On veut être aimé, faute de quoi on veut être admiré, faute de quoi on veut être craint, faute de quoi être haï et méprisé...L'âme frémit face au vide et aspire au contact à n'importe quel prix.
Mamie disait toujours que Britt-Marie a besoin d’être déchaînée après deux verres de vin pour simplement rêver de résoudre des mots croisés au stylo.
Les voitures neuves sentent le cuir souple, tout le contraire du vieux cuir craquelé des canapés de mamie. Elsa aime les deux odeurs, même si en réalité elle trouve qu’on devrait le laisser sur les animaux au lieu d’en mettre sur les sièges de voiture. C’est compliqué. Et un peu hypocrite. Mais elle y travaille.
Maman démarre Kia en marche arrière. Elle conduit dans cette sorte d’éternités silencieuses que seules les mères et les filles peuvent tisser entre elles.
Assises sur le coffre, elles mangent des pères Noël en guimauves. Parce qu'on peut être triste alors qu'on mangent des pères Noël en guimauves. Mais c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus difficile.
"N'emmerde jamais quelqu'un qui a plus de temps libres que toi", disait mamie.
-- C'est compliqué d'être adulte, parfois Elsa, dit-elle d'un ton évasif.
-- Ce n'est pas vachement simple non plus d'être un enfant, répond Elsa, opiniâtre.
Elsa se souvient que mamie disait toujours que "les meilleurs contes ne sont jamais complètement vrais et jamais complètement faux". C'est ce qu'elle appelait "défier la réalité".
Il a simplement disparu. "Comme un pet par une fenêtre ouverte", disait mamie quand elle ne retrouvait pas ses affaires.
« La vieille bique a des cors à l’âme », rabâche mamie, parce que Britt-Marie donne toujours l’impression qu’elle vient de mordre dans le chocolat le moins bon de la boîte.