Nous n’y serons plus, dit Anna Maria, la gorge serrée. Ah, je voudrais pouvoir revenir ! Dans longtemps, longtemps. Quand les hommes auront grandi.
-Tais- toi. Te souviens- tu du faune – que disait- il ? « Ces nymphes… » Ma fiancée, ma sœur, je t’ai enfantée : ce n’est pas assez ! L’amour de toi allonge mon rêve. Je me sens un désir de durée.
-Que veux- tu ? demande Anna Maria.
-Nous perpétuer. Je te veux ! Je t’aime. Donne- toi à nous !
-Voici de l’eau, du sel, des algues et du sable. Et puis voici mon corps…
-Comme il est beau, touché par ma bouche et mes mains !
-Fais- le ton œuvre.
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Les hommes qui redoutent le plus l’infidélité de leur femme sont ceux qui ne sont pas sûrs d’eux, qui pensent être de mauvais amants.
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Un homme qui était trop fatigué pour me faire l’amour m’a dit que l’amour était une bêtise. J’en ai appris assez, maintenant, pour savoir qu’il avait tort. L’amour, en vérité, c’est le moyen qu’a trouvé l’homme pour faire sortir l’intelligence des limites de l’unité.
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Essayez donc de penser à Dieu pendant que vous jouissez ! La religion a été inventée par des gens qui ne savaient pas faire l’amour.
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Oui, à un moment donné, tout a servi. Même le christianisme. Un jour, aux mortels hagards de sacrifices et de magies, à leurs tribus affolées de méfiances et de mépris, un homme est venu dire : aimez- vous ! Vous êtes une unique espèce fraternelle. Il n’y a pas de race élue ; ni d’esclaves ; ni de damnés. Je vous réveille de vos fictions et de vos carnages. Je vous délivre de vos idoles et du chimérique fardeau de vos fautes originelles. Vos prêtres, leurs temples et leurs livres n’ont plus réponse à tout : c’est à vous- mêmes que vous devrez poser des questions, sans ignorer que vous n’aurez jamais de réponse. C’est votre quête sans fin ni cesse qui fonde votre existence et votre liberté. Vous ne serez jugés que sur ce que vous aurez fait… Ce jour- là, le monde a fait un pas en avant. Puis le sens de l’évangile s’est perdu ; et la doctrine de progrès est devenue un grand système de contrainte, où tout élan de vie est péché. Le messie avait servi l’évolution ; son église lui fait obstacle. L’amour, c’est à vous, aujourd’hui, d’en apporter la bonne nouvelle. Un amour qui ne soit pas une offense. Un amour qui libère de la honte, et devant le sacrilège duquel les pharisiens, une fois encore, se voilent la face. Un amour qui démystifie, et cependant gonflé comme une voile du sortilège et du mystère des grands commencements. Un amour qui soit une victoire sur la faiblesse et sur la peur, une victoire de la vie. « Jouis de la vie avec une femme que tu aimes », s’écrie l’Ecclésiaste. « Tout ce que ta main peut faire, fais- le avec force, car il n’y a plus ni œuvre, ni intelligence, ni science, ni sagesse dans le séjour des morts où tu iras. » Le corps est ce qui vaut qu’on pleure d’amour : « Non, pas le ciel ! conjurait la mourante. Non, pas le ciel, mais mon amant ! » À l’amour de la mort que clame le dément, la pensée répond qu’elle ne veut croire qu’à la bonté de la vie, à la fête charnelle des vivants : « Mieux vaut un chien vivant qu’un lion mort… » Seul le mépris du corps fait le corps périssable, et c’est d’avoir tenu ses lois pour viles qui les a avilies. S’il existe au monde quelque chose de sacré, c’est bien le sexe qui l’incarne. Heureux celui qui, le temps venu de mourir, pourra dire : j’ai misé sur un corps, je n’ai pas perdu ma vie. Emmanuelle, je ne crains pas, je n’ai pas honte de jouer les lendemains du monde sur votre corps.
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Les femmes se marient pour pouvoir coucher avec beaucoup d'hommes et les hommes les épousent pour qu'elles ne couchent qu'avec eux.
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Les hommes sont faciles à prendre parce qu'ils croient que ce sont eux qui nous prennent.
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Mais seriez- vous tentée par le savoir, si le savoir était sans danger ?
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Ce travail fut, par lui- même, une fête. Les jeunes femmes passaient des heures chez Ariane, jonchant le sol d’aigrettes, de plumes de cygne, de plumules de canari, de pennes de tourterelle, de huppes de perruche, de vannes d’émerillon, de duvet de rouge- gorge et de poil follet de fauvette, de rémiges de rossignol, de barbules de geai bleu et de pédiales de chevêchette, de cerceaux de goéland, de vol d’engoulevent et de tectrices de tantale, des falbalas de l’oiseau- lyre, du panache des paradisiers et de la queue du guêpier écarlate.
(Note personnelle : voilà une phrase qui nous prouve que c'est de la belle littérature. Voyez en une phrase comment utiliser la langue française pour ne pas répéter deux fois le mot "plume". )
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