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Critique de Madraykin


Je n'ai pu m'empêcher, durant ma lecture de Révolte contre la poésie, de faire tout un parallèle astrologique. Cette recherche, chez Antonin Artaud, d'une pureté à retrouver, ce soleil en Vierge, cet être qui se veut blanc, contenant tout ce à quoi l'être incarné n'a pas forcément accès. Artaud, par la puissance de ses mots cherche à retrouver la complétude de l'être (le soi originel) en le questionnant sans cesse – du moins c'est ce que j'ai ressenti - , mais l'être humain est bien physique, et cet homme si fortement marqué par le Scorpion, n'en a que trop conscience. Cette quête, jalonnée de sueur, d'efforts, de privations, de violence, reste bien ancrée dans ce plan : ses mots sont lourds, embourbés de matière, primaires. Quel paradoxe, entre ce signe d'eau si sensitif, si violent, qui creuse et accueille chaque angoisse, s'enfonçant toujours plus pour triturer la matière, alors que le but, l'unique but, est celui de cette Vierge au mental lumineux et dénuée de toute souillure. Un chemin aussi tortueux ne peut être qu'une lutte, la pureté originelle reste lointaine, et pourtant Artaud, cet artiste multiple (Jupiter en lion, ascendant Balance), essaie encore et encore, et c'est par son tortueux et halluciné Gémeaux (puissance de l'écrit, nostalgie profonde du double) qu'il interroge le mieux. La poésie serait-elle une voie suffisante ? Pour lui, elle peut être un chemin, mais il sait aussi qu'elle est vaine, elle ne reste qu'un cri, un appel qu'il lance inlassablement. Comment pourrait-il en être autrement, alors même que la planète de la lutte, de la révolte (Uranus), est dans ce Scorpion. de plus, l'époque dans laquelle il vit est une violence supplémentaire : les électrochocs, les privations diverses annihilent son corps mais surtout son esprit. C'est le monde physique qui pose un voile, qui est un monde de mort. Dans sa lettre à Anne Manson, il a bien conscience, au fond, que sa quête initiale continuera au-delà de ce monde : l'étincelle reste présente (le Scorpion est aussi affilié aux puissances occultes, à l'au-delà) mais la lutte doit se poursuivre à un autre niveau, dans un au-delà spirituel où la pureté de l'Autre, le soi complet, sera peut-être plus tangible.
Merci à la maison d'édition espaces&signes pour cet ouvrage court mais au contenu si fort et dense, qui hante toujours un peu. Je trouve que le dessin de couverture très en lien également.
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