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Critique de Philios


Quel désarroi lorsqu'on réalise qu'on vient d'épuiser la trop courte production littéraire de Jane Austen ! On se souvient alors d'un Sanditon inachevé, complété par « another lady », qu'on avait délaissé… Et vers lequel on revient piteusement, à court de ressource… Il est vrai que sur trente chapitres, Jane Austen en a écrit à peine onze. Il faudra se contenter de ces onze petits chapitres. Et l'on verra ce que donne la suite… Dès les premières pages de Sanditon , la magie austenienne opère. On se replonge avec délice dans l'univers familier de l'auteure. le lieu où se déroule l'histoire est inédit : une petite ville côtière décidée à se transformer en station balnéaire, pour profiter de la manne financière d'une nouvelle mode : les bains de mer. Mais une fois ce décor posé, nous retrouvons bien vite ce qui est l'essence des romans de Jane Austen : l'étude des rapports humains entre les membres d'une petite communauté, résidant ou invitée à Sanditon, notamment liens amoureux ou d'intérêt. On découvre des êtres truculents, vains, falots, secrets, ridicules, égoïstes, une lady tyrannique, un fringant jeune homme, Sidney, qui nourrit l'action du roman. Toute une galerie de personnages, que l'on suit lors de leurs promenades à la plage. Les travers de chacun de même que leurs qualités sont pesés, analysés par l'observatrice et raisonnable Charlotte, invitée à Sanditon dans la villa de ses amis, héroïne austenienne typique (et alter ego de l'auteure), dont la raison est mise à mal par ses propres sentiments et émotions. Passé le chapitre onze, on entre dans la partie du livre qui n'est plus de la plume de Jane Austen. Et l'on ne s'en aperçoit pas ! C'est bien à un roman de J. A. que nous avons à faire, du début à la fin. Aucune discontinuité n'est perçue. Cette magie est due au talent de cette « autre dame », dont la modestie n'a d'égal que le talent mimétique à avoir pu se glisser dans la peau de l'auteure initiale du roman. Une « autre dame » injustement méconnue, mais dont une recherche rapide sur internet révélera vite le nom. de la première à la dernière page, ce sont bien les caractéristiques littéraires de Jane Austen que nous retrouvons : la plume élégante, l'acuité des observations, l'analyse fine et délicate de sentiments, toujours mouvants, et celle de la raison parfois fléchissante ou trompeuse, le conflit entre les deux ; le tableau de la société qu'on nous invite à découvrir nous est aussi familier : unions d'intérêt, opportunisme, pression sociale… révélateurs du comportement des personnages. le tout pimenté par un humour qui nous régale page après page. Lorsqu'on termine le roman, on quitte Sanditon comme on aurait quitté une villégiature « réelle », dans laquelle on aurait noué des rencontres attachantes, lors de vacances « réelles ». Et l'on quitte aussi un vrai roman de Jane Austen ! le dernier cette fois - mille fois hélas.
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