AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,47

sur 71 notes
5
21 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Un roman biographique angoissant et poignant.

Charles Aubert nous dresse le portrait de Johan Trollmann, alias Rukeli, jeune boxeur allemand, tsigane, né en 1907, qui va subir intimidations, humiliations, la stérilisation, puis l'internement dans un camp de concentration du IIIe Reich, et qui se battra jusqu'au bout.

Avec flegme et sensibilité, la plume de Charles Aubert nous donne l'impression d'être aux côtés de cet athlète talentueux. Il nous permet de ne pas oublier qu'il y a eu d'autres victimes du régime nazi à part les Juifs : les tsiganes, les homosexuels, les handicapés et les communistes.

Rukeli était un boxeur à la technique particulière, son jeu de jambes était tellement extraordinaire qu'il donnait l'impression de danser, d'où le titre de ce livre. Cette technique, pas assez allemande, virile, aryenne, contrarie les nazis, ce qui entraînera le retrait de ses titres.

Il y a dans ce livre, au delà de la haine, la terreur et l'ostracisme, beaucoup d'amour, d'amitié, de solidarité, et un grand sens de la famille qui réconfortent un peu le lecteur.

J'ai lu ce livre d'une traite, impossible de s'en détacher une fois cette lecture émouvante entamée.

Merci à Charles Aubert et à chouette_maman_bouquine qui m'ont fait cadeau de ce livre dans le cadre d'un concours sur Instagram !
Commenter  J’apprécie          3315
Un court roman qui nous plonge dans l'Allemagne des années vingt puis la montée et l'apogée du nazisme à travers le prisme, plutôt rare en fiction, des victimes tsiganes.
Danser encore c'est l'histoire vraie d'un boxeur allemand promis au plus haut niveau dans sa discipline du fait de son talent dans sa discipline mais exclu arbitrairement par le pouvoir nazi pour son "jeu non aryen".
Rukeli "danse" en effet sur le ring, dans un jeu de jambes incroyable qui vient à bout de tous ses adversaires. Là où ce destin singulier touche au sublime, c'est que Rukeli décide de continuer à danser après son éviction, même ostracisé, même ridiculisé, même immobile, jusqu'à son dernier souffle et l'accomplissement de son destin tragique.
Un récit bouleversant dans lequel la figure de cet homme s'élève à mesure que s'effondre l'éthique et l'humanité d'un système qui hiérarchise, stigmatise, opprime et est allé jusqu'à supprimer ceux de ses sujets qui, bien qu'Allemands depuis de longues générations, n'avaient pas leur place dans son projet démentiel.
Commenter  J’apprécie          230
🥊Chronique🥊

« Vous êtes sûr de vouloir combattre? »

Qu'est-ce qu'on combat? Qu'est-ce qu'un combat? Johann Trollman veut faire de son rêve, une vie. La boxe sera sa vie, son moteur, son rêve. Devenir Champion de L'Allemagne, il l'a rêvé si fort, que le vent nous ramène son histoire du plus loin de la forêt où, elle s'était perdue. Johann est un combattant hors pair, il danse sur le ring, il est beau comme le soleil, il est tzigane. Il était sûr de vouloir combattre, il était sûr de gagner, il était sûr de rester debout, ancré dans ses racines.
Mais l'époque en a décidé autrement.
Le nazisme n'aime ni les danseurs, ni les peaux dorées, ni les exceptions.
Est qu'un homme, à lui tout seul, peut combattre un régime totalitaire, l'absurdité, le racisme? Est-ce qu'un homme peut Danser encore, quand la rectitude tue?

« C'est toujours comme ça, dit Mama Pessy, quand ça va mal, il faut trouver des boucs émissaires. »

En 10 rounds, Charles Aubert nous restitue un champion. La vie de celui qu'on appelle Rukeli, est un combat qui va au-delà du ring. Il va combattre pour les siens, pour son amour, pour rester debout. 10 rounds, c'est autant de façons de montrer son courage, de faire rugir le vent, de danser encore. 10 rounds, c'est entendre monter la pression, le sang, l'inéluctable. 10 rounds, c'est finir KO en train de pleurer un homme formidable qui n'aura jamais céder face au Reich. 10 rounds, pour que la mémoire n'oublie jamais, l'Horreur.

« Ils se sont soulevés contre l'autorité pour qu'on me remette mon titre.(…) Je veux croire qu'il y a encore un espoir. »

Je veux croire que ce champion saura vous toucher comme il a pu, moi, me bouleverser. Je veux croire qu'un jour, le racisme sera éradiqué. Je veux croire que le peuple du vent danse encore avec son ange tombé du ciel. Je veux croire que l'arbre me parlera quand je l'enserrerai…Puisse ces voeux fleurir et danser encore avec notre vainqueur Rukeli! Puissions-nous nous inspirer de sa bravoure si l'époque retourne aux démons, et rester debout quoi qu'il arrive! le connaître c'est déjà l'aimer, le reconnaître, c'est restituer une légende et il le mérite bien, ce boxeur fort comme un chêne!
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          190
J'avoue être la première surprise de cette lecture car je ne lis pas tellement de roman ayant pour thème le sport quoique j'ai lu également Poid Plume récemment ayant pour thème la boxe également, mais étant curieuse cette histoire vraie m'a intriguée.

Et comme j'ai déjà lu l'auteur précédemment j'ai fait confiance à celui-ci pour me raconter ce récit, le livre est court mais très efficace et nous suivons le personnage de Rukeli dans son histoire de vie ou chaque chapitre commence par un numéro de round.

J'ai quasiment lu ce récit d'une traite de la gloire de celui-ci à ses derniers jours et l'on ne peut resté insensible à ce récit et à ce qui s'est passé pour certaines communautés également durant la seconde guerre mondiale comme ici les tziganes.

Je connais cette partie de l'histoire depuis peu car je ne trouve qu'elle n'est pas suffisamment évoqué à mes yeux et je trouve du coup que ce type récit sortant du lot sont très intéressant à lire.

Un récit instructif et que je garderai en mémoire durant un petit moment.
Commenter  J’apprécie          170
J'ai redecouvert Charles Aubert avec Danser encore et j'avoue que ce très court roman m'a réconciliée avec l'écriture de l'auteur.
Je n'avais pas aimé Rouge Tango. Je n'y avais rien trouvé d'exceptionnel ni dans l'histoire ni dans l'écriture à l'inverse des critiques que j'avais pu lire.
Danser encore nous raconte l'histoire d'un champion de boxe allemand tsigane qui est malheureusement né à la mauvaise période de l'Histoire.
Très beau roman pour rendre à Rukeli ce qu'il mérite à savoir d'être connu et reconnu.
Merci M. Aubert.
Commenter  J’apprécie          160
Danser encore.
Avec aplomb, dignement.
Danser toujours.

10 rounds qui retrace l'histoire du boxeur tsigane Johann Trollmann, dit Rukeli.
En pleine Allemagne nazie, cet homme est sacré champion d'Allemagne des poids moyens en 1928. S'inspirant de grands boxeurs américains, très vite il trouve son propre style et enchaîne les victoires. La boxe, plus qu'une passion, il l'a dans le sang. Pourtant il devra remettre son titre en jeu car son style se retrouve discréditer par le régime Hitlérien qu'il qualifie "d'imprévisible".
Né à une époque où on ostracise la moindre différence, Rukeli sera confronté au racisme, à l'exclusion, pour finir déporter au camp de Neuengamme où il sera tué. Une honte pour ce sportif de haut niveau qui se voit peu à peu déchu de ses titres et qui finira sa vie dans l'ombre.

Danser encore pour remettre en lumière ce parcours sportif incroyable. Mais aussi pour se souvenir et surtout ne pas oublier.

Commenter  J’apprécie          150
Johann Trollmann est un boxeur connu sous le nom de Rukeli.
Il est né le 27 décembre 1907 en Allemagne, allemand depuis des générations il appartient à la famille tzigane des Sinti.
Mais naître en 1907, ce n'est vraiment pas la bonne époque pour les tziganes, comme pour les juifs, les homosexuels, les communistes ou les malades mentaux. Cela veut dire avoir à vivre la pire expérience qui soit, la montée du nazisme, les chemises noires, la prise du pouvoir par Hitler, et l'envoi dans les camps de concentration de plusieurs centaines de milliers d'hommes, femmes, enfants.
Rukeli va connaître une adolescence presque normale et devenir peu à peu le Boxeur que chacun admire. Un véritable artiste, léger, mobile, il dansait sur le ring face à ses adversaires, son style était unique. de compétition en compétition il acquiert ses lettres de noblesses et l'admiration de ses entraîneurs et du public. Enfin, jusqu'au moment où les lois changent et où les règles de la boxe imposées par les nazis vont le priver de cette façon de faire si caractéristiques, ce pas de danseur que lui seul est capable de proposer sur un ring.
Même les titres qu'il avait acquis lui seront retirés, pas assez aryens, pas assez blanc, pas assez germanique.
Comme de nombreux autres tziganes, il sera même stérilisé de force, considéré comme malade mental incapable d'élever des enfants. Fort heureusement cela a eu lieu après la naissance de sa fille.
Rukeli sera envoyé dans les camps. Il y subit le travail harassant, le manque de nourriture et les maladies, mais surtout l'ignominie de ses geôlier qui décident de le faire combattre sans lui laisser la possibilité de se défendre. Rukeli sera assassiné par les allemands le 9 février 1943 au camp de Neuengamme.

Je découvre l'existence de ce jeune tzigane grâce au roman de Charles Aubert que je vous recommande vivement. Tant de morts, de drames au nom de la folie des hommes. Lire et savoir est indispensable.


https://domiclire.wordpress.com/2023/11/10/danser-encore-charles-aubert/
Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          151
Johann Trollmann boxe, et il boxe bien. Tout le monde le connaît sous le nom de Rukeli. Il est Allemand. Il est Tsigane. « Olga dit qu'il est plus que beau. Son regard est magnétique, il a le visage d'un ange qui ne sait même pas qu'il est tombé du ciel. Ce sont ses mots. Rukeli se les enroule autour de l'âme comme des écharpes de laine. » (p. 15) Il boxe et il gagne, mais surtout il se démarque par des mouvements de jambes inédits. Pas de doute, il danse sur le ring. Hélas, la nauséabonde ambiance brune qui monte dans les années 1930 en Allemagne, il ne fait pas bon s'éloigner des standards de la force brute et blonde. Rukeli se voit retirer ses titres et même le droit de boxer. « Il a beau serrer les poings, braver l'objectif d'un regard d'acier, on devine qu'ils vont tout lui prendre. Et peut-être même qu'ils lui ont déjà tout pris. » (p. 6) L'Histoire le sait, ce n'était pas encore assez : l'épuration raciale commence par la stérilisation forcée et finit dans un camp. « Nous sommes les errants du monde, les désaimés et ils voudraient encore piétiner nos âmes. » (p. 63)

Je ne connaissais pas ce boxeur allemand. Charles Aubert lui rend un hommage émouvant avec une prose qui défie la pesanteur. « La boxe n'est peut-être qu'une tentative désespérée de se battre contre l'injustice et la mort. » (p. 17) Rien ne pardonnera jamais les horreurs nazies, mais la littérature a le pouvoir de préserver la mémoire des disparus.
Commenter  J’apprécie          150
Johann Trollmann est né en 1907. Il appartient au peuple du vent : les Tsiganes. A huit ans, il découvre la boxe. C'est un monde merveilleux qui s'offre à lui. Il est séduit par l'énergie des noms, issus du champ lexical de la danse : pas glissé, jeu de jambes, etc. Quand il monte sur un ring, il comprend les mots de sa mère : il perçoit l'air, le vent. Mais la boxe, c'est aussi un combat, « une guerre contre soi-même qu'on finit toujours par perdre. Alors, il danse plus vite encore ». (p. 17)

Il enchaîne les victoires et quelques défaites ; il apprend de ces dernières. Hélas, pendant ses combats, les insultes racistes se font de plus en fortes et de plus en plus fréquentes. Rukeli s'accroche. Il est pressenti pour représenter l'Allemagne aux Jeux Olympiques d'Amsterdam de 1928, puis effacé des registres : « Ils ne veulent pas que l'Allemagne soit représentée par un Tsigane, voilà la vraie raison. » (p. 34) Sacré champion d'Allemagne, en 1933, son titre lui est retiré : son style de boxe est « non allemand » (p. 91). Il décide de s'élever contre le Reich.

Lorsque j'ai reçu le livre, j'ai regardé la couverture, dans ses contours, sans observer les détails ; elle comporte une photo de Rukeli, prise en 1928. Dès la première page, Charles Aubert attire notre attention sur le regard du boxeur : « on devine qu'ils vont tout lui prendre. Et peut-être même qu'ils lui ont déjà tout pris. » (p. 13)

Le roman est divisé en dix rounds. Dix rounds pour raconter l'histoire de Johann Trollmann, dit « Rukeli », pour ne pas l'oublier, « ainsi que les centaines de milliers de Tsiganes qui furent, comme lui, comme les juifs, comme les homosexuels, comme les handicapés, comme les témoins de Jéhovah et comme tant d'autres, les victimes innocentes du nazisme. » (p. 173) Rukeli a été assassiné, le 9 février 1943, dans le camp de concentration de Neuengamme. Devant la mort, il est resté debout, il a dansé.

Chaque round revient sur une période de sa vie, décryptée par le contexte. Les faits historiques sont bruts, quelques phrases épurées permettent d'en saisir l'horreur, alors que les sentiments de Rukeli sont dépeints avec douceur, sensibilité et respect. J'ai ressenti la dignité de cet homme, son combat contre la barbarie et contre lui-même. Round après round, mon coeur s'est serré, s'est révolté contre l'insoutenable cruauté. Crochet après crochet, j'ai vacillé, m'accrochant aux cordes du ring ; le dernier uppercut m'a envoyé au tapis. Je ne me suis plus relevée, submergée par l'émotion.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          91
Le tout nouveau roman de Charles Aubert nous éloigne des intrigues policières dont nous avions plutôt l'habitude, avec sa trilogie « colorée » (« Bleu Calypso », « Rouge Tango » et enfin « Vert Samba ») et nous raconte l'histoire (vraie) du boxeur Johann Rukeli Trollman (dont – pour ma part – je n'avais jamais entendu parler …) Nous révélant quelle tragédie fut sa (courte) vie …

Né le 27 décembre 1907, Rukeli est le sixième rejeton d'une fratrie de onze enfants, dans une famille misérable de Hanovre. Leur plus grand tort, aux yeux de certains allemands, est d'être des tziganes … C'est à l'âge de huit ans que ce garçon – relativement sage et pas du tout bagarreur – va se prendre de passion pour la boxe, un immense coup de foudre qui bouleversera son existence … C'est en 1921 qu'il rencontrera Olga, une « vraie » allemande (c'est à dire une aryenne, terme qui commence à circuler en Allemagne …) À eux deux, ils formeront un drôle de couple, aux yeux des nazis : le boxeur « de race inférieure », qui semblait danser sur le ring et la violoniste « de sang pur » qui n'avait pas peur d'aimer un paria … Un homme prêt à quelques facéties quand il s'agit de ses opinions … Oui, mais voilà : on ne ridiculise pas impunément Adolph Hitler et toute sa clique …

Un court et magnifique roman, profondément touchant, que l'auteur a fort intelligemment construit en dix rounds. Et qui se finira malheureusement – comme on peut s'en douter – par un KO … Une écriture aussi belle qu'incisive. Un style aussi percutant que les coups de poing de ce (courageux) boxeur. Qui n'aura pas eu la chance – ni le temps – de voir briller son étoile au firmament des champions. Gros coup de coeur pour ce roman-témoignage !
Commenter  J’apprécie          70





Lecteurs (136) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1730 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..