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Critique de Corboland78


Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Écrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane). Ce roman, La rue sans nom, date de 1930.
Comme son titre l'indique, le roman sa déroule dans une rue jamais nommée faite d'immeubles insalubres promis à la démolition pour y reconstruire du neuf, où vivent des ouvriers. A un bout de la rue des familles de maçons Italiens, à l'autre extrémité la maison de trois vieux libidineux, « un peu cochons de la fesse », sans oublier le café de Minche. La famille Méhoule - les parents et leur fils Mânu - vivait là tranquille, jusqu'à l'arrivée inopinée de Finocle, un vieil « ami » de Méhoule. Il demande/exige l'hospitalité pour lui et sa fille Noa. Pour les Méhoul comme pour toute la rue les ennuis vont débuter…
Je n'avais jamais entendu parler de ce roman avant de l'ouvrir mais je peux vous assurer que c'est un bon bouquin. Il est court mais il est plein de tout : mystère, passions, amour, émotions, social, drame…
Le mystère est immédiat car ce Finocle qui déboule sans crier gare, le lecteur comprend qu'il est lié à Méhoul par un lourd secret certainement répréhensible remontant à leur jeunesse mais ce n'est qu'à la fin qu'on le découvrira. Quant à sa fille Noa, elle électrise aussitôt l'ambiance, dix-huit ans, la chair ferme où il le faut, « une belle fille de soleil, un rêve de Sud », toute la population mâle en blêmit de désirs ; Manû, Cruseo l'Italien, tous tirent une langue d'envie. Les rivalités faites de fantasmes et de folie vont agiter le landernau masculin et les discussions passionnées et musclées vont égayer le café local, réveillant des pulsions plus nauséabondes comme le racisme ayant cours à cette époque envers les transalpins.
Un roman noir où tout s'écroule, au propre comme au figuré. Les immeubles vont être démolis et contre la grogne des habitants expulsés la police fera son oeuvre ; les destins de Méhoul et Finocle liés par une amitié/haine seront dramatiquement scellés par des trahisons et des mouchardages auprès de la police lors d'un épilogue d'une grande beauté dramatique mais datée dans son expression.
Marcel Aymé livre un roman pessimiste et sombre dans le milieu des travailleurs manuels, partagés entre joies furtives le dimanche au café et la semaine de dur labeur, on s'engueule, on se bat mais on sait aussi se montrer solidaires. Avec aussi une très émouvante séquence quand une épidémie viendra frapper aux portes, emportant un gamin…
Une lecture chaudement recommandée.
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