Cette sensation est à la fois enivrante et douloureuse. C'es la chute. La marche vers l'autre, inévitable. La peur de ce que l'on va trouver au carrefour, mais le besoin impérieux de s'y rendre.
Nous sommes toujours plus focalisés sur ce qui aurait pu arriver que sur ce qui s'est réellement passé. Lorsqu'une porte se ferme et ne semble plus pouvoir se rouvrir, nos pensées s'égarent dans le royaume des possibles. De ce qui aurait pu être et qui ne sera plus.
- C'est sûr que je me suis rendue compte que les gens dissimulaient bien plus que je ne le pensais, dis-je avec prudence.
- C'est normal, ils essaient de composer avec leurs désillusions. On nous vend tout au long de notre existence l'idée de la vie à deux, de la prospérité, de la beauté et du travail comme des recettes du bonheur. C'est fou de constater à quel point on se sent rassuré derrière des barreaux.
- Sûrement parce que c'est plus facile de vivre comme ça, en sachant qu'il y a un chemin tout tracé pour nous. Il n'y a plus qu'à s'y engouffrer.
- Ouais. Monter dans des wagons identiques, suivre les rails sans jamais en sortir. Les arrêts sont des étapes obligatoires, et puis, à la fin, c'est le même sort pour tout le monde.
Je me relève toujours. Aussi durs que soient les coups, aussi amères que soient les déceptions... J'ai une boussole, là, contre mon cœur, qui m'inonde chaque jour de sérénité. Rien ne reste jamais noir trop longtemps.
Je grandis.
Et je souris.
Avec toute ma lumière.
L'indécision est la pire des décisions.
31 décembre. Nous y sommes. La fin de l'année. On espère résolutions et, surtout, renaissance. Comme si un changement de chiffres pouvait nous laver de tout, remettre les compteurs à zéro.
Dans une relation, chacun est entre les mains de l'autre. On peut prendre soin de son hôte, le saisir avec délicatesse, lui prodiguer de l'affection. Parfois, on ne réalise pas à quel point ce que l'on tient est précieux et fragile... On le malmène, on l'écrase. C'est seulement lorsque sa possession est partie, laissant les doigts ensanglantés, que l'on prend conscience de sa propre cruauté. De ce que l'on a perdu.
Les déchirements m'ont trop amochée. J'ai été si insouciante pourtant, si naïve. J'ai cru tant de paroles empoisonnées, creuses, parce que je voulais qu'elles soient la vérité. Et maintenant, voilà ce que je suis devenue. Une sauvage. La femme émerveillée, si simple et liante, a érigé une cuirasse.
Depuis le temps, il doit y avoir de nouveaux numéros dans son répertoire, de nouvelles filles charmantes à conquérir. Je ne suis plus qu'un nom dans sa liste et, si je ne peux pas être le seul, je préfère n'être rien.
C'est fou, cette capacité à afficher un grand sourire sur un écran tandis que l'on retient un soupir exaspéré...