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Critique de colka


Je vais jouer les trouble-fêtes : je ne serai jamais une "janeite" inconditionnelle ! Non pas que je dénie à Jane Austen le rôle de précurseuse au niveau de la littérature anglaise féminine mais je pense qu'elle n'appartient pas vraiment à mon "territoire de lecture".
Ce roman qui met en scène la société des propriétaires terriens anglais au début du XIXème siècle est bien sûr un bel "arrêt sur image" et j'ai beaucoup apprécié la satire sociale que fait l'auteure de ce petit monde de l'entre-soi. Un monde où la respectabilité se chiffre en milliers de livres, où le mariage est avant tout une affaire sociale dans laquelle hommes et femmes sont évalués selon leur valeur marchande comme le souligne, de façon très incisive, Elisabeth, l'héroïne du roman : "Et quel est s'il vous plaît, le prix ordinaire du fils cadet d'un comte ?"
Petit monde aussi, où les réputations se font et se défont au gré des commérages et des ragots et dont Wickham et Darcy vont faire tour à tour les frais.
Un monde où la domination sociale de la noblesse se vit comme allant de soi et dans lequel la morgue aristocratique semble être le maitre mot dans les relations nouées avec les autres membres de la société. Lady Catherine en est l'extrême caricature et Darcy lui- même devra se battre vigoureusement contre ses préjugés de classe. Tout ce microcosme est très bien vu par Jane Austen qui ne manque pas de souligner que, dans ce monde de cour, tous ceux qui s'agitent autour de cette grande noblesse sont en quelque sorte des victimes consentantes comme le montre Mrs Bennet qui passe son temps à courir après de beaux partis pour marier ses filles ou Mr Collins qui voue un culte infondé et démesuré à Lady Catherine. le personnage de Mr Collins est d'ailleurs assez savoureux car il fait preuve d'une fatuité qui le met à l'abri de tous les affronts, notamment celui d'être éconduit par Elisabeth qui ne se gêne pas pour lui faire comprendre qu'il n'est vraiment pas l'homme de ses rêves. Et je n'ai pu m'empêcher de penser combien ce dialogue de sourds entre les deux personnages faisait écho à cette évidence qui a été évoquée lors du débat sur le harcèlement sexiste et qui veut que quand une femme dit non c'est non !
Un beau portrait aussi que celui d'Elisabeth : une femme qui affiche une liberté de paroles pas tout à fait en phase avec l'époque ! Une femme qui ne va pas hésiter à braver et l'autorité maternelle et l'ordre social lorsque, dans une belle passe d'armes, elle va tenir tête à Lady Catherine jusqu'à lui faire perdre son sang-froid.
Mais la peinture de cette société qui s'ennuie élégamment, un livre à la main n'a pas vraiment éveillé d'écho en moi et au bout d'un moment je me suis lassée de l'évocation très répétitive de ses occupations : dîners fins, bals, parties de campagne...
Bien sûr, ces travers peuvent être transposés au niveau de notre société contemporaine mais ce n'est pas une thématique prioritaire dans mon univers de lectrice.
Dernier point, en dehors des personnages D'Elisabeth et Darcy qui présentent une certaine complexité psychologique, d'autres n'existent qu'à titre de "types" et d'utilités romanesques.
Je pourrais aussi évoquer le côté un peu suranné de l'écriture de Jane Austen mais je sens que j'ai été très bavarde et je vais m'arrêter là !
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