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Critique de MarcelineBodier


J'ai reçu L'inconnu de la poste par une Masse critique de Babelio, en version audio : c'est donc tout autant du livre que de son enregistrement que je me retrouve à faire la chronique.

Le livre ? J'en avais entendu parler en bien, et je savais déjà qu'il s'agit d'une histoire dont la fin reste ouverte : normal, parce qu'aujourd'hui, en 2021, le drame hors norme qui est relaté est bel et bien toujours non résolu. Un meurtre spectaculaire commis en 2008, des suspects qui ont tous l'allure de coupables idéaux, des rebondissements qu'aucune fiction n'aurait osé imaginer... ce n'est toujours pas fini – et ça ne le sera peut-être jamais. Cela me faisait beaucoup hésiter à lire le livre : je ne sais pas pour vous, mais les livres qui ne se terminent pas sont parmi ceux qui m'énervent le plus.

Oui mais voilà, il y a l'autrice. Ce n'est pas le premier livre de Florence Aubenas que je lis : j'ai déjà adoré le quai de Ouistreham, que j'ai lu au travail, dans un labo de socio, parce que c'était une journaliste dont le travail de terrain est aussi fin que celui de sociologues de métiers, et la position scientifique, aussi sérieuse. Elle est remarquablement dépourvue de jugement. Pour autant, c'est un livre qui se lit comme un roman et donne envie de suivre l'autrice dans toute son oeuvre. Vous la connaissez ?

Cette fois, la particularité de l'histoire fait que l'enquête est à la fois plus distanciée et moins fouillée. Florence Aubenas a tissé des liens avec celui qui a longtemps été le principal suspect, et qui a aujourd'hui disparu : elle ne les cache pas, dès le début ; mais pour autant, elle ne les utilise pas dans son récit. Elle relate moins un fait divers horrible qu'une micro-société dans une zone dont la splendeur appartient au passé, touchée par la crise, mais qui reste vivante grâce à une usine de plastique qui fait encore vivre de nombreux habitants ; elle en campe les notables et les marginaux. C'est très intéressant.

Pourtant, il reste une sensation d'inachèvement... parce que l'histoire est réellement inachevée, bien sûr. Mais aussi parce qu'un coup de théâtre au bout de plusieurs années d'enquête en a complètement modifié l'allure générale, tant sur un plan individuel (avec un nouveau suspect) que social (le nouveau suspect aurait pu avoir lui aussi une allure de coupable idéal, mais il n'est apparu qu'après dix ans où c'était un autre qui jouait ce rôle). Eût-elle commencé son enquête aujourd'hui qu'elle aurait eu une toute autre allure... et cela se ressent : on est désorienté, comme le sont probablement les protagonistes de l'enquête.

En tout cas, quand une Masse critique m'a donné l'occasion de lire ce livre, je n'ai pas hésité, et j'avoue une chose : je n'ai pas vu que c'était un audio-livre que j'allais recevoir. Mon tout premier ! Et allez, j'avoue autre chose : j'ai écouté le début, et j'ai réalisé que cela allait durer 6h30. Mais quand donc puis-je dégager 6h30 de solitude pour écouter un CD, ce qui m'oblige à monopoliser mon salon ? J'ai donc acheté le livre, et n'ai écouté que des extraits.

Dans un monde idéal, je prendrais le temps de l'écouter en entier : la voix nette et sèche de Fabienne Loriaux convient parfaitement au sujet ; les introductions de piano qui rythment les chapitres créent une ambiance de mystère que j'ai regretté de ne pas avoir en lisant... Mais c'est un média qui me semble convenir pour celles et ceux qui ont un mode de vie qui peut s'accorder avec : par exemple, en conduisant. Ne conduisant pas... ce n'est pas pour moi.

En tout cas, je remercie Audiolib et Babelio de m'avoir permis de faire cette découverte, et j'engage toutes celles et ceux qui conduisent ou ont des plages de détente solitaire à occuper intelligemment, à essayer les audio-livres. Et bien sûr, j'engage tout le monde à commencer par celui de L'inconnu de la poste ! A moins que... suis-je la seule à n'en avoir jamais écouté avant ?
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