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Critique de candlemas


Agrégé d'Histoire et de sciences économiques, JC Asselain a écrit cet ouvrage en 1984. Chiffres à l'appui, il analyse l'évolution de l'économie française sur cette période, avec ses alternances de dynamisme et de déclin relatif.

Cet ouvrage, mêlant l'approche économique et historique est très riche et permet de bien comprendre les tendances longues et profondes (économiques et sociales) de la France, pour mieux mettre en perspective l'événementiel. Cet auteur sait marier la rigueur des chiffres et de l'analyse macroéconomique avec une plume alerte et un sens de la formule qui rendent ces 2 volumes abordables pour tous.

Quelques phases remarquables de l'Histoire économique de la France piochées en cours de lecture :

Ainsi, malgré les obstacles au progrès agricole sous l'Ancien Régime (survivances du régime seigneurial, systèmes agraires inégaux, cloisonnements régionaux), les rendements s'accroissent sous les efforts des agronomes, bien avant que la croissance démographique ne prenne le relais. Les crises de disette diminuent et le commerce extérieur connait un essor. porté par le commerce maritime avec les colonies. Néanmoins, c'est par l'agriculture que la France entre, après l'Angleterre, dans la révolution industrielle au XVIIIème siècle.

A la fin du XVIIIème siècle, le produit industriel n'est pas loin d'équilibrer le produit agricole, mais il repose encore beaucoup sur l'artisanat urbain, les manufactures et une production rurale diffuse. Aussi, même si la France est à cette époque la Ière puissance économique européenne, à la fin du XVIIIème se produit le "décrochage" par rapport à sa voisine britannique. Les différents secteurs économiques ne bénéficiant pas d'un effet d'entrainement comme en angleterre, la France cumule en fait les fragilités des économies agricoles traditionnelles et l'instabilité d'une économie en voir d'industrialisation...
Cette situation ne sera évidemment pas étrangère à la survenance de la Révolution Française...

Après la Révolution et l'Empire, le XIXème siècle va se caractériser par la continuité : un siècle de paix et de stabilité monétaire, portés par le libéralisme économique de gouvernements bourgeois. Pour autant, à la Restauration, manquant de ressources énergétiques (charbon), la France se redresse à l'abri de barrières douanières protectionnistes. son économie est portée par la croissance intérieure, à partir de l'activité agricole et du développement ferroviaire. Elle va néanmoins développer un modèle économique original, fondé sur la prépondérance des biens de consommation, surtout textiles, la croissance parallèle de la grande et de la petite industrie, et la spécialisation dans les articles de qualité.

La France finira par entrer dans les années 1850-1860 dans l'ère industrielle proprement dite, celle de métallurgie et des gains de productivité, portée par l'extension du chemin de fer. Les taux de croissance atteignent alors des records.

Sûre d'elle-même, seconde puissance financière au monde, la France entre alors dans le libre-échange dans les années 1860 et investit à l'étranger, sans voir qu'elle est en plein essoufflement. C'est l'Allemagne qui est alors en pleine croissance, ainsi que les Etats-Unis. Il s'en suit un déséquilibre agricole et commercial, que les crises plus conjoncturelles des ventes de tissus et du vin (phylloxera) vont révéler. La défait de 1870 va accélérer la dépression agricole (le secteur ne s'adaptant pas, comme en angleterre) et le déclin démographique. Pour autant, l'industrie parvient à se maintenir g^race à une progression des salaires qui maintiendra l'industrie des biens de consommation.

Enfin, ce 1er volume se conclut sur un nouvel élan industriel au début du XXème siècle, porté par l'automobile, l'électricité, la mécanisation agricole, les progrès de l'éducation, et le développement de l'usage du chèque. Les années 20 relaient la "belle époque" , par un retour à la hausse des prix et à la prospérité financière. Relevant -la dernière- ses tarifs douaniers, la France entre à son tour dans la "guerre douanière", ce qui redresse son agriculture. Peugeot, Berliet, réinvestissent massivement ; la consommation d'électricité quintuple entre 1900 et 1913.

Pourtant, les déséquilibres régionaux, la dominante agricole, et surtout le vieillissement démographique prématuré s'accentuent par rapport aux autres Nations. Malgré des avantages comparatifs sectoriels indéniables et une puissance financière qui s'investit massivement à l'étranger, la France, qui se situait en tête des puissances à la fin du XVIIIème siècle, ne l'est manifestement plus vers 1913.





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