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Critique de Lune


Un huis-clos où se distillent des observations implacables sous le regard sans concession de Jacques-Marie Bauer, bibliophile et marchand d'éditions rares.

Huis-clos qui commence le 26 février 1932, jour du départ sur la ligne Marseille-Yokohama, du paquebot « Le Georges Philippar » des Messageries Maritimes.

Huis-clos où la réalité se mélange à la fiction du roman pour lequel Pierre Assouline s'est documenté (la liste en fin de livre est impressionnante).

Huis-clos jusque dans la répartition des passagers de la première à la troisième catégorie.

J-M Bauer voyage en première classe parmi les nantis, les chevaliers d'industrie, les dames de grande ou petite vertu, les rentiers, les oisifs qui regardent la vie s'écouler entre les promenades sur le pont, les repas à heures fixes, les jeux, la piscine, le luxe comme il pouvait l'être à cette époque.
Luxe qui contribuait à la réputation du paquebot et motivait la rivalité entre les compagnies.

Le narrateur discret, retranché et intensément présent, observe, critique, absout, rejette lieux communs et idées générales, décrypte attitudes et manières d'être.
Il nous décrit le tout avec un ton incisif et sans concessions.

Un groupe se forme et lance quelques joutes oratoires qui mettent en exergue l'époque, cette année 1932 où l'Europe bascule comme basculera « leur » société de privilégiés.
Le cosmopolitisme des uns et des autres font se rencontrer des Allemands et leur espoir en Hitler, un Italien qui évoque Mussolini et des Français qui apprendront l'éléction d'un nouveau président.
Des échanges où la bienséance se force, où l'on sent les positions extrêmes prendre corps, où tout se dit, se prédit, se retient : on est entre gens de bonne compagnie, de bonne naissance…

Un nom retient l'attention, celui d'Albert Londres et sa disparition au cours de l'incendie donnera naissance à des allégations dont la véracité n'a jamais pu être établie.

De manière permanente, la peur rôde, l'angoisse de l'accident, du feu, le souvenir du Titanic et d'autres naufrages sont toujours présents dans les esprits.

Puis il y a les dernières pages magistrales où Pierre Assouline nous relate avec véracité les instants tragiques où tout a basculé : paquebot, société, Europe.

Livre dru où tout contribue, au-delà du fait-divers, à dépeindre la vacuité en même temps que l'esprit de domination de certains hommes.

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