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Critique de CzarnyPies


""Une si longue lettre" offre un portrait remarquable de la condition féminine au du Sénégal au lendemain de la fin officielle du régime coloniale. Bâ décrit le contexte:
"À l'échelle de l'ancienne Afrique occidentale française, démantelée aujourd'hui en Républiques autonomes, il y a un brassage fructueux d'intelligences, de caractères, de moeurs et de coutumes différents. Rien n'y distinguait si ce n'étaient des traits spécifiquement raciaux, la Fon de Dahomey et la Malinké de Guinée. ... Nous étions de véritables soeurs destinées à la même mission émancipatrice. ... Nous sortir de l'enlisement des traditions, superstitions et moeurs; nous faire apprécier de multiples civilisations sans reniement de la nôtre ; élever notre vision de monde, renforcer nos qualités, faire fructifier en nous les valeur de la morale universelle, voilà la tache qui nous était assignée." (pp. 37-38)
Bâ accepte les idéaux des colonisateurs et dénonce leur racisme. Cependant, pour elle, l'essentiel est que les colonisateurs sont partis et que le bal est dans le cour des Africains. C'est à eux, de construire la nouvelle société et le plus grand problème aux yeux de Bâ est la polygamie. Son roman raconte le parcours de deux femmes scolarisées qui subissent les torts du mariage à épouses multiples.
Ramatoulaye Fall, la narratrice, a douze enfants. Son mari décider épouser une écolière qui est trente ans plus jeune que lui qui est en plus l'amie d'une de ses filles. Malgré son humiliation, Ramatoulaye ne quitte pas le foyer conjugale. Aïssatou, la plus grande amie de Ramatoulaye a un mari qui décide d'épouser la veuve d'un cousin pour conformer à la tradition sénégalaise. Aïssatou n'accepte pas la situation. Elle divorce son mari et part pour les É-U où elle gagne bien sa vie comme traductrice.
"Une si longue lettre" réussit très bien comme analyse socioculturelle d'une époque très spécifique de l'histoire sénégalaise. Sur le plan littéraire sa réussite est très inégale. le roman commence en lion avec l'histoire du conflit qui oppose la famille de Ramatoulaye à celle de sa coépouse sur l'argent donné par les amis de la famille pour défrayer les couts de l'enterrement du mari des deux femmes. Malheureusement, c'est de loin le meilleur moment du roman. Au fur et à mesure que le narratif avance, les incidents sont de moins en mois bien présenté. Il y a un passage très mal écrit vers la où l'auteure décrit la réaction de Ramatoulaye quand elle apprend que trois de ses filles ont commencé à fumer. C'est d'ailleurs la seule place ou les trois jeunes demoiselles paraissent dans le roman. Leur unique fonction est donc de se donner au tabagisme. le lecteur ne sait pas pourquoi qu'il faut trois filles fumeuses plutôt qu'une pour aborder le sujet.
Comme défaut il faut signaler aussi que les personnages sont trop nombreux. À part Ramatoulaye qui est complexe et nuancé, les autres sont peu développés et ne suscitent pas beaucoup d'intérêt.
Comme roman "Une si longue lettre" est très moyen . Comme manifeste pour un renouveau social l il est très éloquent et très authentique. Je le recommande à tous ceux qui s'intéressent au phénomène postcolonial.
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