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Critique de Seraphita


Au beau milieu d'une froide nuit de décembre, une barque s'est échouée sous les fenêtres éteintes du 36 Quai des Orfèvres. Bien que Noël ne soit plus très loin, son contenu n'est en rien féérique : la barque transporte un cadavre emmailloté dans un linceul. La mise en scène, macabre, est annonciatrice d'autres morts. La Seine se transforme alors en un Styx glacé, enjoignant les policiers de retrouver son macabre Charon...

« Quai des enfers » est un policier vertigineusement habile : l'écriture très soignée, frappe par son érudition et sa poésie. On y déniche nombre de pépites linguistiques aussi bien argotiques (le fameux « baluzeau », par exemple) que techniques. Et l'on (re)découvre le Paris des quais, un Paris aquatique, bien éloigné du « Paris plage » ou de la Seine touristique en bateau mouche ! C'est une Seine glauque qui déroule ses eaux froides et ses cadavres cachés, c'est dans l'envers des eaux que les mots d'Ingrid Astier nous invitent à voyager… Et l'on se laisse happer au long des 400 pages, on frissonne devant le gore des meurtres, et l'on se prend à espérer, aux côtés du commandant infatigable, que l'abominable Charon soit vite retrouvé. Les 100 dernières pages se tournent encore plus vite jusqu'à un dénouement peut-être un peu prévisible, mais peu importe, car là encore les mots savent nous faire atteindre, avec beaucoup de finesse, les cimes de la psychologie du tueur, pour nous livrer quelques clés de compréhension.
« La source du bonheur est là-haut, mais le bonheur vient après. Si nous montons finalement, c'est pour revenir, revenir vers les hommes. Après avoir été dans un monde hostile, perdu et exposé dans un froid extrême, avec peu d'oxygène, avec la peur de ne pouvoir redescendre, le retour est comme une résurrection, une seconde naissance. » (p. 401.)
Glaçant, effrayant, réjouissant !
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