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Citations sur Oeuvres complètes, tome 1.1 (69)

"Sans méconnaître les avantages de la suggestion collective, je crois que la
Révolution véritable est affaire d'individu. L'impondérable exige un recueillement qui ne se
rencontre guère que dans les limbes de l'âme individuelle" (I**, 73-74).
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La littérature des modernes ne dépasse pas
le niveau de ce que peut donner une certaine
intelligence alliée à une heureuse culture. Il est
même piquant de voir à quel point une certaine faculté d’assimilation jointe à cette espèce de rouerie, de précocité propre aux âges
pourris, peut tenir lieu de talent. L’aigu désir
d’avoir du talent, et l’approfondissement par
leur intelligence propre de ce que renferme
l’idée de talent, confère à MM. Raval, Fierens,
Crémieux, Morand, une existence littéraire de
contrebande. En matière de style, notre
époque possède un seul inventeur : Jean Giraudoux. Les autres ne sont que piraterie, sur-
impression, mimétisme. Ces autres, une élégance identique les marque, une même uniforme bonne tenue, un même air d’être à la
page, et de savoir de quoi il retourne. Ce qui
fait le poète c’est, à la fois, la nouveauté (mais
une nouveauté authentique, dense, spontanée), et la substance de l’image, l’échelle du
sentiment, le courant souterrain, – car le sentiment a certainement une échelle dont le degré marque la beauté. Il serait faux de croire
que l’exaltation (je ne dis pas la qualité du sentiment, mais la classe, le rang, mais son ampleur) ne puisse avoir des degrés.
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HORRIPILATION

C’était comme si l’irrémédiable s’était accompli
L’horreur était à son comble
En même temps que le désespoir
Et la navrance.
Et cela s’étendait
À toute la vie de mon âme dans l’avenir.
Dieu alors s’était fait introuvable.
Il y avait un point noir
Où avait conflué ma destinée.
Et elle demeurait là
Figée
Jusqu’à ce que les temps
Se soient résorbés dans l’absolu.
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LE POÈME DE SAINT FRANÇOIS
D’ASSISE

Je suis le saint, je suis celui qui fut
Un homme, très petit parmi les autres
hommes ;
Et j’ai seulement quelques pensées qui me couronnent
Et s’exhalent de moi avec un son confus.
Je suis cet éternel absent de soi-même
Marchant toujours auprès de son propre chemin.
Et mes âmes un jour s’en allèrent, demain
Je me réveillerai dans une ville ancienne.
Je vous le dis, je suis l’errant qui suis venu
Pour vous offrir l’image d’un humble exemple.
C’est ainsi que je me quittai un vieux dimanche
Suivant le vol évangélique des angélus.
Et voici que j’advins au cercle des esprits,
Ils dévalaient un cirque de petites collines ;
Et les herbes psalmodiaient toutes en sourdine
Au pied des ânes porteurs d’esprits qui me sourient.
Je n’ai plus honte de ma robe ni de mes mains
Qui m’appartiennent et vous appartiennent,
mes frères ;
Et ce jour-là je me déliai de la terre
Et des ondes passaient dans mon corps cristallin.
Autour de moi s’étend une ville d’agrès
Dont les remparts sont comme l’eau des mers
immenses,
Et voici que je retrouvai ce qui commence
Et le mot qui finit, et la terre d’après.
Je n’ai qu’un visage de cire et je suis orphelin
Et cependant là où je vais il vient des Anges
Qui me découvrent le chemin du Père étrange
Dont le cœur est plus doux qu’un cœur de père
humain.
Recherchez-moi, je viens du royaume de paix,
De cette paix qui pénètre même les pierres,
Et j’ai pitié de cette incessante poussière
D’os humains retournant à la terre brûlée.
Je suis celui qui peut dissoudre l’épouvante
D’être un homme et de s’en aller parmi les
morts
Car mon corps n’est-il pas la merveilleuse
cendre
Dont la terre est la voix par où parle la mort.
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MADRIGAUX
FLORENT FELS

Quand l’Évêque mourut, le Diable apparut,
Un vieux diable qui fréquentait les bordels
minces,
Où les accordéons évoquent des provinces
Dont la couleur s’étale aux almanachs perdus.
Ce bon diable-là, dites, l’avez-vous vu
Comme un bonze qui s’est dévêtu de la Chine,
Et puis a consumé sa vieille pacotille
Dans les braises du calumet de l’absolu.
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PREMIÈRE NEIGE

Vois toute douce, toute belle, toute pâle
Le jour qui vient mourir sur les mystères
blancs ;
Et le silence bruit doucement dans la salle
Dans l’occulte magie du soir agonisant.
Nous nous sentons heureux de savoir que les
choses
Boivent ainsi que nous ce lambeau de clarté
Et s’enfuient avec nous vers les nuages roses…
Et le jour sur la vitre est devenu violet ;
Dans la douceur du soir se lamentent les
branches
Parfois dans les chemins agonise un oiseau ;
Et voici que le ciel prend une couleur d’eau…
Ma sœur c’est notre amour qui neige dans les
branches.
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Car si l'on devait toujours penser à sa pensée, n'est-ce pas, pas moyen de penser, de se livrer à une opération mentale, supérieure à ce qui est proprement la pensée. Et non pas l'exsudat, la sécrétion de l'esprit, mais le mécanisme de cet exsudat.
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Verlaine boit (1921)
Il у aura toujours des grues au coin des rues,
Coquillages perdus sur les grèves stellaires
Du soir bleu qui n’est pas d’ici ni de la terre,
Où roulent des cabs aux élytres éperdues.

Et roulent moins que dans ma tête confondue
La pierre verte de l’absinthe au fond du verre,
Où je bois la perdition et les tonnerres
A venir du Seigneur pour calciner mon âme nue.

Ah! Qu’ils tournent les fuseaux mêlés des rues
Et filent l’entrelacs des hommes et des femmes
Ainsi qu’une araignée qui tisserait sa trame
Avec les filaments des âmes reconnues.
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Musicien (1923)
Voici que s’embrase ton masque
Musicien aux veines cireuses
Allume les bobèches creuses
Avec tes notes en fusion.

La foudre partage les ventres
Des vaisseaux nouveaux que tu lances
Construis-nous un petit enfer
Avec tes firmaments en antres.

Les astres que tu dilapides
Les métaux précieux que tu crées
Composent le temple rapide
De nos sentiments familiers.

Mais voici la plus belle église
Qui ouvre ses canaux profonds
Belle église cent fois décrite
Où n’habitent que des démons.
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7

L’ORGUE ET LE VITRIOL

La minute est bonne pour l’orgue
Que les vents sèment dans la nuit
L’orgue emplit la petite place
De son givre qui s’ossifie
Toi petite ville canaille
Mets des femmes à tous les balcons
Cette manne qui monte des pierres
Est meilleure que tes frissons
J’invite à des agapes noires
Où gicle l’âcre vin des bruits
Le rôdeur que poursuit la nuit
Et l’adolescent sans mémoire
Et celui qui cherche ses phrases
Dans les dédales de son rêve
Et celui qui cherche sa mère
Qui repose à côté de lui
Ville de sperme et de scapulaires
Ville aux lits croisés dans le ciel
J’invite au festin sexuel
Jusqu’aux anges de tes églises
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