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« Dans une figure, cherchez la grande lumière et la grande ombre, le reste viendra naturellement ; c'est souvent très peu de choses. »
Édouard Manet

Ève, ancienne étudiante à Oxford, enchaîne à présent petits boulots et vit à Londres en colocation avec un couple semi-radin, semi-généreux (whatever that means).
Elle se sent « comme un être inachevé, réduite à des os fracturés. Un jeu incomplet de souvenirs partagés, de simples fragments. »
Son unique confidente et amie, c'est Suzon, qu'elle retrouve fidèlement et inlassablement chaque mercredi au musée, Suzon qui demeure et demeurera un mystère indéchiffrable pour elle, car Suzon est la femme immortalisée par Edouard Manet debout derrière son bar aux Folies Bergères.
Cela en dit long sur la solitude d'Eve, abandonnée à l'âge de 5 ans par sa mère, Eve qui poursuit un dialogue impossible avec Grace, sa seule et unique amie (dans la vie) qui est morte tragiquement.
Ce roman décrit la solitude, la dépression d'Eve qui ne parvient pas à communiquer avec les vivants et qui garde enfouis en elle des sentiments très lourds qui la plombent et l'empêchent d'avancer et de construire: culpabilité, syndrome de l'imposteur, dénigrement de soi, traumatisme de l'abandon qu'elle tente de noyer soit sous l'alcool soit en faisant fausse piste.
Ève est touchante, sa vie bien triste et on espère la voir enfin remonter la pente, un roman plutôt réussi.
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Le roman s'ouvre sur une scène étrange, une jeune femme évoque le moment où "Une fois à la gare, quelque chose a lâché en moi… Je me revois faire un pas en avant vers les voies et regarder mes pieds."

C'est Eve qui parle. Dans sa vie, il y a Suzon, éternelle serveuse d'Un bar aux Folies Bergère peint par Manet en 1882. Suzon, du champagne, des fleurs, des spectateurs, et cet homme au second plan qui semble la regarder. Il y a surtout Eve qui part chaque mercredi à la rencontre de Suzon, dans la salle 6 de la galerie Courtauld à Londres.

Il y a Karina et Bill, chez qui elle partage une chambre en échange de quelques heures de ménage et d'un loyer à prix modéré.
Il y a Max, l'ami d'avant, toujours présent, discret et tendre, attentionné et prévenant.
il y a surtout Grâce, qui aurait eu vingt-six ans cette année.
Eve abandonnée par sa mère alors qu'elle avait à peine cinq ans, délaissée par un père absent, perdu dans les vapeurs d'alcool, cet alcool qui pourtant ne fait rien oublier des aléas de la vie.
Et Grâce qui revient sans cesse dans sa tête, les souvenirs, les mots, les gestes de Grâce aujourd'hui disparue.

Eve est serveuse dans un restaurant, jusqu'au jour où elle rend son tablier à la suite des gestes d'un client indélicat.
Alors que tout va mal, elle n'a pas besoin de chercher loin un emploi, une affichette lui montre la voie : modèle vivant pour cours de dessins. Là elle rencontre Paul, et surtout Annie, la douce et blonde, belle et talentueuse Annie. Annie en cours de divorce, lui propose d'être la baby-sitter occasionnelle de sa fille Molly.
Max la sauve du pire, en lui trouvant un emploi, en l'accompagnant, en tentant de l'aider. Max le doux ami si attachant et si compréhensif. Une relation rare dans la vie de cette solitaire qui s'isole de plus en plus.

Car Eve transporte des tonnes de peine, de tristesse, de doutes et de culpabilité. À tel point que sa chute est lente mais implacable, il faut comprendre qu'elle refuse de se faire accompagner pour parler, dire, comprendre.

Peinture fraîche est un belle surprise, de ces romans que l'on a envie de lire et de faire lire. Émotion, introspection, dérision, mal de vivre, Eve passe par tous les stades et nous avons envie de la suivre. Cette jeune femme cleptomane invétérée et décomplexée, est aussi paumée, déprimée, rongée par la culpabilité. Elle n'arrive pas à se pardonner le décès de son amie.
La façon de nous la présenter est tout sauf ordinaire, jeune femme atypique, attachante, bouleversante et amusante, à laquelle on s'attache tant les casseroles qu'elle trimbale sont énormes et ne l'ont pas aidée à bien démarrer dans la vie. C'est à la fois triste et puissant tant la résilience est proche, possible, souhaitée, par tous ceux qui suivent Eve avec attention et empathie, autant que par nous lecteurs.
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L'art peut-il nous réconcilier avec la vie ?

L'héroïne est mal dans sa peau, isolée, triste et se réfugie au musée pour contempler son oeuvre préférée de Manet. Une serveuse, comme elle, énigmatique et seule comme Ève. Quelles sont ces pensées ? Comment peut-elle aider Ève à avancer et trouver sa place ?

Une série de rencontres bouleversera la vie difficile de notre héroïne, des échanges de plus en plus forts, d'une grande humanité.

L'art est toujours présent dans la vie d'Eve, la peinture, une discipline salvatrice ?

Avec une écriture brute, sans concession et qui tranche avec la douceur de certaines rencontres. Un roman différent, abrupt et émouvant pour un tableau sans filtre de notre société.

Une jeune autrice à suivre.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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(...) Parmi ces quatre lectures figure Peinture fraîche (2023), un premier roman très réussi et touchant dont j'ai tourné la dernière page avec un petit pincement au coeur…

La journaliste culturelle anglaise Chloë Ashby y brosse le portrait sensible et tout en nuances d'une jeune Londonienne de vingt-six ans un peu perdue dans les méandres de sa vie.

Depuis que sa vie « est partie en vrille » quelques jours avant son cinquième anniversaire, Eve peine à évoluer de manière stable. Durement affectée au fil des ans par la disparition brutale d'êtres chers, elle tente tant bien que mal de se (re)construire, louvoyant entre les jobs qu'elle enchaîne, ses séances de yoga et chez le psy ou encore ses visites hebdomadaires à la Courtauld Gallery où elle se rend chaque mercredi pour voir Suzon, la serveuse de Un Bar aux Folies bergère (Edouard Manet, 1882), dont elle se sent étrangement proche bien qu'elle ne soit jamais parvenue à en décrypter le regard et les pensées.

Eve vit en colocation avec Karen, une « Norvégienne au cuir épais » chargée de com' dans l'hôtellerie dont elle subtilise régulièrement les affaires, et Bill, le patron d'une jeune start-up. Si Karen et Bill viennent naturellement et régulièrement en aide aux « gens comme elle » et la laissent vivre chez eux pour presque rien, pour Eve ils représentent ce qui se rapproche le plus d'une famille. Lorsque suite à un scandale, elle démissionne de son poste de serveuse, Eve doit rapidement retrouver un emploi pour ne pas aggraver une situation déjà délicate. Elle accepte alors de « se désaper au nom de l'art » en servant de modèle vivant dans une école d'art et, dans la foulée, décroche un nouveau poste de serveuse dans la City grâce à Max, son plus vieil ami à Londres. Enfin arrive Annie, une trentenaire rencontrée à l'école d'art où elle pose, qui lui propose du baby-sitting. Grâce à ces diverses opportunités et à la grande bienveillance des personnes qui l'entourent, Eve semble -enfin- sur le point d'atteindre une certaine stabilité et bien-être psychologique. Malheureusement ses fêlures sont profondes…

En usant de la première personne du singulier et en parsemant de façon non linéaire le roman de brèves parties en italiques dans lesquelles Eve s'adresse, au gré de ses souvenirs, à sa meilleure amie disparue cinq ans plus tôt, Chloë Ashby nous plonge au coeur de la psyché d'une jeune femme souffrant d'un « mal au coeur perpétuel ». Amputée de ses racines, Eve n'a pas pu évoluer et se construire sereinement, elle ploie sous la solitude, un fort sentiment d'abandon et le manque de confiance en soi auxquels s'ajoute, encore, une terrible culpabilité. Trop de douleurs, trop de blessures jamais cicatrisées…

S'il peut sembler bien sombre, Peinture fraîche n'est pourtant pas lourd, triste ou plombant. Certes, Chloë Ashby évoque le deuil et l'abandon mais elle brosse avant tout, avec beaucoup d'humanité, le beau portrait d'une femme dans toute son imperfection et sa fragilité. Enfin, de petites touches d'humour et l'importante place accordée à l'Art participent à faire de Peinture fraîche un premier roman complet, intéressant et captivant.

Une très belle découverte.

A lire également sur le blog.
Lien : https://livrescapades.com/20..
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Le livre s'ouvre sur l'échange d'Eve, 27 ans, avec son psy, sur ce qui l'a conduit, un an auparavant, à être sur un quai de gare, la point des pieds dépassant au-dessus des voies.
Après avoir quitté le domicile familial où vit encore son père qui a un problème avec l'alcool, elle a emménagé depuis 4 ans dans l'appartement d'un couple, Karina et Bill. Sa mère est partie alors qu'elle avait 5 ans.
En contrepartie d'un loyer peu élevé, elle se charge d'un jour de ménage par semaine. Après le ménage, elle se rend au musée contempler le tableau « Un bar aux Folies Bergères » d'Edouard Manet. Elle se demande à quoi peut penser Manon, au centre du tableau, qui est serveuse, comme elle. C'était le tableau préféré de Grâce, sa meilleure amie, qui est disparue prématurément.
Eve tente de surmonter ses difficultés relationnelles d'Eve.
L'auteur décrit, avec de nombreux détails, ses journées et ses réflexions à la première personne du singulier. Cela crée une certaine complicité avec le lecteur, un peu s'il recevait les confidences, sans filtre, d'une amie proche. Par contraste, elle s'épanche peu sur son amie, Grace, n'évoquant que des bribes de souvenirs, faisant des parallèles avec des situations auxquelles elle est confrontée. Ce contraste, l'ambivalence entre pudeur et audace, est perceptible au quotidien et trouve pleinement son illustration lorsqu'elle pose nue comme modèle. Cela traduit la fragilité d'Eve que le lecteur appréhende progressivement.

Lien : https://www.carnetsdeweekend..
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« Peinture fraîche » comme ces panneaux qui nous préviennent de ne pas approcher, faire attention, pour protéger ce qui est lentement en train de sécher.

« Peinture fraîche » comme le poids des souvenirs de sa meilleure amie disparue, du départ de sa mère dans son enfance et de l'alcoolisme de son père, qui submergent le quotidien d'Eve, londonienne de 26 ans, tentant de se construire avec les moyens que la vie lui a donnés.

« Peinture fraîche » comme la toile d'Edgar Manet représentant une serveuse aux Folies Bergères que chaque mercredi, Ève va observer à la Courtauld Gallery - moins cher que la séance chez un psy ! - et à laquelle elle finira par s'identifier pleinement lorsqu'elle devient elle-même à mi-temps serveuse dans un bar la nuit et modèle nu dans un atelier de dessin le jour pour payer son loyer.

« Peinture fraîche » comme un premier roman dans lequel Chloë Ashby porte un regard bienveillant sur la dépression, le deuil et la difficulté à se construire quand on n'a connu que l'abandon. Ève erre dans la vie en quête de repères, se mettant littéralement à nu, vulnérable et sans armure, et sans s'en rendre compte, construit au fil de ses errances, les bases d'une nouvelle vie, à moins que ses propres démons n'en décident autrement.

Je suis resté un peu sur ma faim dans la dernière partie, mais ce roman a eu le mérite de me faire retrouver l'ambiance de Londres pendant les fêtes que j'aime tant, tout en rappelant que la fin d'année n'est pas forcément cette vitrine merveilleuse que l'on nous vend, pour mettre en lumière avec bienveillance un sujet au combien important que celui de la santé mentale. Une belle découverte d'une autrice dont je lirai sûrement les prochains textes !
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Pour Eve, l'existence ne s'apparente pas à un conte de fées. Difficile de garder la tête hors de l'eau lorsque chaque effort paraît s'enliser pitoyablement. Pourtant, elle ne fait rien de mal, se démène à trouver des solutions, à changer son fusil d'épaule. Mais, voilà, la guigne semble tenace et les bâtons dans les roues s'accumulent. Alors, du haut de ses vingt-six ans, elle décide de rompre le cercle qui l'étrangle et d'accepter des jobs qui lui permettraient d'améliorer son quotidien financier. Son emploi de serveuse dans une taverne l'épanouit si peu. Alors, pourquoi ne pas accepter un poste de modèle nu pour une école d'art, des heures de babysitting ? Finalement, il n'existe pas de sots métiers ni de panacée. Elle dispose également de temps (beaucoup trop !) pour songer à sa jeunesse, à sa mère qui est partie sans se retourner, à son père qui réconforte son ennui en éclusant des cannettes de bière, à son amie Grâce, au temps des études sur les bancs d'Oxford, …
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Serveuse dans un restaurant de Londres, Ève vivote et mène sa vie tant bien que mal. Quand elle n'est pas au travail, elle rejoint sa collocation où elle vit avec un jeune couple qui lui propose un loyer modéré en échange de quelques services. Mais son vrai plaisir, à Ève, c'est d'aller retrouver Suzon. Celle de Manet, qu'il a peinte en 1882 et qu'elle retrouve chaque mercredi au musée Courtauld. Elle peut s'y perdre pendant des heures, dans les yeux de Suzon. S'échapper de sa réalité. Oublier son quotidien, son père trop porté sur la bouteille et sa mère qui l'a abandonnée quand elle n'était qu'une enfant. Mais surtout, face à Suzon, Ève arrive à ne plus penser à Grace, son amie d'enfance disparue. Et quand ce n'est pas Suzon qui l'aide à l'oublier, c'est le gin tonic qui prend la relève. Clopin-clopant, Ève traverse sa vie en maintenant sa tête hors de l'eau. Un jour, à la sortie du musée, Ève tombe nez à nez avec une annonce pour être modèle vivant, alors qu'elle vient de perdre son boulot, elle décide de tenter l'expérience. Si le quotidien d'Eve semble s'améliorer, elle perd pourtant pied petit à petit, semblant s'échapper chaque jour un peu plus de sa réalité, jusqu'au jour où tout bascule et où elle ne peut plus revenir en arrière…

Coup de coeur pour ce roman plein de tristesse mais immensément lumineux qui fait la part belle aux rencontres qui changent une vie, à l'art et à la bienveillance. Sans jamais tomber dans le pathos et le mielleux, Chloë Ashby explore les failles de l'existence et la fragilité de nos vies, la façon dont chacun se construit et avance, malgré tout. du chaos peut renaître la beauté, "Peinture fraîche" en est une magnifique preuve.

Un livre à lire et à offrir, sans modération.
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Eve travaille dans un restaurant en tant que serveuse. Elle vit en colocation avec un couple Karina et Bill. Mais quelque chose la tourmente, la disparition de Grace, sa meilleure amie, son âme soeur. Et l'absence de sa mère qui l'a abandonnée quand elle avait quatre ans. Et son père qui se noie dans l'alcool. Un jour, Eve craque et se fait renvoyer de son travail. Elle retrouve un ami d'enfance qui lui obtient quelques heures de travail dans le bar où il travaille et pour réussir à payer son loyer accepte de devenir modèle vivant. Et l'obsède Suzon, la femme du tableau d'Edouard Manet, Un bar aux Folies Bergère, qu'elle va revoir sans cesse dans un musée londonien.
Peinture fraîche suit quelques mois de la vie d'une Anglaise d'aujourd'hui fragilisée par son parcours de vie chaotique et la perte d'un être cher. Eve est un personnage aux prises avec une dépression qui s'ignore mais qui peut encore sans sortir grâce à un solide sens de l'humour, une volonté sans pareille et la présence réconfortante de personnes aimantes et bien intentionnées.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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