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Citations sur La Rue sans nom (10)

Charogne de vie qu’on passe dans la fatigue, dans l’inquiétude des mauvais hasards et même dans le remords des pauvres plaisirs de la gueule pris sur le marbre gras d’un bistro galeux, quand on a fini de suer sa journée.
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Dans le matin noir, ils marchaient d’un pas déjà fatigué par l’effort à donner, avec l’espoir obscur de quelque messie au signe évident qui apparaîtrait sous le réverbère du bout de la rue pour leur dire : « Retournez dans vos lits, au chaud ; vous n’avez plus besoin de travailler, je vous donnerai du pain et du vin et vos femmes seront belles quand il faudra. »

Mais les messies ne se montraient jamais d’aussi bonne heure et, lorsqu’ils annonçaient un nouveau commencement, penchés sur une sonnette et une carafe d’eau, ils ne savaient pas la rigueur des matins qui arrachent les hommes au creux douillet d’un matelas. Ces messies n’étaient rien que des hommes qui savaient beaucoup de choses.
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Les femmes n’ont pas tant de plaisir dans l’existence, reprit Louise Johannieu d’une voix plus âpre. En attendant de se marier, elles vivent comme elles peuvent, en grattant juste de quoi ne pas crever de faim. Une fois qu’elles ont un homme, c’est les gosses, les engueulades, les maladies, la fatigue. Il faut aller faire des ménages, parce que l’homme qui vous a fait des enfants n’est pas seulement capable de les nourrir tout seul. Et ils croient avoir tout fait parce qu’ils ont passé une journée à l’usine.
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C’étaient les gens les plus heureux de la rue, parce qu’ils avaient laissé leurs femmes dans leur pays et croyaient sincèrement, après une longue absence, qu’elles étaient bonnes et belles entre toutes les femmes de la terre. Lorsqu’ils séduisaient une fille du quartier, ils l’aimaient sans inquiétude, insoucieux de responsabilités, dévots au souvenir des absentes. Ils étaient sobres et ne se saoulaient presque jamais entre le lundi matin et le samedi soir. Le dimanche, ils mettaient des vêtements propres, avec des faux cols et beaucoup d’entre eux qui allaient s’égarer dans les cafés du voisinage sortaient avec l’intention d’entendre la messe dans l’église la plus proche.
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A la fenêtre de Noa une paire de bas séchait sur une ficelle. Par instants, le vent imprimait à ces bas des mouvements onduleux, les tordait en mouvantes sinusoïdes ou les déployait en horizontales claquantes. Johannieu en suivait les ondulations avec un mouvement balancé de la tête. Lorsqu'une saute de vent, après une accalmie, secouait brusquement les bas, il avait un tressaillement de tout le corps.
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En sa présence, il se sentait engourdi d’une extraordinaire timidité, il était dans une admiration tendre, infiniment respectueuse, de sa beauté, de sa voix, de ses moindres mouvements, comme un prêtre attentif à un miracle perpétuel. Dans sa vie de hasards peu avouables, en marge des légalités, elle était le seul bien qu’il eût sans conteste et qu’il pût défendre devant les hommes en se plaçant sur leur terrain – au moins en esprit.
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Ces sortes de tragédies étaient rares, et bien qu’un homme de la rue ne manquât jamais à se réjouir d’un malheur survenu dans le coin des gueux, les relations, dans le courant, n’étaient pas si tendues qu’on évitât de se parler. Au contraire. On reconnaissait à ces étrangers un rôle nécessaire dans le plaisir. Les après-midis du dimanche, quand le vin et la bière coulaient sur la fatigue de la semaine, il n’y avait personne comme les Italiens pour réjouir une saoulerie. Ils riaient de la gorge et de l’accordéon, disaient des voyelles de soleil qui paraient la chair des femmes.
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Il faut accepter ce qui a été. C’est la meilleure paix.
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C’est drôle comme le bonheur peut rendre nerveux.
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Jamais il n’évoquait en compagnie de Finocle quelque joyeux souvenir de leur vie d’autrefois. Méhoul ne regrettait pas seulement sa tranquillité compromise par l’hospitalité qui lui avait été imposée, mais encore cette autorité de chef de famille dont il ne disposait plus, depuis l’évènement, avec la même désinvolture. La Méhoule état très loin de s’en plaindre et lorsque son mari, dans l’intimité de leur chambre, parlait avec amertume de l’intrusion de Finocle, elle répondait non sans ironie : « Ils ne me gênent pas, moi, au contraire. Et puis, de quoi te plains-tu, c’est toi-même qui as voulu qu’ils s’installent chez nous. Je t’ai laissé faire comme tu as décidé. »
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