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Critique de BazaR


J'ai à nouveau éprouvé un énorme plaisir à lire ces nouvelles qui forment le premier tome du cycle des Robots d'Isaac Asimov.

Le vague souvenir que j'en avais s'est pourtant révélé assez inexact. J'avais gardé en tête que l'auteur jouait seulement avec ses trois lois de la robotique d'un point de vue technique. Par exemple, que se passe-t-il si la deuxième loi – un robot doit obéir aux ordres d'un être humain – est accidentellement affaiblie et entre en conflit avec la troisième – un robot doit préserver son existence ? Un ou des héros s'arrachent les cheveux quelques temps et finissent par trouver une solution qui fonctionne.

Bon, ce type de scénario est effectivement représenté, surtout dans les histoires des temps pionniers de la robotique mettant en scène le pétillant duo Powell & Donovan, mais il n'est pas le seul. La première nouvelle, très émouvante – Robbie – se concentre par exemple sur la façon dont une famille américaine moyenne des années 1940 voit l'intégration d'un robot domestique dans son foyer : inquiétude pour la mère, amour inconditionnel pour la fillette. La nouvelle Menteur montre les démêlées de l'ordre de la psychiatrie auxquelles est confronté un robot qui a acquis par erreur des facultés télépathiques. Et que penser de ce candidat aux élections qui se comporte en apparence comme tout politicien, mais avec une honnêteté suffisante pour qu'un adversaire l'accuse d'être un robot (nouvelle La preuve) ?

En fait, Asimov montre à travers ces histoires qu'un cadre en apparence très strict et contraignant (les trois lois) autorise quand même une énorme variété de situations inattendues.
Et c'est très pétillant de fraîcheur. Les personnages humains possèdent suffisamment de caractérisation pour donner lieu à des dialogues sérieux et rigolos à la fois. Seule la robot-psychologue Susan Calvin, qui fait le lien entre les récits de ce fix-up, est volontairement froide et cache ses émotions derrière une armure glacée.

Isaac Asimov a construit un cadre cohérent et en évolution pour ses nouvelles dont l'écriture s'étend sur dix ans. L'opinion refuse dans l'ensemble violemment l'utilisation des robots qui sont relégués à une utilisation dans le système solaire, loin de la Terre. L'humanité étend son emprise sur ce système et rêve des étoiles en progressant vite sur la théorie de l'hyperespace. Et la progression politique vers un gouvernement mondial reléguant les guerres dans les musées semble inéluctable. C'est une vision optimiste de l'avenir – placé dans notre présent actuel – à laquelle je souhaitais croire lors de ma première lecture. Je n'y crois plus à présent ; la violence et le besoin de conflits sont inhérents à l'homme, on en a des preuves tous les jours.

Merci beaucoup à Fifrildi, dont le challenge Duo d'auteurs SFFF 2021 me donne l'occasion de me replonger dans ces histoires qui n'ont pas pris une ride.
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