Loin d’être des élus, nous sommes maudits par les dieux…
Il est terrifié.
Une seconde, j'en éprouve de la joie. Puis je me souviens : les monstres sont encore plus dangereux lorsqu'ils ont peur.
Il reste une minuscule part de moi, abîmée, qui demeure amoureuse d'une fiction. D'un fantôme enfermé à l'intérieur d'un garçon dont je n'arrive pas à percer le mystère. Le fantôme qui était à mon chevet pendant que la douleur me faisait délirer. Le fantôme qui m'a protégée de Samson le plus longtemps possible, qui a, je le sais, retardé une torture inévitable.
Le fantôme qui m'aime, d'un amour empoisonné, le seul dont il soit capable.
Et je sens son poison agir en moi.
Quel spectacle nous devons offrir... Evangeline en argent, moi en rouge et, entre nous deux, le roi. En noir.
- Il a vu que je battais en retraite. Il m'a amputé avant que je comprenne ce qui se passait.
Ces gens du Nord, quels imbéciles ! Si sévères, drapés dans ce bleu immonde. Quand je pense que Maven a renoncé à la puissance Samos pour eux…
- J'espère que tu lui as rendu la monnaie de sa pièce.
- Il n'a plus de tête.
- Ca me va.
Une seule chose compte : Morrey. Et les cinquante Argents qui se dressent entre nous : ils seront bientôt des cadavres. Je ne suis pas Mare Barrow. Je refuse de sacrifier mon frère.
Mon pouvoir s'enroule autour de moi, aussi épiais qu'un écran de fumée, il sue par chacun de mes pores. Ce silence ne pourra pas abattre la tour pour moi. Il n'attaque que la chair. Je me suis entraînée. Ça me terrifie, mais je n'ai pas le choix. Mon pouvoir est un ouragan qui tourbillonne autour de moi. Je suis l'œil du cyclone.
Samos, Calore, Cygnet. Les Failles, Norta, la Région des Lacs. Tous motivés par la convoitise, tous prêts à s'étriper pour une couronne déjà en miettes. Et tout ça pour servir, au bout du compte, les intérêts de Montfort. Je me force à inspirer, j'essaie de me ressaisir. J'essaye d'oublier Cal et Maven, de me concentrer sur la route qui m'attend. J'ignore où elle me mènera.
Quelque part au loin, quelque part dans mes os, le tonnerre gronde.
Ils vont s'entretuer, et nous les laisserons faire.
une fois rentrée pris pour sortir ,une fois sortir pris pour ne jamais y retourner
J’ai déjà dû subir les pleurnicheries d’un paratonnerre sur pattes. Je n’ai pas l’intention de supporter les humeurs d’un prince bougon qui se prend pour une allumette.
La fille du début, la servante terrifiée qui se faisait passer pour une princesse et qui croyait le moindre mensonge aurait cédé à Maven depuis des mois. Elle a choisi d'endosser un autre rôle. Elle a joué la marionnette, a pris place à côté de lui, a vécu une existence tronquée sans liberté ni pouvoir. Mais elle s'est accrochée à sa fierté, à son énergie, à sa rage. Sa rage n'a jamais disparu.
Et rien que pour cela, Mare m'inspire du respect.