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Critique de JeanPierreV


Un auteur désirant écrire la biographie du romancier Désiré Simon, découvre que celui-ci était juif et note une phrase de ses mémoires, relative à la période de l'Occupation qui l'interpelle : « Désiré Simon n'en revenait pas : on lui demandait de prouver non ce qu'il était mais ce qu'il n'était pas ».
C'est le début d'une longue quête d'informations, pour comprendre le sens de cette phrase, les conséquences sur la vie du sujet de son livre pendant cette période. A titre exceptionnel il obtient l'autorisation de consulter les archives très confidentielles de l'Occupation, les rapports et enquêtes de police mais aussi les milliers de lettres de dénonciation, dénonciations de juifs, mais aussi de maris ou de femmes dénonçant leur conjoint pour s'en débarrasser, les maîtresses trompées dénonçant l'amant infidèle…courriers qui lui donnent la nausée. Par hasard une lettre retient son attention, elle dénonce la famille juive de son ami fourreur, cousin de sa femme. Cette famille a été exterminée à l'exception de son ami qui a pu récupérer ses biens « aryanisés » à la Libération.

Il ne lui en faut pas plus pour remonter le fil de cette dénonciation, pour en connaitre l'auteure(e), et découvrir et chercher à rencontrer la personne.
Je ne vais pas vous dévoiler les relations de cette personne avec le fourreur, mais seulement vous dire qu'elle vit honorablement, au grand jour, mais pas forcément heureuse. Doit-il en parler à son ami juif ?
L'écrivain biographe va tenter de comprendre les motivations du dénonciateur et même rencontrer le flic qui à l'époque a reçu la dénonciation. Il a besoin de comprendre, d'expliquer, même s'il en être fortement désorienté et préoccupé.
Un livre qui dépeint l'atmosphère de cette période, la mentalité et les motivations de ces personnes qui trahissent et dénoncent, mais aussi et surtout de ces flics au service du régime, qui ont poursuivi leur carrière sans jamais être inquiétés par la justice et qui ont vécu leur retraite paisiblement.
Un passé caché qui pourrait remonter au grand jour, si jamais ces archives confidentielles venaient à être déclassés, mais faut-il qu'il remonte au grand jour, ne faut-il pas le laisser enfoui ? Des questions qu'on se pose sinon jusqu'où irait-on? : « Tout, les voitures portant le nom de Louis Renault, les films avec Arletty ou Albert Prejean, les romans de Drieu la Rochelle, les pièces de Sacha Guitry, les grands restaurants, Maxim's en tête, les expositions de Vlaminck, l'ordre des médecins, les fabricants de cosmétiques, la police nationale qui procédait aux arrestations, la gendarmerie qui gardait les camps d'internement, que sais-je encore. Une telle liste était sans fin. »
Immanquablement le lecteur s'interrogera. « Quelle capacité, quelle légitimité ai-je pour juger des personnes qui ont vécu dans des conditions, et à une époque que je n'ai pas connue? Puis porter un jugement moral alors que je suis bien incapable de dire ce que j'aurais fait si j'avais subi des pressions mettant en jeu des membres de ma famille ? Compte tenu de la complexité de cette période ai-je tous les éléments pour me prononcer? »
Je suis de plus en plus inconditionnel de Pierre Assouline
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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