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Critique de PierreF


J'avais été enchanté, effaré par Nid de vipères, un roman court et violent, autopsiant la société brésilienne et la corruption généralisée, à travers une histoire de vengeance terrible. Et si l'histoire était marquante, le style si particulier fut pour moi une révélation. Pssica (qui veut dire Malédiction), pour moi, va encore plus loin, et fait plus mal.
Janalice est une collégienne comme les autres. Et pourtant, ce jour là est pour elle comme l'ouverture d'une porte vers l'enfer. Sa beauté, sa couleur de peau blanche en font une des vedettes du lycée. Quand elle est convoquée par la directrice, c'est pour apprendre que son petit ami Fenque a filmé leurs ébats sexuels et les a mis sur un réseau dit social.
La directrice lui demande de partir et de revenir avec ses parents. Quand elle arrive chez elle, elle en parle à sa mère, qui est effondrée. La réaction du père est plus extrême, il lui demande de partir de la maison et il la jette dehors. Elle trouve refuge chez une amie, et essaie de tourner la page. Mais en se promenant dans la rue, elle est enlevée dans une camionnette par deux hommes. le père de Janalice a des remords. Il fait appel à Amadeu, un policier à la retraite, pour retrouver sa fille.
On va suivre aussi beaucoup d'autres personnages dans ce roman. Manoel Tourinhos a fui son pays d'origine l'Angola quand la révolution a éclaté et a rejoint l'île de Marajo, où il ouvre un commerce avec sa femme Ana Maura. Une bande de délinquants débarque et tue atrocement sa femme. Prea a pris la suite de son père à la tête du gang de tueurs. Leur activité va du vol au meurtre, du trafic de drogue à la corruption. Prea est un des exemples de chefs de gangs dans un milieu ultra-violent.
Comme je l'ai dit pour le précédent roman, le style du roman est particulier, complètement personnel. Là où dans le précédent roman, le lecteur devait emboiter les pièces pour construire l'histoire, on se retrouve ici avec une histoire plutôt linéaire ou plutôt plusieurs histoires en parallèle. Et dans ce cas là, son style fait mouche. Les phrases sont courtes et frappent le lecteur. Les dialogues ne sont pas séparés, ils sont inclus dans un même paragraphe, et le lecteur n'a aucune difficulté à s'y retrouver. En fait, on a plutôt l'impression que Edyr Augusto nous prend la tête entre ses mains et nous la secoue bien fort.
Car la situation est proprement hallucinante, voire déprimante, nous montrant des gens communs aux mains de tueurs qui n'ont aucune limite. Les scènes sont éloquentes, l'auteur ne nous cachant rien. Il faut s'attendre à des scènes crues et être préparé à ce voyage en enfer. Car les victimes vont s'amonceler et le lecteur n'en sortira pas indemne. Si on peut qualifier ce roman de roman noir, c'est aussi et surtout un roman de dénonciation.
Car à travers la galerie de personnages, tous personnage principal de l'histoire à un moment donné, Edyr Augusto livre un témoignage éloquent sur l'état de son pays, aux mains de tueurs sans états d'âmes, inhumains jusqu'au bout des ongles, de tous les trafics qui nourrissent ces gangs, de l'argent qui va remplir les poches des politiciens. Et la morale, dans tout cela ? J'ai bien peur qu'elle ait été enterrée avant le début de ce roman.
Avec ce roman, Edyr Augusto va encore plus loin dans la dénonciation et la dérive de son pays. Il ne met pas de gants, et ne nous épargne rien. C'est un roman fort, un roman coup de poing, qui mérite d'avoir un large écho pour que son message porte. C'est un roman dur, apre, dans lequel on ne trouvera aucune rédemption, aucun espoir, aucun avenir. Et peut-être faut-il que l'on se prenne des claques dans la figure pour nous en rendre compte ? Vous l'avez compris, il faut absolument lire ce roman hallucinant.
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