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Critique de Sachenka


Paul Auster est un des auteurs américains dont j'ai le plus suivi la carrière. J'ai lu plusieurs de ses romans et, s'ils ne me plaisent pas tous (bien souvent, à cause des thèmes qui me rejoignent moins), j'en reconnais toujours la grande qualité d'écriture. Il propose habituellement des personnages ordinaires et colorés à la fois, vivant des situations uniques et fascinantes. Moon Palace ne déroge pas à cette règle.

On y rencontre le jeune Marco Stanley Fogg. Déjà, avec un nom pareil… Sans famille (sa mère est décédée il y a belle lurette, son oncle n'en a plus pour très longtemps), il se débrouille tant bien que mal à l'université. Plus les sessions avancent, moins bien sa situation financière se porte. Éventuellement, il atteint le fond, sans domicile fixe, vivant de la générosité des passants, poussant jusqu'aux limites ses capacité physiques et mentales.

Sa situation change du tout au tout quand il accepte l'emploi que lui propose un vieil excentrique, paraplégique et aveugle. Promenades quotidiennes et conversations en échange de nourriture, d'un logis et d'une maigre rémunération. Pas si mal, compte tenu de sa situation. Comme il le dit, tout arrive à qui sait attendre.

Ainsi commence un autre volet de ce roman, M.S. s'efface un peu et devient alors le faire-valoir de Thomas Effing. Ce dernier n'a pas toujours été un vieil handicapé. On peut même affirmer qu'il a vécu plusieurs vies toutes aussi extraordinaires les unes que les autres (que je ne résumerai pas ici), un peu comme son nouvel employé.

C'était un «match» parfait. M.S., même lorsqu'il était un étudiant pauvre, vivait enterré au milieu de nombreux cartons de livres au point que ceux-ci formaient son mobilier. (Quelle chance !) C'est à crire qu'il était prédestiné à devenir le compagnon d'un érudit. J'ai suivi avec réelle passion leurs échanges intellectuels et philosophiques.

Paul Auster, à travers les parcours de ses deux personnages (presque leurs récits initiatiques) et de quelques autres, sonde les tréfonds de l'âme humaine. Il leur fait connaître bien des hauts et des bas, desquels ils ne sortent pas toujours indemmes, souvent marginalisés (la famine, l'isolement et l'obésité, entre autres) mais toujours grandis. Mais c'est aussi ça la vie. Pour tout dire, c'est ce qui produit les personnes les plus intéressantes.

Dans un certain sens, je trouvais un peu dommage que les deux histoires soient ainsi réunies. Il me semblait que M.S. Fogg et Thomas Effing méritaient chacun leur propre roman. Mais non. L'auteur a tissé des liens si étroits entre ces deux-là (et d'autres aussi) que leur histoire n'en formen qu'une seule, étrangement.

Dans Moon Palace, l'auteur en profite pour explorer plus en profondeur des thèmes qu'il a déjà abordés dans d'autres romans et qui forment une toile de fond à son oeuvre entière, soit la quête d'identité, les pérégrinations, la ville de New York. Selon moi, il s'agit de son roman le plus abouti. Ça peut constituer une excellente porte d'entrée à son univers ou, inversement, couronner la lecture de l'ensemble de son oeuvre qui, soit dit en passant, est loin d'être achevée.
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